La miséricorde : une béatitude
Heureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde » (Mt 5,7). Parmi les huit déclarations de bonheur (du latin beatus, heureux) qui ouvrent le premier discours de Jésus dans le premier évangile, le sermon sur la montagne de celui que Matthieu présente comme le nouveau Moïse, celle de la miséricorde colore l’Année sainte ouverte le 8 décembre 2015 et le Carême à venir d’une teinte d’espérance.
Mal comprises en effet, les démarches proposées pour l’Année de la Miséricorde pourraient être considérées comme des « corvées » à accomplir. Or prier, jeûner, faire l’aumône, vivre le partage, s’engager pour la justice, faire un pèlerinage, recevoir le sacrement du pardon... ne sont pas des « efforts à réaliser » pour mériter le pardon de Dieu. Au contraire, il s’agit de gestes concrets de libération intérieure et communautaire par lesquels chaque fidèle s’abandonne pleinement à la tendresse du Seigneur. Ces actes posés visent à ouvrir les portes saintes de nos cœurs, comme celles des basiliques romaines et des cathédrales diocésaines, afin de laisser les flots de la bonté divine s’engouffrer au tréfonds de notre être.
Des entrailles feminines
Rien de forcé dans une telle ouverture : la miséricorde du
Seigneur s’exprime en hébreu par un terme féminin rahamin, qui désigne les entrailles matricielles où s’engendre la vie dans le corps de la femme. Quand il voit notre misère et celle de nos contemporains migrants, persécutés, expulsés, victimes d’attentats, malades ou désespérés, les « tripes » de Dieu frémissent et s’enfante en son sein le cadeau de la réconciliation. Comme en Marie, s’est tissée l’humanité du Fils de Dieu donné aux hommes de toute époque. Comme dans l’Église s’engendrent par le baptême des enfants du Père et des frères du Christ par la puissance de l’Esprit.
La miséricorde à laquelle le Carême nous invite à nous convertir et que le pape François nous presse de revêtir est donc bien de l’ordre du bonheur et de la joie. « Heureux celles et ceux qui osent demander pardon et savent pardonner ; heureux ceux qui puisent à la source de la réconciliation de la Trinité sainte pour la diffuser autour d’eux : des fleuves d’eau vive coulent de leur côté ouvert » (cf. Jn 7, 37).
Il leur sera pardonné toutes leurs fautes, car ils auront eux-mêmes pardonné à leurs frères et sœurs. Au fond, le Carême et l’année sainte nous sont offerts pour que nous puissions redire en vérité : « Père, pardonne-nous nos offenses pour que nous puissions pardonner à ceux qui nous ont offensés » (Mt 6, 2). Vive la béatitude de la miséricorde !
QUIZ
1. Combien y a-t-il de béatitudes dans le sermon sur la montagne de Matthieu (5,1-12) ?
a. 7
b. 6
c. 8
2. Comment se dit « miséricorde » en hébreu ?
a. Rahamin, les entrailles de la femme
b. Hesed, la fidélité à l’Alliance
c.Tsedaqah, la justice sociale
3. Dans quelle prière se trouve la demande « Pardonne-nous nos offenses » ?
a. Dans le Confiteor
b. Dans le Notre Père
c. Dans le Je vous salue Marie
Réponses : 1.c - 2.a - 3.b