Porter le deuil

16 Octobre 2007

En cas de décès, chez les juifs, la douleur intérieure se traduit par un habit extérieur de pénitence, le sac, porté avec une ceinture, souvent à même le corps (1 R 21, 27) ou sur un autre vêtement. Apprenant que Joseph avait été dévoré par une bête féroce, « Jacob déchira ses habits, mit un sac à ses reins et prit le deuil de son fils pendant de longs jours » (Gn 37, 34). Les veuves portent un vêtement particulier (Jdt 8, 5), sans doute de couleur sombre. Quand le prophète promet la consolation à la cité sainte, il l’invite à se faire toute belle : « Jérusalem, quitte ta robe de souffrance et d’infortune et revêts pour toujours la belle parure de la gloire de Dieu » (Ba 5, 1).
Durant l’histoire du christianisme, la manière de vivre l’état suivant un décès a beaucoup évolué. Dans les sociétés traditionnelles et campagnardes, “être en deuil”, “faire son deuil” et “porter le deuil” se confondent. Des pratiques établies fixent la durée du “petit” et du “grand” deuil (pour une veuve un an et six semaines à la fin du XIXe s.) et les événements à bannir (réunions joyeuses, bals, spectacles…). Des changements de costumes, variables selon les régions et les époques, sont imposés : le noir est de rigueur (dont les crêpes et les tissus mats pour une veuve dans les premiers temps), avec possibilité de fantaisies gris perle, violet ou lilas par la suite…
A cause de l’urbanisation et de l’individualisme contemporain s’est instaurée une mise à l’écart de la mort, avec la disparition de nombreux rites (suppression du domicile et des veillées, célébrations au salon funéraire…) et l’abolition, la plupart du temps, de tout signe visible particulier chez les proches.
Qu’en penser ? Bien sûr, l’imposition extérieure de gestes obligés (habits funèbres, mise à l’écart de toute vie sociale pendant un certain laps de temps…) pouvait s’avérer extrêmement pesante. Mais d’une part, cette “exclusion” était acceptée par l’ensemble de la population et présentée comme une période de transition nécessaire. D’autre part, la disparition complète des manifestations concrètes du deuil est faite pour rendre la mort encore plus sauvage et hostile.
Nous sommes ainsi constitués que nous avons besoin de signes pour exprimer ce que nous avons sur le cœur. Une sobriété dans l’habillement, telle celle des employés des pompes funèbres, et une discrétion dans l’attitude peuvent servir à ce que le chemin de deuil se déroule plus aisément. A chacun de trouver le code qui lui convient.

QUIZ

1. A qui Elie a-t-il transmis son manteau ?
a.  A Elisée
b.  A Samuel
c.  A Nathan

2. Quel était le vêtement de deuil selon l’Ancien Testament ?
a. Un voile
b. Un sac
c. Une tunique

3. Comment s’appelle le fait de poser des gestes pour exprimer son ressenti ?
a.  La culpabilisation
b.  La décléricalisation
c.  La ritualisation

Réponses : 1. a – 2. b – 3. c

Updated on 06 Octobre 2016