Ringarde l’Église ?

19 Mai 2011 | par

Plus en phase avec son temps, moralisatrice, autoritaire, culpabilisante, triste, arriérée, conservatrice, que de choses entend-on au sujet de l’Église ! Fondée sur le roc qu’est le Christ, l’Église tient bon depuis 2 000 ans. Petit tour d’horizon des idées reçues et de ce qui se vit sur le terrain au sein de l’Église.





Dans le documentaire de France 2 Dans les yeux d’Olivier, le journaliste Olivier Delacroix a décidé de sonder les « mystères de la foi ». À l’origine de cette enquête, le choix du pardon fait par les parents de Martin Mervoyer, assassiné en Corse il y a deux ans. Le journaliste se dit interpellé par ce pardon donné au nom du Christ. Suit une série de rencontres : un futur prêtre du diocèse de Paris, des moniales bénédictines du Pesquié en Ariège, un couple membre d’une communauté laïque dans l’Essonne, des fidèles d’une église évangélique à Paris, enfin, Monseigneur Rey et des séminaristes du diocèse de Toulon. On retiendra entre autres la séquence auprès des jeunes bénédictines à la foi rayonnante, témoignant des raisons d’un choix aussi radical. Ici, point de tristesse ; au contraire, des religieuses décomplexées, qui connaissent le monde parce qu’elles y ont vécu, et heureuses de leur vie.

Monseigneur Rey, quant à lui, affiche son souci d’évangéliser au sein de son diocèse et au-delà. Accompagné de dominicains, il arpente les rues de Toulon un samedi soir dans des lieux « pas très catholiques ». Il entend y témoigner d’une présence d’Église et explique que, même si on peut parler d’ « évangélisation », il s’agit d’écouter, de répondre aux questions qui pourraient être posées. La foi transparaît dans ces hommes qui, en agissant ainsi, veulent laisser toute la place et l’initiative au Christ. Une Église dynamique et ouverte à ses contemporains, qui toutefois ne se renie pas elle-même.



Le Parvis des Gentils

Ouverte au dialogue, l’Église veut l’être. Les 24 et 25 mars dernier, croyants et non-croyants étaient invités à dialoguer à Paris à l’occasion du Parvis des Gentils, inauguré par le Conseil pontifical pour la culture. Sur le thème « Lumières, religions, raison commune », les échanges entre intellectuels, artistes, politiques, acteurs du monde économique et social se sont succédés dans différents lieux dont l’Unesco et le Collège des Bernardins. Le Parvis des Gentils, à l’origine, était un « espace ouvert sur la vaste esplanade du Temple de Jérusalem, pour permettre à tous ceux qui ne partageaient pas la foi d’Israël de s’approcher du Temple et de s’interroger sur la religion », a dit Benoît XVI. « Et si, poursuit-il, le Parvis était en même temps un lieu d’exclusion, parce que les “gentils” n’avaient pas le droit de pénétrer dans l’espace sacré, le Christ Jésus est venu détruire la barrière qui séparait juifs et gentils. » Ce Parvis s’est voulu un espace de dialogue avec ceux « pour qui la religion est une chose étrangère, pour qui Dieu est inconnu, et qui, cependant, ne voudraient pas rester simplement sans Dieu, mais l’approcher au moins comme inconnu », a rappelé le pape.

La philosophe Chantal Delsol, interrogée par Famille Chrétienne, a déclaré : « Dans la situation où nous sommes, je ne crois plus qu’au témoignage de notre existence. Quand les gentils se seront rendus compte […] que nous diffusons des vertus personnelles et civiles, ils commenceront à nous imiter. Le reste est vain. Il n’y a plus que nos actes qui comptent. » En effet, il s’agit pour les croyants non pas d’imposer leurs convictions, mais d’ « être » chrétiens.

Pour le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, « le Parvis des Gentils a été une rencontre de haut niveau qui a permis une confrontation avec des figures de grande importance, loin de l’athéisme pratique de la banalisation et de l’ironie. » L’expérience sera reconduite à Stockholm, Prague, Barcelone, Québec, Bucarest, Chicago…



Conservatisme ou cohérence ?

« C’est un fait : les gens bornés ne se remettent jamais en question, tandis que les gens sensés n’hésitent pas à émettre de nouvelles hypothèses pour rendre compte des faits nouveaux qu’ils découvrent. Alors pourquoi l’Église ne remet-elle jamais en question les vérités auxquelles elle demande à ses fidèles de croire ? Pourquoi un tel conservatisme ? », interroge le père Descouvemont, auteur du Guide des difficultés de la foi catholique.

Régulièrement, le pape, les évêques, prêtres et les laïcs sont contestés par une partie de l’opinion publique parce qu’ils rappellent les positions de l’Église, notamment sur les questions morales et dogmatiques. « Effectivement, reprend le père Descouvemont, l’Église catholique continue de croire imperturbablement à un certain nombre de vérités qu’elle a toujours considérées comme fondamentales et qu’elle appelle des “dogmes” : Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, né de la Vierge Marie, sauveur de tous les hommes, vraiment ressuscité… […] Comment pourrions-nous être sûrs d’avoir un vrai contact avec son corps et son sang dans chaque Eucharistie

si l’Église ne nous disait depuis toujours qu’il fallait prendre à la lettre les paroles qu’il prononça un soir sur le pain et le vin : “Ceci est mon corps… Ceci est la coupe de mon sang...” ? Parce que l’Église a toujours considéré comme essentiel à sa foi ce réalisme de l’Eucharistie. »

Quant à ceux qui soutiennent que l’Église offre une « morale rigoriste et culpabilisante », il ne faudrait pas oublier que Jean-Paul II n’a pas hésité, au début de son pontificat, à lancer des catéchèses sur le thème de la sexualité. Ses enseignements sont aujourd’hui repris lors des Journées mondiales de la jeunesse ou lors de sessions et retraites. Proposés toute l’année et destinés à toutes les tranches d’âge, ces temps de ressourcement n’ont jamais été aussi nombreux. Les bonnes volontés ne manquent pas en dépit du chemin qu’il reste à faire. 





L’Église des premiers temps



S’enhardissant alors, Paul et Barnabé déclarèrent : « C’était à vous d’abord qu’il fallait annoncer la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les païens. Car ainsi nous l’a ordonné le Seigneur : « Je t’ai établi lumière des nations, pour faire de toi le salut jusqu’aux extrémités de la terre. » Tout joyeux à ces mots, les païens se mirent à glorifier la parole du Seigneur, et tous ceux-là embrassèrent la foi, qui étaient destinés à la vie éternelle.



Actes des Apôtres (13, 46-48)



Updated on 06 Octobre 2016