Bienheureux Jean-Paul II

18 Avril 2011 | par

Deux avril 2005, en la vigile de la fête de la Divine Miséricorde, Jean-Paul II rejoint la maison du Père. Deux mois plus tard s’ouvre son procès en béatification. Benoît XVI a certes voulu que le délai nécessaire (5 ans après le décès) à l’introduction de la cause de canonisation de son prédécesseur soit écourté, mais il a néanmoins exigé que l’enquête soit menée très rigoureusement. Outre les innombrables témoignages recueillis, Benoît XVI a approuvé en janvier 2011 un miracle survenu par l’intercession du pape défunt : la guérison inexpliquée d’une religieuse française, atteinte comme lui de la maladie de Parkinson, sœur Marie Simon Pierre Normand. Petite Sœur des Maternités catholiques à Aix-en-Provence, sœur Marie Simon Pierre souffrait de la maladie depuis plusieurs années. En 2005, son état s’aggrave, au point qu’elle a beaucoup de difficultés pour marcher, dormir et pour exercer ses fonctions au sein de la maternité. Elle se met à prier avec confiance Jean-Paul II, soutenue par sa communauté. Des signes de guérison apparaissent rapidement. Elle est aujourd’hui en parfaite santé. « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu », aime à redire sœur Marie Simon Pierre.



N’ayez pas peur !

« Frères et sœurs, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! […] N’ayez pas peur ! Ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. » C’est avec ces paroles que Jean-Paul II interpelle les fidèles présents à la messe d’inauguration de son pontificat le 22 octobre 1978. Karol Wojtyla devient Jean-Paul II, 264e successeur de saint Pierre et premier pape non italien depuis quatre siècles.

Ce pape « venu de l’Est » est l’héritier du catholicisme polonais. Né en 1920, le jeune Karol grandit dans une famille très croyante. « Je suis devenu relativement tôt orphelin de mère et enfant unique. Mon père a été admirable. […] Le simple fait de le voir s’agenouiller a eu une influence décisive sur mes jeunes années », raconte-t-il. Admis en philologie à l’université de Cracovie, Karol Wojtyla doit interrompre ses études du fait de la guerre. Brillant, il écrit des poèmes et des pièces de théâtre. Sa carrière comme écrivain ou comédien semble toute tracée. Mais Dieu a d’autres plans…

Pour éviter les camps, il se fait embaucher dans une carrière de pierre, puis dans une usine chimique.

« Ma vocation sacerdotale mûrit définitivement pendant la Seconde Guerre mondiale, durant l’occupation nazie », écrit-il dans Ma vocation, don et mystère. Il est ordonné prêtre le 1er novembre 1946, puis évêque en 1958. Bien qu’attaché aux traditions, il a une vision dynamique de la pastorale : aumônier d’étudiants, il organise des randonnées en kayak ou à skis tout en visitant les paroisses du diocèse de Cracovie. Plus tard, de 1962 à 1965, il participe activement aux travaux du concile Vatican II.

Pour Jean-Paul II, « le concile a tracé pour les évêques du monde entier, et donc pour l’Église, la route qu’il fallait absolument emprunter à la fin du deuxième millénaire. » La mise en œuvre de Vatican II sera d’ailleurs l’une des préoccupations de son pontificat, soucieux qu’il était d’aller de l’avant sans tout bouleverser. « Quand […] j’ai lancé : “N’ayez pas peur !”, je ne pouvais évidemment pas savoir jusqu’où ces paroles nous entraîneraient, moi et l’Église. […] Pourquoi ne devons-nous pas avoir peur ? Parce que l’homme a été racheté par Dieu ! » Le nouveau pape entend affirmer la vérité sur la Rédemption et mettre en marche ce qu’il appellera la nouvelle évangélisation.



Ami des jeunes

C’est ainsi que Jean-Paul II se définissait. Et des jeunes, il en a rencontré ! À partir de 1985, il lance les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Buenos Aires. Puis c’est au tour de Compostelle, Czestochowa, Denver, Manille, Paris, Rome en l’an 2000, Toronto. « Le berger siffle, l’Église de demain accourt », résume le père Daniel-Ange, fondateur de l’école d’évangélisation Jeunesse-Lumière. Et de poursuivre : « Les jeunes, il les arme comme lutteurs pour la vie. Il les envoie en première ligne, mais bel et bien armés. Il ne leur cache ni le prix de la lutte, ni la certitude de la victoire. « La lutte sera longue…. Elle requiert chacun de vous. N’ayez pas peur ! » Leurs armes ? « Dans vos mains, la Croix du Christ. Sur vos lèvres, les paroles de la Vie. Dans vos cœurs, la grâce salvatrice du Seigneur ! » (Denver). Des paroles de feu qui n’ont laissé personne indifférent.



Le pape au quotidien

Le Saint-Père aimait bien chanter et avait une voix puissante. Cela lui rendait des forces.

Les petits-déjeuners étaient toujours copieux, traditionnels, à la polonaise. Ce sont les Sœurs du Sacré-Cœur qui les préparaient. Elles connaissaient bien les plats préférés de Jean-Paul II. Du fromage, de la charcuterie ou des œufs brouillés. Le Saint-Père avait aussi l’habitude de boire du café au lait.

Il n’aimait pas les chaussures neuves, il portait donc ses vieilles chaussures aussi longtemps qu’il le pouvait.

Chaque année, les sœurs organisaient la fête de Saint-Nicolas. Elles savaient combien le Saint-Père appréciait cela. […] Il riait sincèrement lorsque saint Nicolas lui donnait des cadeaux. Et nous riions avec lui.

Il se gardait plutôt d’exprimer ses sympathies, mais ce n’était un mystère pour personne que le Wisła Kraków, la Vistule de Cracovie, était son équipe de football préférée.



Extraits de Mgr Mieczyslaw Mokrzycki & Brygida Grysiak, Le mardi était son jour préféré. Dans l’intimité de Jean-Paul II, Éditions des Béatitudes, 2010

Updated on 06 Octobre 2016