Cathédrales 1789-1914

22 Mai 2014 | par

 

Difficile d’imaginer aujourd’hui un désintérêt complet pour les cathédrales. Et pourtant, la Renaissance et le souffle nouveau qui la caractérise ont bel et bien balayé l’esprit gothique. Mais au XIXe siècle, le gothique redevient une source d’inspiration. Sa redécouverte se déploie simultanément dans plusieurs pays européens. Les textes de John Constable en Angleterre, Goethe en Allemagne et Victor Hugo en France participent activement à cette réhabilitation.

 

Une symbolique forte

Les cathédrales incarnent la foi chrétienne mais aussi l’alliance entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. À cause de cette double portée symbolique, ces édifices furent parmi les plus touchés par le vandalisme révolutionnaire. La plus importante des cathédrales françaises est, à cet égard, celle de Reims, lieu de couronnement des Rois de France. En 1914, cela lui valu d’être bombardée avec acharnement. Ces destructions eurent aussi pour effet une prise de conscience de leur valeur patrimoniale. Dès 1795, Alexandre Lenoir ouvre le Musée des Monuments français où il a collecté les statues et tombeaux sauvés de la furie révolutionnaire. Au début des années 1830, Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques, lance une campagne de restauration de l’architecture médiévale avec pour architecte, Viollet-le-Duc. Une salle est consacrée au Stryge. Ironie du sort, cette gargouille réalisée d’après les dessins de Viollet-le-Duc, lui-même inspiré par Victor Hugo, est devenue l’une des sculptures les plus représentatives de Notre-Dame-de-Paris ! Son allure évoquant la pose d’un penseur mélancolique a inspiré de nombreuses œuvres dont la célèbre photographie de Charles Nègre et la gravure de Charles Meryon.

 

Un motif pour les paysagistes

Dès 1830, la cathédrale entre dans les paysages. La découpe de sa flèche devient un élément de référence. Corot lui accorde une place importante mais l’un des exemples les plus emblématiques est la série consacrée par Claude Monet à la cathédrale de Rouen à différentes heures de la journée. Quatre de ces toiles sont exposées auprès de la série réalisée par Sisley sur l’église Notre-Dame de Moret-sur-Loing. Ce dernier, impressionné par la série de Monet, a voulu, lui aussi, travailler sur les effets de la lumière sur un même édifice. On peut également admirer les variations de Pissarro sur l’église de Dieppe ainsi que des œuvres d’artistes plus modernes, de Maximilien Luce à Henri Matisse.

Si la peinture a la part belle, la sculpture a aussi toute sa place. La fameuse Cathédrale de Rodin réunit deux mains droites en prière évoquant l’artiste-créateur ou l’ouvrier-bâtisseur. De fait, elles forment une voûte gothique. Le maître, passionné, a passé sa vie à les visiter. Son ouvrage, Cathédrales de France, a été publié à titre posthume en 1914.

Et enfin, deux œuvres contemporaines de Wilm Delvoye et Morellet, en ouverture et en clôture de l’exposition, montrent que les artistes d’aujourd’hui peuvent encore s’approprier la cathédrale comme objet artistique. 



AUTRES EXPOSITIONS

Histoire de cœur et d’épée en Europe


L’exposition s’intéresse à la représentation de l’Histoire depuis le Moyen Âge jusqu’au XVIIe siècle par les artistes du XIXe siècle. Sous le pinceau de Dominique Ingres, Paul Delaroche et leurs contemporains européens, prennent vie les amours et les destins tragiques des rois et des héros, de Du Guesclin à Bayard, de saint Louis à Henri IV, de Jeanne d’Arc à Marie Stuart.

Musée des Beaux-Arts,

jusqu’au 21 juillet

20 place des Terreaux

69001 Lyon

Tél. : +33 (0)4 72 10 17 40

 

« Gothique mon amour »

Plus de 120 œuvres de l’époque romantique évoquent autant la prise de conscience patrimoniale après une Révolution destructrice que les histoires d’amours impossibles, l’aura mystérieuse des tombeaux et des cryptes, les cloîtres et leurs moines solitaires, les fascinants intérieurs d’églises dont celle de Brou, les châteaux fantastiques tels qu’on les rêvait alors...

Monastère royal de Brou

jusqu’au 21 septembre

63 Bd de Brou

01000 Bourg-en-Bresse

Tél. : +33 (0)4 74 22 83 83


 

Updated on 06 Octobre 2016