Petits miracles mexicains
Le titre de l’exposition, « Petits miracles à Mexico », pourrait être celui d’un roman de Gabriel García Márquez ou un autre des grands auteurs sud-américains, d’autant qu’à travers ces œuvres populaires se dégage une sorte de chronique de la vie quotidienne au Mexique. Avant d’aborder cet angle si touchant, le visiteur est invité à découvrir le contexte historique et ethnographique d’un art jugé souvent mineur car naïf. Ces peintures votives qui peuvent paraître maladroites sont aujourd’hui entrées dans les musées et considérées ainsi à leur juste valeur.
Depuis le XVesiècle
L’ex-voto est un objet que l’on offre à un saint ou, dans l’Antiquité, à une divinité, pour remercier d’un « miracle » accompli, mais l’utilisation d’un tableau comme ex-voto n’apparaît en Italie qu’au XVesiècle. La Provence adopte dès le XVIesiècle cette pratique qui va connaître son apogée au XIXesiècle. La seule église Notre-Dame du Château à Allauch en conserve plus de deux cents. Dans le Nouveau Monde, l’ex-voto peint fut un véritable phénomène de société aux XIXe et XXesiècles.
L’ex-voto peint se décompose invariablement en deux espaces. Le premier, situé dans un coin en haut du tableau, représente le personnage céleste – la Vierge ou un saint – qui intervient. Il est généralement entouré de nuages pour l’identifier immédiatement. Le second représente la scène du « miracle » avec la personne protégée, son entourage et son environnement. Très explicite, l’ex-voto peint est facilement compris, notamment par les illettrés. Toutefois les ex-voto mexicains portent presque systématiquement des remerciements accompagnés très souvent de véritables textes explicatifs du « miracle » survenu. « Remerciements à la Vierge de Guadalupe pour être sorti sain et sauf en ayant voulu dépasser le train » accompagne ainsi l’image d’un accident : une voiture rouge en flammes encastrée dans le train et un homme qui lève les bras au ciel tandis que sa femme s’adresse à la Vierge. Parfois, le sujet révèle de plus dures réalités, comme cette femme qui remercie le « saint Enfant d’Atocha pour être sortie de la prostitution ».
Un phénomène toujours d’actualité
Le Mexique est l’un des rares pays où se perpétue encore la tradition des ex-voto, même si celle-ci s’est considérablement réduite. Il n’existe quasiment plus de retablero, l’artiste qui peint l’œuvre pour le croyant, un travailleur sur commande de la foi qui traduit en image toutes ces petites histoires en fin heureuse. Alfredo Vilchis est un de ces chroniqueurs de prodiges reconnus dans le monde de l’art. Né dans un quartier populaire de Mexico, fils d’un paysan monté à la capitale par excès de pauvreté, il est totalement autodidacte. « C’est un travail très beau mais très douloureux, affirme-t-il. Il faut le faire avec respect, ce n’est pas seulement pour l’argent, nous sommes les messagers des sentiments des gens. »
Des intellectuels et des artistes comme André Breton se sont intéressés à cette forme d’art populaire dès 1939. Puis, à la suite de Frida Kalho, plusieurs autres artistes mexicains, Betsabée Romero, Francisco Larios, mais aussi français, Hervé di Rosa, Vincent Bioulès, Olivier Bernex ou Jean-Jacques Surian, en ont produit ou s’en sont inspirés. Leurs œuvres trouvent donc tout naturellement leur place dans l’exposition.
INFOS
Musée d’Allauch
jusqu’au 30 octobre
Place du Docteur Chevillon - 13190 Allauch
Tél. : +33 (0)4 91 10 49 00
Site internet : http://musee.allauch.com
Entrée gratuite les 17 et 18 septembre
pour les journées du patrimoine
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Palais des États
Tél. : +33 (0)3 80 74 52 09
Musée d’Art sacré
17, rue Sainte Anne
Tél. : +33 (0)3 80 48 80 90
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objets d’orfèvrerie et ivoires.
Musée de Cluny
6, place Paul Painlevé
75005 Paris
Tél. : +33 (0)1 53 73 78 00
jusqu’au 26 septembre