Frères de Jésus

20 Septembre 2010 | par

Le 27 janvier dernier, Benoît XVI présentait à ses auditeurs un authentique “géant” de sainteté : saint François d’Assise, « qui continue à fasciner de très nombreuses personnes de tous âges et de toutes religions ». À sa suite, le Pape nous engage à cultiver la pauvreté intérieure et à « trouver un style de vie sobre et détaché des biens matériels ». Benoît XVI précise aussi que le travail de renouvellement de l’Église que le Christ lui avait confié « Va, François, et répare mon église en ruine » ne se fit qu’en pleine communion avec Innocent III. « Le Poverello d’Assise avait compris que tout charisme donné par l’Esprit Saint doit être placé au service du Corps du Christ, qui est l’Église ; c’est pourquoi, il agit toujours en pleine communion avec l’autorité ecclésiastique ».

Benoît XVI évoque aussi la rencontre en 1219 entre François et un sultan, y voyant « la voie d’un dialogue efficace entre chrétiens et musulmans ». Huit siècles après, le Pape nous encourage à méditer l’action de celui qu’on nomma l’alter Christus pour nourrir le dialogue interreligieux.

Une autre facette de François que nous pouvons prendre en exemple : son amour de la nature. « Chantre de la création, il vivait en harmonie avec la nature, le message de fraternité universelle et d’amour pour la création de son célèbre Cantique est très actuel ».



Un modèle pour les prédicateurs

Quelques temps plus tard, le 10 février, c’est notre grand saint Antoine de Padoue qui fut pris comme modèle ! Saluant son intelligence et son zèle apostolique, Benoît XVI reconnaît en lui « l’un des saints les plus populaires de toute l’Église catholique ». À travers ses Sermons notamment, « Antoine nous rappelle que la prière a besoin d’une atmosphère de silence, qui ne coïncide pas avec le détachement du bruit extérieur, mais qui est une expérience intérieure, qui vise à éliminer les distractions provoquées par les préoccupations de l’âme, en créant le silence dans l’âme elle-même ».

Le Pape a souhaité que prêtres et diacres se mettent à la suite d’Antoine de Padoue et « exercent avec sollicitude ce ministère d’annonce et d’actualisation de la Parole de Dieu aux fidèles, en particulier à travers les homélies liturgiques ». Proposant à l’ensemble des fidèles de suivre ce modèle pour progresser dans la vie spirituelle, Benoît XVI rappelle la grande charité du Santo : « Pour cette raison, Antoine invite à plusieurs reprises les fidèles à penser à la véritable richesse, celle du cœur, qui rend bons et miséricordieux, fait accumuler des trésors pour le Ciel ». Saint Antoine conseillait de prendre « pour amis les pauvres » et de les accueillir « dans nos maisons ». Le Pape a rappelé qu’il s’agissait d’un « enseignement très important aujourd’hui également, alors que la crise financière et les graves déséquilibres économiques appauvrissent de nombreuses personnes et créent des conditions de pauvreté ».



Doctor subtilis

Doué d’une intelligence brillante qui lui valut le titre de “Docteur subtil”, Jean Duns Scot est à son tour présenté comme figure importante de l’Église dans la catéchèse que Benoît XVI donna le 7 juillet dernier. Ce théologien du XIIIe siècle faisait aussi partie de la Famille des Frères Mineurs et son culte se diffusa rapidement dans l’Ordre franciscain. En le béatifiant le 20 mars 1993, Jean-Paul II le définit comme « Chantre du Verbe incarné et défenseur de l’Immaculée Conception ».

Enseignant la théologie à Paris et à Cologne, Duns Scott a avant tout médité sur le Mystère de l’Incarnation. « Fidèle disciple de saint François, Duns Scot aimait contempler et prêcher le Mystère de la Passion salvifique du Christ, expression de l’amour immense de Dieu, qui communique avec une très grande générosité en dehors de lui les rayons de sa bonté et de son amour », commente Benoît XVI. Convaincu que le Christ est au centre de l’histoire, Duns Scot a développé un point à l’égard duquel la modernité est très sensible. Il s’agit du thème de la liberté et de son rapport avec la volonté et avec l’intellect. Il nous enseigne que la liberté n’est authentique et n’aide à la construction d’une civilisation vraiment humaine que lorsqu’elle est vraiment réconciliée avec la vérité. « La liberté, comme toutes les facultés dont l’homme est doté, croît et se perfectionne », affirme Duns Scot.

Et Benoît XVI de conclure : « Chers frères et sœurs, la profondeur de la pensée de Duns Scot provient de son humilité et de la contemplation des saints mystères. Puissions-nous considérer la communion avec Dieu, avec le Successeur de Pierre et avec l’Église universelle comme un bien précieux. Que la Vierge Immaculée nous y aide ! ».



Richesses franciscaines

Ces trois grandes figures franciscaines, nous montrent la voie à suivre encore aujourd’hui, malgré les siècles qui séparent leurs vies de la nôtre. Amour et respect de la Création, communion avec l’Église et le successeur de Pierre, charité envers les pauvres, annonce du Royaume, méditation des mystères divins, recherche d’une plus grande liberté… sont toujours d’actualité. Et c’est pourquoi la présence de Franciscains, en France et dans le monde entier, reste très importante.

« À la suite de ses nombreux fils spirituels, cultivons nous aussi la pauvreté intérieure pour grandir dans la confiance en Dieu, nous dit Benoît XVI. Le Poverello était joyeux en toute situation : il y a, en effet, un lien étroit entre la sainteté et la joie. Le secret du vrai bonheur est là : devenir un saint ».





Repères

Quelques repères biographiques de trois grandes figures de la Famille Franciscaine dans ses débuts :



Saint François est né à Assise entre 1181 et 1182. Fondateur de l’Ordre des Frères Mineurs, il mourut le 3 octobre 1226, il fut canonisé en 1228 par le pape Grégoire IX. Il est fêté le 4 octobre.



Saint Antoine est né à Lisbonne en 1195 et mourut près de Padoue le 13 juin 1231. Canonisé par le pape Grégoire IX le 30 mai 1232, il est fêté le 13 juin.



Jean Duns Scot, est né vers 1266 à Duns en Écosse, d’où son nom. Il mourut le 8 novembre 1308 à Cologne. Il fut béatifié le 20 mars 1993 par le pape Jean-Paul II, à Rome.



Updated on 06 Octobre 2016