Un petit village d'irréductibles

16 Novembre 2010 | par

Tels les Gaulois d’Astérix, les habitants chrétiens de Taybeh résistent à la tentation d’abandonner les Lieux saints, dans lesquels Jésus était venu se reposer avant sa montée à Jérusalem. Projecteur sur ce petit village palestinien, au lendemain du Synode des Églises du Proche et du Moyen-Orient.



L’expérience de Taybeh, connu dans la bible sous le nom d’Éphrem est unique ! Trois paroisses chrétiennes y vivent : l’une est latine, l’autre orthodoxe, la troisième gréco-catholique. Trois curés, donc !

L’autre aspect original tient dans le fait que la population de Taybeh est entièrement chrétienne. Cette situation n’est pas toujours facile à vivre, bien que l’atmosphère soit plutôt conviviale entre les trois communautés. C’est plus difficile en ce qui concerne le voisinage des autres villages en grande partie musulmans.

L’exode des chrétiens vers l’étranger constitue une véritable difficulté : la disparition programmée des chrétiens dans cette région où le Christ lui-même a vécu. Pour remédier à ce problème, le dynamique curé latin de Taybeh a lancé une action qui repose sur trois points : dialogue, production et marketing…



Unité

Consolider le dialogue entre communautés chrétiennes est primordial. Ainsi, les prêtres cherchent-ils à célébrer les fêtes religieuses en même temps. Les calendriers en principe différents sont aménagés pour que les fêtes soient communes : à Noël ce sont les orthodoxes qui anticipent leur fête, à Pâques, ce sont les catholiques qui la retardent. Ainsi, la minorité chrétienne dans cette région donne le témoignage de l’unité par delà des traditions. Le drame cependant est qu’elle ne peut se rendre sur les Lieux saints, alors qu’elle vit en Terre Sainte, comme l’ont rappelé les évêques au Synode il y a peu. Mais l’adversité n’a pas encore eu raison de leur persévérance.



Créativité

Pour rester au pays, il faut créer des moyens de production, capables de faire vivre plusieurs familles. Le plus important chantier est celui de la production d’huile à usage domestique, incluant la fabrication de cosmétiques et de produits de nettoyage à base de cette huile. L’exportation de ces produits n’est pas aisée, mais possible. L’artisanat n’est pas en reste : colombes, chapelets, crèches en bois d’olivier sont vendus dans une petite boutique et sur le site Internet “www.taybeh.info”.

Quant au fabuleux marketing : Taybeh est devenu un lieu incontournable pour les pèlerins qui arrivent dans ce petit village d’irréductibles. La visite de la maison palestinienne par les Sœurs de Sainte-Croix de Jérusalem, suivi du repas typique et de la conférence musclée du père, procurent, après la visite aux Lieux Saints, un souvenir inoubliable.

À l’approche de Noël, puissions-nous ne pas oublier trop vite nos frères chrétiens de ces pays. Le synode nous en a rappelé les défis. Alors, comment soutenir ces communautés isolées ? C’est bien à cela qu’il nous faut réfléchir.

Updated on 06 Octobre 2016