Couleurs d'automne
Le mois de novembre, comme chaque année, est empreint d’une certaine nostalgie.
Le souvenir des défunts y est associé depuis des siècles. C’est aussi une étape où l’automne marque un passage vers les frimas. Le ciel se couvre et nous révèle ce passage que nous avons à accomplir régulièrement, celui du grain tombé en terre aux labours et la longue attente d’une germination secrète. Les feuilles d’automne déposent un tapis embrasé sur le sol. Ainsi vont aussi nos existences.
Le temps de l’expérience et de la sagesse se conjugue avec celui de l’âge. Nous verrons qu’à une époque où les valeurs s’inversent, ce qui dans certaines cultures a l’avantage de l’ancienneté, ressemble plutôt à un essoufflement pour d’autres : fait-il bon, aujourd’hui, être à l’automne de sa vie ?
La disparition récente du dernier poilu de la Grande Guerre (14-18) nous rappelle aussi ce fameux 11 novembre, où les hostilités s’arrêtent (ce qui n’est pas encore la Paix).Cette Paix si fragile est comme la colombe en nos mains : nous la voudrions effective dans le Caucase comme partout dans le monde. Nous la réclamons aussi en nous-mêmes, pour qu’elle prenne son envol et couvre toutes les réalités si complexes des relations entre humains.
11 novembre : c’est le jour où nous célébrons aussi l’apôtre de la Gaule, saint Martin, fondateur des paroisses. Certaines, aujourd’hui, s’étendent en de nouvelles frontières, synonyme de solidarité et de collaboration en des temps d’après Synode diocésains et la mise en place d’une restructuration aux couleurs de ce qui nous semble un automne ecclésial. A moins qu’il ne s’agisse d’un véritable été indien (appelé aussi, été de la Saint- Martin), pour un renouveau de nos communautés. Car au pessimisme pas trop ambiant, il est des zones d’ensoleillement, tel le sourire de l’amitié du SDF recevant un bol de soupe de la part d’un bénévole non moins souriant.
Car ce mois de novembre est aussi celui de l’espérance où le froid qui s’installe est l’occasion d’allumer le chauffage du cœur autant que celui des maisons ; celui où toute la famille humaine peut, comme à la veillée, s’approcher de la cheminée afin d’y goûter chaleur et lumière.
Enfin, les derniers jours de novembre seront marqués par le temps de l’Avent : prémices d’un solstice d’hiver ; temps d’ouverture et de joyeuse attente, d’un soleil toujours vainqueur qui a pris visage il y a deux mille ans : celui du Christ. Et qui prend visage chaque jour si je le veux : le mien et celui des autres.