Jean-Paul II et la Basilique Saint-Antoine

20 Avril 2005 | par

Les pèlerins de saint Antoine et les Frères avaient des raisons toutes particulières pour vivre l’agonie et la mort du pape Jean-Paul II. à la Basilique de Padoue, le pape défunt était chez lui. C’est lui qui avait appelé saint Antoine “homme évangélique” ; et notre revue, “une chaîne de solidarité”.

« Je le sens. Il mourra peu avant dimanche. Parce qu’aujourd’hui c’est la fête de l’Amour Miséricordieux. C’est lui qui l’a instituée, il y a quelques années et il y est resté très attaché. » Père Domenico Carminati, recteur de la Basilique Saint-Antoine, n’a pas caché son émotion, le matin du 3 avril, à quelques heures du décès du pape Jean-Paul II.
A la Basilique, en effet, Jean-Paul II était chez lui : ce sanctuaire, ainsi que la tombe de saint François à Assise, et les basiliques de Notre-Dame de Lorette et de Notre-Dame du Rosaire à Pompéi, sont placées sous l’autorité directe du Pape qui les administre par l’intermédiaire d’évêques, ses délégués.
A l’appel des Frères de la Basilique, un millier de fidèles étaient venu prier, le soir du vendredi 1er avril. Et la ville tout entière, sur invitation de son archevêque, Mgr Antonio Mattiazzo, a accompagné le Saint-Père vers sa rencontre définitive avec le Christ. Le samedi soir, la scène s’était renouvelée et lorsque, vers 22 heures, les cloches de la ville ont sonné à l’unisson, l’émotion a plongé la foule dans un silence absolu : des hommes et des femmes de toutes les nationalités – de nombreux immigrés de pays d’Afrique, de l’Europe de l’Est, d’Asie et d’Amérique latine sont présents à Padoue – avaient le visage marqué d’une douleur profonde. Puis, comme de coutume, les portes de l’église furent fermées croyant que la foule allait se disperser, mais, raconte le père Domenico, ce millier de personnes continuèrent à veiller et à prier… sur le parvis, jusqu’à ce que les Frères, réveillés par les téléphones portables, soient obligés de rouvrir la Basilique, et la veillée se poursuivit jusqu’à 1 heure du matin. « La vision de tous ces jeunes en larmes avait intensifié ma tristesse », confie le père Recteur, se souvenant des dernières paroles du Pape adressées aux jeunes : « Je vous ai cherchés, maintenant vous êtes venus à moi. » Ils ne l’avaient jamais été autant…
Le mercredi 6 avril, deux jours avant les obsèques, à l’appel des Frères réunis pour l’élection de leur supérieur provincial, la Basilique s’est de nouveau remplie de 1 500 fidèles de toutes les nationalités. Leur recueillement était interprété comme une étape vers Rome, ou, pour ceux qui n’auraient pu rejoindre la capitale – parmi lesquels de nombreux Polonais -, une manière de prier sur un des lieux liés au Saint-Siège.
Répondant aux invités de la presse locale, le père Domenico devait encore souligner : « En près de trente années de Pontificat, Jean-Paul II a porté les valeurs évangéliques avec fermeté, en ne se faisant pas influencer par les courants politiques. Avec son désaccord sur la guerre du Golfe et la guerre en Irak, il nous a rendu un grand service nous donnant des indications qui font référence aux valeurs universelles, l’amour et la charité. De plus, c’était un Pape qui a vécu sur les places ; il a recherché le contact avec les gens depuis qu’il était encore jeune et vigoureux jusqu’aux derniers moments de sa maladie. Dans un monde où la souffrance est un tabou, il n’a pas eu peur de se montrer vieux et malade, afin de se sentir en communion avec la souffrance du monde. »

Une visite historique
C’est le 12 septembre 1982 que Padoue a eu le privilège d’accueillir Jean-Paul II pour une visite qui aurait dû clôturer, en juin 1981, les célébrations du 750e anniversaire de la mort de saint Antoine, mais qui fut retardée à cause de l’attentat de mai 1981. Plus de 300 000 personnes l’avaient acclamé dans les rues de la ville. Aux professeurs et aux jeunes de l’Université, il avait rappelé que « la religiosité est un patrimoine irremplaçable et une garantie pour la formation de l’homme et du chrétien ». Evoquant la figure de saint Antoine, il s’est exclamé avec enthousiasme : « Toi Padoue, réjouis-toi : à la gloire de tes origines romaines – et même pré-romaines – aux fastes de ton histoire, aux côtés de Venise, ton amie et voisine, tu ajoutes la charge de garder, avec son glorieux sépulcre, vive et palpitante la mémoire de saint Antoine. »

Antoine,“homme évangélique”
C’est surtout au cours de la messe célébrée dans la Basilique qu’il avait rendu hommage à saint Antoine, “homme évangélique”, avant de souligner le culte universel que lui attribue le peuple chrétien : « J’invite tous ceux qui se trouvent réunis autour de cet autel à méditer cette note “d’évangélisation” qui constitue une des raisons pour lesquelles Antoine est proclamé “le Saint”… Chez lui, la sainteté a atteint des sommets particulièrement élevés, s’imposant à tous par la force de l’exemple et conférant à son culte la plus grande extension mondiale... Il serait en effet peu facile de trouver une ville ou un village du monde catholique où n’existe au moins un autel ou une image du Saint : sa sereine effigie éclaire d’un suave sourire des millions de foyers chrétiens où, grâce à lui, la foi nourrit l’espérance en la Providence du Père céleste. »

 

Le Messager, une chaîne de solidarité

Le 21 novembre 1998, responsables et collaborateurs du Messager étaient reçus en audience par Jean-Paul II, à l’occasion des cent ans de la fondation de la revue. « Offrez une parole éclairante, riche d’espérance… qui apporte la sagesse dans la quotidienneté de l’existence », avait-il souligné. Et à propos de la revue : « La référence à saint Antoine a déterminé le style du message… Autour du journal s’est développée une chaîne de solidarité et d’aide fraternelle aux plus pauvres et aux plus nécessiteux qui… préfèrent l’action à la parole, le témoignage aux commentaires. »

Updated on 06 Octobre 2016