Le sort des enfants soldats

01 Janvier 1900 | par

Ils s'appellent John, Omar, Rachid… Ils ont moins de dix-huit ans, souvent même moins de dix ans, et sont enrôlés de force. C'est en Afrique (Angola, Burundi, Ouganda, République démocratique du Congo, Sierra Leone) et en Asie (Afghanistan, Cambodge, Birmanie, Sri Lanka…), qu'ils sont le plus représentés sur les lieux des combats. Mais on en trouve également en Colombie, au Pérou, en Tchétchénie, au Kurdistan, au Kosovo (durant le conflit avec la Serbie)…

Tour d'horizon

Au Sri Lanka, de très nombreux rebelles tamouls tués au combat sont des mineurs. Pour la seule Sierra Leone, 5000 enfants enrôlés à partir de 5 ans, ont été utilisés comme soldats, et 5000 autres dans des activités annexes, comme espions, auxiliaires militaires ou esclaves sexuels.
Du fait de leur taille et de leur agilité, les enfants sont exposés à des missions particulièrement périlleuses. D'autre part, des études de l'Unicef montrent que, pour les chefs d'opposition armée les adolescents font d'excellents soldats car ils ont moins peur et se contentent de peu.
C'est ainsi que, ces dix dernières années, les guerres ont causé deux millions de morts parmi les enfants et ont laissé quatre millions d'entre eux handicapés ou mutilés à vie. La plupart des filles sont touchées par des maladies sexuellement transmissibles et, de plus en plus souvent, par le virus du sida. Sans compter les conséquences psychologiques qui pèsent très lourd dans la vie de ces enfants. Mais pourquoi et comment tous ces enfants sont-ils entraînés dans ces conflits armés ?

Voulez-vous nous aider ?

Utilisés dans des forces armées, gouvernementales ou non-gouvernementales, leur vie ne compte pas plus qu'un fétu de paille. Ils sont menacés, enlevés ou soumis à d'autres formes de violence par des adultes sans scrupules. Dans différentes régions du monde, ces derniers opèrent parfois même des razzias dans les écoles ou les orphelinats.
Certains de ces enfants, en revanche, se portent volontaires car, livrés à eux-mêmes et ne sachant pas où aller, ils trouvent là l'unique moyen de quitter la rue et de survivre.
Pour sa part, Esther, jeune ougandaise de 12 ans, n'a pas eu le choix, arrachée à sa famille au milieu de la nuit. Des rebelles m'ont kidnappée, écrit-elle, avec 138 de mes camarades de classe. Ils nous ont forcés à tuer des gens avec des fusils. Je me sentais très malheureuse car je ne voulais pas faire cela. Pendant un combat, j'ai réussi à fuir. Je suis très triste, parce que beaucoup de mes amis sont encore retenus par les rebelles. Je voudrais tant qu'ils soient libres. Voulez-vous nous aider ?

Une coalition internationale

Alertée par la presse, l'opinion publique commence à s'émouvoir.
Comme d'habitude, Jean-Paul II est l'un des premiers à s'insurger contre le sort des enfants recrutés pour les conflits armés : une des intentions qu'il a donnée pour février 2001. Il a invité tous à prier pour que les enfants ne soient jamais obligés de participer aux conflits armés mais que, libérés de la haine et de la violence, ils puissent vivre sereinement leur enfance, joyeux par l'amitié dans la famille, l'école et la société.
Dans le cadre de la décennie internationale pour une culture de la paix et de la non-violence au profit des enfants du monde (2001-2010), une vaste campagne de sensibilisation a été lancée par une coalition Internationale. Celle-ci est placée sous l'égide de six organisations non-gouvernementales : l'Alliance internationale Save the children (Genève), Amnesty International, le Bureau Quaker auprès des Nations Unies (Genève), la Fédération Internationale Terre des Hommes, Human Rights Watch et le Service Jésuite aux Réfugiés.
La coalition propose aux Etats du monde de signer un protocole selon lequel ils s'engagent à ce qu'aucun enfant ne fasse l'objet d'un enrôlement obligatoire, etc.

Invitation à bouger

Peu à peu, la mobilisation se généralise par le biais de centaines d'associations et organes de presse.
Planète Jeunes, bimestriel des Africains de 14 à 20 ans a lancé en décembre dernier, une campagne choc, en lien avec le bureau régional de l'Unicef à Abidjan, pour mobiliser les jeunes du continent africain sur le problème des enfants soldats. La campagne, intitulée La guerre c'est l'enfer, je n'ai rien à y faire, sera relayée dans divers pays d'Afrique par la revue, bien sûr, et par des animations et des débats dans les écoles, les centres de documentation, etc.
Déjà en février 2000, les secrétaires nationaux de l'Enfance Missionnaire d'Europe, réunis à Luxembourg, décidaient de rejoindre la coalition internationale. Pour la France, l'Enfance Missionnaire s'est engagée, en 2001, à proposer un certain nombre d'actions et à soutenir des initiatives : au Burundi, par exemple, pour la scolarisation de 6000 enfants ; en République Démocratique du Congo, pour aider les enfants des rues, orphelins ou malades, etc.
Cet organisme engage les enfants à bouger (cf. encadré) et à dire de mille manières oui à la paix, non à la guerre !

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Siège de la coalition pour mettre fin à l'utilisation des enfants soldats : 11-13, chemin des Anémones -1219 Châtelaine (GE) Suisse. Tél. (00 41) 22 917 81 69 - http://www.child-soldiers.org

Planète Jeunes, 3 rue Bayard - 75008 Paris. planetej@bayard-presse.com

Enfance missionnaire 5 rue Monsieur 75007 Paris01 53 69 17 58 –

enfants.jeunes@opm-cm.org

L'âge minimal de recrutement

La convention internationale sur les droits de l'enfant de 1989 fixait à 15 ans l'âge minimal de recrutement dans les forces armées et la participation directe à des hostilités.
En mai 2000, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté un protocole additionnel à cette convention sur l'implication des enfants dans les conflits armés, protocole que les Etats doivent encore ratifier.
Ce protocole prévoit que les signataires fixent à 18 ans l'âge minimal de recrutement obligatoire et la participation aux combats. Quant au recrutement volontaire, il est autorisé dès l'âge de 16 ans… sous réserve que cet engagement soit réellement volontaire et que ses parents soient d'accord.
La difficulté d'application de ces conventions réside dans le fait qu'elles s'adressent aux Etats, alors que ce sont le plus souvent des mouvements de guérilla ou paramilitaires qui sont en cause dans l'enrôlement des enfants.

Soyons des acteurs de paix !

Enfants, l'Enfance Missionnaire vous invite aux démarches suivantes :

* Faire une démarche de paix
là où vous vivez (famille, quartier, école).
* Envoyer une carte signée au Premier ministre, au Président de la République et au député de votre département, leur demandant une loi plus stricte visant l'exclusion totale des forces armées de toute personne de moins de 18 ans !
* Renoncer aux jeux guerriers ou jouets violents et réaliser une colombe de la paix, l'exposer dans votre médiathèque, à l'école, à l'église, au musée, à la mairie… en attendant de la porter à la crèche, à Noël 2001.
* Poser un geste de solidarité en faveur d'enfants vivant dans des pays en guerre. Depuis chez vous, vous pouvez construire l'amitié au lieu de vous disputer. Vous avez peut-être d'autres idées, d'autres gestes à nous communiquer pour que nous soyons ensemble des acteurs de paix!
Updated on 06 Octobre 2016