L'Église-mère
Quand on réfléchit à la place qui est accordée aux femmes dans l’Église, il y a comme une contradiction qui saute aux yeux : pour ce qui est de la fréquentation à la pratique de la foi et pour les engagements au sein de l’Église, les femmes sont de loin majoritaires. À tel point que l’on pourrait se demander si notre Église ne serait pas essentiellement féminine. Mais, en même temps, si on considère leur place dans les structures de l’Église, force est de reconnaître qu’elles en sont pratiquement absentes.
L’éclairage apporté par notre dossier mensuel affronte avec lucidité cette contradiction, car cela demande nécessairement que notre pratique ecclésiale et nos mentalités intègrent finalement tout ce que les femmes sont les seules à pouvoir apporter à notre Église. Car une Église essentiellement masculine est une Église boiteuse et finalement appauvrie, car elle se retrouve comme privée d’une approche et d’une sensibilité qui sont essentielles à notre foi.
Qu’il me soit permis de livrer ici un témoignage personnel. Au début de mon ministère sacerdotal, il m’a été demandé d’accompagner un mouvement ecclésial de jeunes filles : leur approche et leur regard, nécessairement féminin sur la Parole de Dieu, ont été pour moi une découverte et un choc enrichissant qui continuent aujourd’hui encore de produire du fruit. C’est avec elles que j’ai commencé à entrevoir que ce regard complémentaire m’aidait à m’ouvrir à un Dieu Père, certes, mais qui avait en même temps la tendresse bouleversante d’une mère. Et c’est étonnant comment la Parole de Dieu acquiert ainsi un goût d’une nouveauté tendre et aimante. Aujourd’hui encore, je ressens le besoin de remercier pour ce que m’ont apporté ces jeunes filles. Heureuse Église qui saura accueillir avec joie et confiance ce que les femmes peuvent lui apporter.