Martyrs oubliés
Si notre regard se restreint frileusement à nos seuls intérêts immédiats, si notre attention s’endort paresseusement, on risque de ne plus remarquer que notre monde moderne est de plus en plus intolérant vis-à-vis des minorités religieuses, chrétiennes en particulier. Ainsi l’Occident, habitué à chercher les martyrs au nom de leur foi dans les vicissitudes d’un passé lointain, ne semble plus capable de les voir dans l’actualité de nos médias. De fait, on aimerait bien pouvoir cantonner la barbarie au seul passé, alors qu’elle prospère, et de plus en plus, dans notre monde d’aujourd’hui.
Le pape François ne cesse de stigmatiser ce lent engourdissement des consciences. Dans son discours au Parlement européen, le 25 novembre dernier, il soulignait que « des communautés et des personnes sont l’objet de violences barbares : chassées de leurs maisons et de leurs patries ; vendues comme esclaves ; tuées, décapitées, crucifiées et brûlées vives, sous le silence honteux et complice de beaucoup. »
Si l’Église est aujourd’hui vivante et féconde, elle le doit surtout à la fidélité et au courage des jeunes Églises du Tiers-Monde, car le sang de leurs martyrs, telle une sève féconde, ne cesse de la vivifier et de la rajeunir. Cette foule immense de martyrs, si souvent oubliés, ou volontairement laissés dans l’ombre, suscite non seulement notre reconnaissance, mais elle réveille aussi notre propre fidélité.
Il nous appartient maintenant de déployer une solidarité réelle.