Vivre le 13 juin 1997
Le 13 juin, Padoue est en fête. Des centaines de milliers de pèlerins viennent vénérer et prier l’humble Frère Mineur, originaire de Lisbonne qui, au cours des dernières années de sa vie, avait choisi Padoue pour y vivre, travailler, soulever, par sa parole, un immense élan de foi et gagner la confiance des pauvres et des petits. Avec Padoue, ce sont dans toutes les églises et tous les lieux où saint Antoine est aimé que des fidèles accourent nombreux le vénérer et le prier : à Paris, comme à Brive, aux Hauts-Buttés et dans le reste de la France ; à Bruxelles et dans les Ardennes belges ; en Suisse, au Canada et dans le reste du monde.
Mais que signifie fêter saint Antoine en 1997 ? Est-ce pour obéir à une tradition huit fois séculaire et pour obtenir des faveurs matérielles en oubliant peut-être que le seul vrai but de notre prière est le Christ ? Je ne le pense pas, car plus ou moins consciemment, tous vont vers saint Antoine parce que, comme le dit la Préface de la messe des saints, «dans sa vie, il nous procure un modèle : dans la communion avec lui, une famille, dans son intercession, un appui ». Avec lui, nous avons devant les yeux l’exemple d’un homme qui a cru à l’Evangile et a aidé les autres à le suivre ; un compagnon qui nous indique Dieu comme notre seul but ; un appui qui nous encourage tout au long du difficile chemin de la vie, y compris dans les soucis quotidiens, la santé, le travail et les études, la vie de famille et les dangers...
Mais saint Antoine nous invite à aller au-delà des soucis matériels : il nous demande d’accroître la foi, d’adhérer pleinement à la Parole de Dieu, de pratiquer ce que nous croyons, d’aller vers Dieu pour mieux servir nos frères, comme dans les deux passages qui suivent.
« Le semeur sortit pour semer sa semence » (cf. Lc 8,5). « Le semeur, écrit Antoine, c’est le Christ ; la semence, la parole de Dieu ; la bonne terre... les chrétiens qui prêchent par la parole et par l’exemple, et supportent la fatigue, le travail, la faim, la soif et les jeûnes pour aller au secours de leur prochain. »
« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et les amena sur une haute montagne » (Mt 17,1). « Moïse est le symbole du prédicateur (le chrétien) qui doit abandonner la vallée des soucis temporels et gravir la montagne pour y rencontrer le Seigneur. C’est là, en effet, que le Christ lui fera voir et comprendre ce qu’il doit à Dieu et ce qu’il doit au prochain... Montez donc, chrétiens, pour contempler combien doux est le Seigneur : descendez pour aider et conseiller votre prochain, car c’est de cela qu’il a besoin. »
Quels sont, dans ces conditions, les situations qui ont le plus besoin de notre aide et de nos conseils ? La réponse à cette question, nous la trouvons dans les projets que la Caritas Antonienne soumet, cette année, à notre attention : des maisons pour des sinistrés d’une région de l’Inde, constamment exposée aux inondations ; des foyers pour des enfants handicapés abandonnés pour leurs familles, dans l’île de Sumatra ; un centre d’apprentissage pour les enfants des rues de Quito, en Equateur. Trois projets qui nous permettront de donner à ces enfants et à ces adultes, en même temps qu’un peu de confort matériel, un niveau moral et spirituel plus élevé, une vie humaine plus digne.
Montons donc, nous aussi, vers le Seigneur, avec une foi plus profonde, et descendons, avec un amour plus grand, pour secourir les souffrances urgentes de notre prochain.