Violence ou amour ?
Deux pages, dans ce numéro, affrontent la violence: à l’école, chez les enfants et les jeunes, et dans la société, chez les adultes.
De nos jours, en effet, la violence est partout... et l’insécurité est grande dans les quartiers, les rues et les stades. Entre pays, la force des armes a souvent raison du dialogue, et les médias, par l’impact des images, l’imposent à l’opinion. A l’intérieur des pays, les gouvernements ont beau multiplier les lois pour apaiser les esprits… mais les policiers et les gendarmes sont débordés.
Où est le remède? On pourrait, à l’exemple de Gandhi et de Martin Luther King, prêcher la non-violence, répondre à l’agression par le silence, mais la non-violence, lorsqu’elle mobilise les masses, devient, elle aussi, une forme de violence, avec la seule différence qu’elle n’est pas physique mais morale. De leur côté, psychologues et anthropologues en cherchent les causes dans les tendances naturelles de l’homme, dans la société, dans la volonté d’imposer une idéologie, un pouvoir totalitaire, voire un courant intégriste ou la justifient face aux injustices dont sont victimes les pauvres.
Saint Antoine, nous le verrons, la dénonce dans sa source, la déraison; dans le trouble de l’esprit, dans ses expressions verbales blessantes et méprisantes; dans les hommes, principalement les orgueilleux et les puissants. Et à l’exemple de Jésus, il oppose à la haine qui déchire, la douceur qui calme les passions, la patience qui maîtrise les réactions passionnées, l’amour qui se met à la place de l’adversaire, et même de l’ennemi.
Le vrai changement, en effet, doit venir du cœur, car c’est là qu’est la racine des tous les maux. D’où les paroles de l’Evangile: Si l’on te frappe sur la joue droite, tend lui la gauche… Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs… Heureux les doux, car ils posséderont la terre. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Ces mots ne sont pas, comme on pourrait le croire, synonymes de faiblesse, mais de force. La force qui pousse des prisonniers innocents à pardonner à leurs accusateurs et des parents à ne pas venger la mort de leur fils et, nous-mêmes, à répondre à la haine par l’amour.