Violence : les tout-petits en parlent
Christine est institutrice d’enfants de 7 et 8 ans, l’âge de raison en somme... «Autrefois, dit-elle, c’était facile: on faisait écrire une belle phrase de morale sur le cahier du jour, quelques mots de commentaire, et cela restait gravé pour que l’on puisse vivre en harmonie dans la classe. Le non-respect de cette très brève leçon de morale entraînait une sanction...»
Il n’en va plus de même aujourd’hui. Elle a donc décidé d’axer son temps de catéchèse sur la violence. Elle part de ce qu’elle vient de constater dans la cour de récréation où elle était de surveillance.
Le constat
«J’ai vu des garçons et des filles qui couraient tout à l’heure. Ils jouaient. J’en ai vu d’autres qui bousculaient des plus petits et d’autres encore qui se disputaient en criant, en se tapant...
- C’est pas moi, s’insurge Laurent, qui pense tout de suite que l’institutrice l’a vu une fois encore se battre.
- Je n’ai dit le nom de personnne, Laurent. Comment cela s’appelle se battre, se donner des coups très forts?
- A la T.V. dans les dessins animés ou dans des films, ils font la guerre des fois. Maman ne veut pas que je regarde. Elle dit que c’est pas pour moi, par ce que c’est trop violent.»
Les enfants parlent spontanément sans répondre de façon directe à la question posée, mais cela permet à Christine de reprendre: «C’est vrai. A la télévision, c’est parfois. violent. Et entre vous, il y a de la violence?
- Oui, affirment les enfants. On se bat, surtout nous les garçons. C’est pour s’amuser, mais des fois c’est pour faire mal à un garçon qu’on n’aime pas...
Actes et paroles
«Je le vois souvent, leur répond Christine, et je vous dis d’arrêter. Mais la violence, c’est seulement les coups de pied, les coups de poings?
- C’est le plus important, dit Marie, parce que ça fait mal, un coup de pied ou une gifle... Je le sais!» Christine saisit l’occasion: «Ça fait mal à ton corps si tu reçois une gifle. Vous pouvez avoir mal autrement? Elle voudrait introduire la notion de respect.
- Oh oui ! répond Yann, tout en étant songeur.
- Quand? Comment? lui demande Christine. Tu as déjà eu mal autrement? Tu peux l’expliquer aux autres?
- J’ai eu mal dans mon coeur et j’ai pleuré parce qu’un garçon m’a dit: «t’es bête!», et il s’est moqué de moi parce que je pleurais, alors je lui ai donné un coup de pied.»
Christine ne fait pas de commentaire. Elle ne voudrait pas. Elle raconte une histoire sur la violence d’un enfant qui a réussi à maîtriser sa violence et est devenu très fort parce que son grand-père lui disait souvent: «Respecte les autres, et tu les aimeras comme toi-même. Tu pourras ressembler à Jésus qui n’était pas violent.»
Jésus est amour
«Jésus est l’ami de tous les hommes, reprend Christine. Il les respecte. Il va même rechercher la brebis perdue (Lc 15, 4-7) dont on a parlé l’autre jour. Par cette histoire, Il a dit à ses amis qu’il nous aimait tous, que chacun était important pour lui. C’est vrai aujourd’hui pour nous.
- Il aime même ceux qui ont de la violence dans leur cœur, ceux qui sont en prison? demande Kevin, surpris.
- Oui, même eux. Jésus n’aime pas la violence. Il aime les personnes et il les aide à être moins violentes. - Comment il fait, Jésus ? demandent les enfants.
- Il nous aide, explique Christine, quand nous lui parlons dans une prière. Il nous écoute toujours, et si nous lui demandons de nous rendre «doux de cœur» (Mt 5, 4), de nous aider à nous aimer les uns les autres, il nous aidera. Notre violence sera moins grande et il mettra de l’amour dans notre coeur pour aimer les autres.»
Difficile d’expliquer aux enfants que la prière ne change pas Jésus, mais change celui qui prie. Toutefois, Christine prie avec les enfants qui répétent après elle: «Jésus, tu sais que parfois nous sommes violents. Aide-nous à ne pas nous battre dans la cour, à ne pas dire des paroles qui font du mal aux autres. Nous te disons merci parce que tu nous aimes et que tu t’occupes de nous.»