Une paroisse renouvelée par le confinement
Aumônier de quatre lycées et d’un collège à Redon, le père Nicolas Esnault a anticipé le confinement dès la fermeture des établissements scolaires au mois de mars. Avec la responsable du Secours Catholique, deux volontaires d’aumônerie en maison de retraite et en hôpital, et celle du service aux malades, le jeune prêtre de 28 ans réfléchit à une manière de rejoindre les personnes les plus vulnérables, celles qui vont se retrouver isolées. Deux jours plus tard, dès le début du confinement, l’opération « Anges gardiens » est opérationnelle.
Chaque ange gardien bénévole s’engage à apporter écoute et réconfort à travers des coups de fils réguliers aux personnes qui le demandent, à se rendre disponible auprès du Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) et de la mairie pour les aider dans leurs missions, et à prier l’Esprit Saint avant chaque action ou appel.
« Notre volontariat devait en effet reposer avant tout sur le Seigneur puisque c’est en tant que chrétiens que l’on agissait, explique le père Nicolas. Notre devise était “C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra pour mes disciples”. »
Car les « anges gardiens », tous paroissiens, sont évidemment missionnaires. Les bénéficiaires, eux, n’étant pas forcément catholiques. Au fil des semaines, les discussions engendrent des questionnements sur le sens de la souffrance, de la mort… Certains bénévoles ont même été surpris de retrouver à la messe à la fin du confinement la personne qu’ils appelaient alors qu’elle n’y allait jamais auparavant !
Tisser un lien amical
« L’un des buts de cette opération était de tisser une relation d’amitié, précise le père Nicolas, et cela a été le cas. Amitié entre bénévoles et bénéficiaires, mais aussi avec le Seigneur ! Certains se sont rendu compte aussi qu’au sein de la communauté paroissiale, ils ne connaissaient que leur petit cercle retreint et ne saluaient pas les autres. Toutes les générations se sont retrouvées mélangées. On avait un jeune de 12 ans qui appelait une personne de 86 ans. Les deux ont été édifiés par ce qu’ils ont vécu pendant le confinement ! Cela a lancé un mouvement de réflexion et un changement dans la communauté elle-même. »
Ce qui a le plus marqué le père Nicolas reste la spontanéité des paroissiens dans l’engagement. « Avant même d’avoir des demandes d’appels, nous avions des volontaires, et notamment des jeunes. Cela me remplit d’espérance car c’est un service gratuit, dans l’ombre, chez soi derrière son téléphone, qui n’est pas gratifiant. Un tel engagement repose aussi la question du bénévolat dans l’Église, nos bénévoles ayant la plupart plus de 70 ans. »
Ce qui est sûr c’est que des personnes qui n’avaient pas forcément d’engagement dans la paroisse font aujourd’hui partie de l’équipe des « Anges gardiens » pour passer des coups de fil régulièrement, pour des visites ou pour porter la communion à domicile. Quant au père Nicolas, il se réjouit de voir sa paroisse se renouveler et d’avoir pu assister en témoin privilégié à l’action de Dieu dans la vie des autres. Certains bénévoles comme certains bénéficiaires ont en effet franchi un cap dans leur vie spirituelle, simplement en voyant la corrélation entre la foi et les œuvres.