Une famille en route
Paris, mai 2016. Au dernier étage d’un immeuble à proximité du parc Monceau, l’ascenseur nous pose devant une porte au milieu d’un couloir. D’autres entrées marquent la présence de plusieurs appartements. C’est là, au sixième étage qu’habite un couple. Il est 18h45 et c’est elle qui nous ouvre, un bébé dans les bras. Nous nous asseyons dans un tout petit salon en haut duquel une mezzanine apporte un peu plus de place au jeune couple. Quelques instants plus tard, le mari arrive. Il rentre du travail.
Pourquoi aller à la rencontre d’un couple ordinaire, marié depuis un an et demi, et que rien ne semble distinguer d’autres couples ?
Tout simplement parce qu’il se prépare à une aventure de quatre mois qui, elle, sort de l’ordinaire. Le mariage est déjà en lui-même une aventure mais au milieu de l’été, les deux époux partiront avec leur petite fille, sur le chemin de Compostelle : une aventure dans l’aventure.
Comment donc est né ce projet ? « Ça fait longtemps que je voulais faire le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle », nous répond d’emblée la jeune maman. « Mais c’est un cumul de circonstances, précise-t-elle. Mon mari voulait aussi changer de boulot et de région. Bref, on s’est dit : ”Pourquoi ne pas faire un break ?“ » Le couple réfléchit sur plusieurs possibilités. Mais c’est le chemin de Saint-Jacques qui s’avère le plus à leur portée.
« Nous voulions nous ressourcer », précise-t-elle ensuite. Pour l’un comme pour l’autre, la dimension spirituelle était évidente dès le début du projet. D’ici leur départ, ces jeunes parents chercheront un « fil conducteur, un thème, un auteur spirituel » pour leur servir de guide tout au long de ces 1 600 km de marche. Ils partiront en effet du Puy-en-Velay, si possible le 25 juillet, lors de la fête de saint Jacques.
Pour cela, l’un comme l’autre démissionneront de leur emploi respectif avant de se lancer à l’assaut du Camino. Et le bébé dans tout ça ? « Sur l’intégralité de l’itinéraire, on prévoit le double de temps à pieds par rapport à des marcheurs ordinaires, nous rassure la jeune maman. Il faut en principe environ deux mois à un pèlerin lambda pour relier Le Puy à Compostelle. Avec la petite, on en prévoit quatre. » Le retour est prévu vers la mi-novembre. Au moment où nous l’avons rencontré, le couple paraît serein, détaché et confiant : « zen » dirions-nous aujourd’hui. « On veut s’abandonner, explique le mari : on ne prépare pas le chemin de façon méticuleuse mais dans les grandes lignes de l’itinéraire ». « Et puis, avec un bébé, c’est difficile de prévoir à fond », relève la jeune maman. « On tente le coup, s’accordent-ils. Si on est empêché d’aller jusqu’au bout pour une raison ou une autre, on sera forcément déçu mais pas défaits. Et dans ce cas, nous réfléchirons à un autre projet. En voiture cette fois-ci, peut-être ».
Pour le moment, le couple prépare tranquillement l’équipement. À peine 20 kg de matériel en tout, tente et sacs compris. Et un chariot de randonnée pour faciliter la mobilité. La petite, elle, sera installée sur un porte-bébé. Le pèlerinage sera ponctué de quelques jours de pause dans les grands sanctuaires. À Rocamadour, par exemple, que l’un comme l’autre apparaissent très motivés de découvrir. Entre bivouacs et gîtes ou chambres d’hôte, les trois Desjonquères vont se mêler aux grappes de randonneurs et de pèlerins qui l’été se lancent à l’assaut du Camino. Et espèrent bien faire de belles rencontres. D’ailleurs, ils proposeront à des membres de leur famille ou à des amis de les rejoindre sur certains tronçons.
Un an et demi après leur mariage couronné par la naissance d'une petite fille, le couple veut partir d’un bon pied. L’occasion de mieux se connaître l’un et l’autre et d’approfondir la vie de couple. « Ce sera [donc] l’occasion d’échanger l’un avec l’autre sur des sujets de fond, raconte le jeune papa. De mieux connaître Dieu et d’aller vers Lui. Ça peut paraître théorique dit comme cela, mais l’objectif du mariage, c’est bel et bien la sainteté. » Au quotidien, au milieu de la beauté des paysages français et espagnols, le couple laissera donc la place à la prière personnelle et en famille.
Les trois premières semaines de juillet précédant le départ, les préparatifs vont s’accélérer. Avant le grand saut. L’immersion à trois sur un chemin qui les mènera vers le tombeau de l’Apôtre. Ultreïa !
La suite ? Sans doute un nouveau travail pour les parents. Et une nouvelle vie où ils atterriront après la mégalopole parisienne. Dans une ville comme Lyon ou Chambéry plus proche de la montagne, leur passion commune. Nous laissons le couple, heureux de trouver tant de simplicité et de confiance chez eux.
Jeunes et foi
Du jeudi 11 au mardi 16 août, un festival des jeunes est organisé dans le sanctuaire marial de Rocamadour par la communauté du Verbe de Vie. Cette communauté nouvelle et charismatique, fondée il y a 30 ans par cinq laïcs, est présente dans cinq pays dont la France, la Belgique et la Suisse. Forte de l’engagement d’une centaine de membres (prêtres, frères et sœurs consacrés, laïcs et familles), elle a eu son fief pendant des années à l’abbaye d’Aubazine, non loin de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze. Le père Jean-Baptiste, prêtre de la communauté, ancien ingénieur des Eaux et Forêts, dans la région, est actuellement responsable de la maison de la communauté à Josselin, en Bretagne. Ordonné il y a 5 ans, il connaît bien Rocamadour pour y avoir passé de nombreux moments de détente et de prières avant de s’engager dans la communauté charismatique. C’est lui qui, cet été, assurera la direction du Festival des jeunes dans la cité mariale. Au programme : formation, prière et louange, fraternité, expérience missionnaire. « C’est ouvert à tous les jeunes entre 18 et 30 ans », explique-t-il. À la suite des JMJ de Cracovie pour ceux qui n’auront pas pu y participer ou ceux qui voudront poursuivre l’élan de la miséricorde dans lequel le Pape souhaite rencontrer les jeunes, chacun pourra faire l’expérience de la mission en plein cœur du sanctuaire marial. Très fréquenté, notamment l’été, par d’innombrables touristes, le sanctuaire sera un lieu propice pour faire découvrir à ces derniers, par des saynètes théâtrales notamment, l’histoire religieuse du site. Mgr Camiade, jeune évêque local, enverra en mission les jeunes participants. « L’Espérance ferme comme le roc », la devise de Rocamadour, est emblématique du sanctuaire niché dans la roche. Laurent Gay, ancien toxicomane converti, interviendra pour livrer son témoignage. Un bel événement à ne pas rater pour bien préparer la rentrée scolaire et faire « le plein de foi, d’espérance et de charité » comme nous l’a confié le père Jean-Baptiste.