Un nouveau défi pour le catéchisme
Les origines du catéchisme remontent au XVIe siècle, lorsque l’Église dut trouver des instruments pour freiner l’influence de la Réforme. Aujourd’hui, le Catéchisme de l’Église catholique, qui fête ses vingt ans, doit permettre aux catholiques d’enrayer une autre menace, celle de la sécularisation.
Sans Luther et Calvin, le catéchisme que nous connaissons aujourd’hui n’existerait peut-être pas. En effet, les deux principaux acteurs de la Réforme sont à l’origine des premières ébauches de manuels sur la foi. Ils comprirent que le catéchisme devait désigner à la fois l’institution et le livre permettant de remédier à l’ignorance religieuse des fidèles, enfants comme adultes.
La réaction de l’Église ne se fait pas attendre. En 1555, saint Pierre Canisius publie le premier des grands catéchismes catholiques, en latin, sous forme de questions-réponses. En 1566, c’est au tour de Rome de réagir. Le pape Pie V publie un catéchisme pour répondre aux directives du Concile de Trente.
Dans les décennies qui suivent, les manuels diocésains sont monnaie courante en France. Sous l’Empire, en revanche, Napoléon impose l’usage d’un catéchisme unique pour tout le pays. La fin du XIXe siècle est marquée par le zèle des curés à enseigner
le catéchisme.
Du Catéchisme National à Pierres vivantes
Il faut attendre les années 1920-30 pour voir s’amorcer une réelle rénovation de la réflexion et de la pratique catéchétiques. Progressivement, l’Église comprend que l’objectif du catéchisme n’est pas seulement de combattre l’ignorance mais de créer un environnement plus favorable à la foi.
Les années 1960 et le concile Vatican II marquent un nouveau tournant, nourri par l’influence d’autres disciplines comme la psychologie de l’enfant. Pour atteindre les enfants dans leur milieu culturel, ils opèrent une distinction entre un fonds commun obligatoire et des documents complémentaires d’adaptation.
En France, 1981 est l’année de la parution de Pierres vivantes, sorte d’encyclopédie de la foi. En plus de ce recueil de base, des parcours catéchétiques sont proposés par les responsables diocésains de l’enseignement religieux. Les années suivantes, de nouvelles éditions voient le jour, enrichies par les observations du Vatican. En 1991, le Catéchisme pour adultes des évêques de France paraît avec l’autorisation du Saint-Siège. En 2005, enfin, la Conférence épiscopale française adopte le Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France.
Une nouvelle impulsion
Mais l’histoire récente du catéchisme s’étend bien au-delà des frontières de l’Hexagone et concerne l’Église tout entière. C’est dans la foulée du concile Vatican II que se développe le projet de la rédaction d’un Catéchisme de l’Église catholique (CEC). En janvier 1985, Jean-Paul II convoque un synode à l’occasion du 20e anniversaire de la clôture du Concile. Répondant à la proposition des Pères synodaux, le pape autorise la rédaction et la publication de ce catéchisme.
En 1987, le pape polonais nomme Mgr Christoph Schönborn, l’actuel archevêque de Vienne, secrétaire de la commission pour la rédaction du CEC. Le prélat travaille sous la direction du cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. La première édition paraît en 1992 en langue vernaculaire. En 1997, une nouvelle édition dite « de référence », écrite cette fois-ci en latin, est publiée, riche des corrections suggérées pendant cinq ans par les évêques du monde entier.
Sur la forme, le CEC est l’héritier du Catechismus ad parochos de Pie V. Il s’inspire de sa structure, divisée en quatre parties : la profession de foi, qui expose le contenu du Credo ; la célébration du mystère chrétien, qui concerne les sacrements ; la vie dans le Christ ; la prière chrétienne, avec un commentaire du Notre Père.
Abrégé et Youcat
Avec ses 600 pages, le Catéchisme de l’Église catholique impressionne. Pour rendre accessible ce best-seller vendu à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde entier, il est nécessaire d’élaborer un abrégé. Des résumés sont rédigés dans plusieurs pays. Néanmoins, confiera plus tard Benoît XVI, ces tentatives de synthèse sont « plus ou moins réussies ». C’est pourquoi, en 2002, Jean-Paul II confie cette tâche délicate à un homme de confiance, le cardinal Ratzinger lui-même. Ce dernier présente officiellement l’abrégé trois ans plus tard, quelques semaines après son élection au trône de Pierre.
L’abrégé du CEC, appelé également Compendium, n’est pas un catéchisme au rabais. Il reprend fidèlement la structure, le contenu et le langage de son grand frère mais se présente comme une succession de questions-réponses, une formule déjà éprouvée 500 ans plus tôt par saint Pierre Canisius. L’ouvrage comporte près de 600 questions, regroupées sur 200 pages. Impossible dès lors, pour le lecteur, de ne pas trouver de réponse à ses interrogations.
La diffusion du catéchisme doit beaucoup au monde germanophone. C’est d’Allemagne, en effet, que naît le projet d’une version destinée aux jeunes. Baptisé Youcat, pour Youth Catechism, ce petit livre jaune, riche en illustrations et en dessins, a lui aussi pour père le cardinal Schönborn. Les Journées mondiales de la jeunesse de Madrid, en 2011, permettent une diffusion rapide et massive du Youcat.
Au cœur de l’Année de la foi
Le CEC fête cette année son 20e anniversaire. Il sera à l’honneur de l’Année de la Foi que Benoît XVI inaugure en ce mois d’octobre, une initiative censée combattre ce qu’au Vatican on n’hésite pas à définir comme une « crise de foi, expression dramatique d’une crise anthropologique généralisée qui a laissé l’homme à lui-même ».
Pour vaincre la sécularisation qui se répand dans la société actuelle, il faut donner un nouvel élan à l’évangélisation, ce qui demande des chrétiens solides dans leur formation catéchétique. C’est pourquoi Rome a demandé aux conférences épiscopales de tout mettre en œuvre pour diffuser les contenus du CEC. Quel meilleur instrument, en effet, que le catéchisme, pour défendre la foi catholique, que ce soit par les idées issues de la Réforme ou par la sécularisation ?
L’Année de la Foi devra exprimer un engagement général pour la redécouverte et l’étude des contenus fondamentaux de la foi
qui trouvent dans le Catéchisme de l’Église catholique leur synthèse systématique et organique. Ici, en effet, émerge
la richesse d’enseignement que l’Église a accueilli, gardé et offert au cours de ses deux mille ans d’histoire. De la sainte Écriture aux Pères de l’Église, des Maîtres de théologie aux Saints qui ont traversé les siècles, le Catéchisme offre une mémoire permanente des nombreuses façons dans lesquelles l’Église a médité sur la foi et produit un progrès dans la doctrine pour donner certitude aux croyants
dans leur vie de foi.
Extrait du Motu Proprio « Porta Fidei »