Tsunami
J'ai vu venir sur moi un mur de sept mètres d'une violence inouïe. Je me suis réfugié sur le
toit d'une mosquée. Dans cette seule zone, il y a eu plus de 100 000 morts.
Le père Ferdinando Severi, 70 ans, missionnaire conventuel, vit depuis 30 ans à Banda Aceh, au Nord de l'Indonésie. Le matin du 26 décembre, il a vu déferler sur lui des vagues d'une force indescriptible. Pendant plus de huit jours, on l'a cru disparu, puis, une radio l'a rencontré. Il raconte.
J'avais célébré la messe de Noël le soir du 25 décembre, à Melaboh, sur la côte. Vers 8 heures du matin, j'allais porter des gâteaux à un malade, lorsque le tremblement de terre, d'une violence extrême et pendant une minute, a éclaté. Près de nous, les maisons s'écroulaient les unes après les autres, dans un fracas énorme. Puis, subitement, après 30, peut-être 40 minutes, le tsunami est arrivé. Des gens ont crié : l'eau arrive en ville ! ; j'ai couru, avec la foule, vers la partie haute de la ville, mais l'eau nous poursuivait et je me suis sauvé en montant sur l'édifice le plus élevé.
L'eau est ensuite montée jusqu'à trois mètres, puis, après trois heures, elle a commencé à descendre : nous nous sommes alors sauvés marchant dans l'eau, qui avait maintenant atteint un mètre d'hauteur, jusqu'à la partie haute de la ville. Là, les réfugiés qui avaient lutté contre l'eau arrivèrent, sans rien, racontant leur triste histoire et portant des nouvelles d'enfants et de parents noyés. Pendant quatre jours, mes supé rieurs m'ont cru noyé ; puis, en avion, je me suis rendu à Medan, et là ils ont su que j'étais vivant. Puis j'ai rejoint ma paroisse à Banda Aceh.
Qu'avez-vous vu autour de vous ?
Des scènes terrifiantes, inimaginables ! Des vagues de 8-9 mètres. Des corps noyés flottaient dans les rues transformées en rivières. Des rescapés racontaient que l'eau leur est tombée dessus comme une muraille. Une mère s'était accrochée à une plante de coco, la mer l'a engloutie, puis l'a ramenée saine et sauve sur le sable, toujours juchée sur ce tronc. Le lendemain, lorsque l'eau s'est retirée, une vision hallucinante s'est présentée à nous : des corps dans toutes les directions, des amas de débris hauts de trois-quatre mètres ; des gens qui apprenaient que leur fils avait disparu, d'autres qui avaient retrouvé le leur vivant...
Vous vivez ici depuis trente ans, quelle impression avez-vous d'une région ainsi frappée ?
Une impression terrible ! Je n'avais jamais vu dans les rues des corps ainsi déformés. Certains avaient encore les mains levées vers le ciel. Et des odeurs nauséabondes dans toute la ville... Il faut maîtriser ses sentiments pour ne pas perdre la tête.
Le père Ferdinando Severi, 70 ans, nous livre ainsi un témoignage exceptionnel.
C'est à lui et à ses confères d'Indonésie et d'Inde que seront destinés les dons recueillis par la Caritas Saint-Antoine pour les victimes du raz-de-marée. Ces dons seront envoyés lorsque seront recensés les vrais besoins et les projets de reconstructions les plus urgents.
Cet appel est adressé à tous les membres de la Famille Antonienne. Pour y contribuer, vous pouvez utiliser le bulletin ou l'enveloppe ci-joints.