Tahiti - L’archidiocèse de Papeete
Mgr Hubert Coppenrath, actuel archevêque de Papeete, a accordé une interview exclusive au Messager de saint Antoine. Il nous présente son diocèse.
Le Messager de saint Antoine. Quels sont les moments les plus marquants de l’histoire de l’Eglise de Papeete ?
Mgr Hubert Coppenrath. Le 7 août 1834, les premiers missionnaires catholiques débarquent à Mangareva, à l’extrême Est de l’actuel Polynésie française. Ils avaient choisi cette île parce que l’Ouest avait déjà été converti au christianisme par les missionnaires protestants. Le protectorat français, en 1842, leur permettra de débarquer à Tahiti, mais avec des restrictions à leur ministère pour ne pas mécontenter la population protestante. Ils vont donc se tourner vers les îles Tuamotu encore païennes. Le 21 juin 1966, le Vicariat apostolique de Tahiti devient l’archevêché de Papeete avec le diocèse de Taiohae comme suffragant.
Le 150e anniversaire a donc été célébré en août 1984.
– Peut-on parler d’une identité tahitienne ?
– L’identité tahitienne ou plutôt polynésienne est très marquée. La langue tahitienne et les autres langues polynésiennes sont encore largement utilisées, en particulier dans la liturgie. Même lorsque la messe est célébrée en français, les chants sont majoritairement empruntés au répertoire religieux local. Quelques rites spécifiques sont employés dans la liturgie, spécialement lors des grandes cérémonies. Cependant, depuis le début du XIXe siècle, à toutes les générations, un apport européen important est venu s’ajouter à la population polynésienne. L’immigration chinoise s’est révélée forte à certains moments. De là, une population très métissée mais qui reste marquée par la culture polynésienne tout en s’ouvrant de plus en plus à la culture française.
– Quelles sont les principaux mouvements et groupes qui oeuvrent dans l’Eglise de Papeete ?
– Parmi les principales œuvres sociales, on peut noter celles du Secours Catholique, qui a mis notamment en place des foyers d’accueil, pour aider les personnes en difficulté. Autre exemple : la fraternité chrétienne des handicapés, qui dispose de trois centres.
Dans le domaine de l’éducation : l’enseignement catholique scolarise plus de 12 000 élèves répartis dans les établissements d’enseignement général et professionnel et bientôt un centre d’études supérieures.
Les mouvements catholiques pour les jeunes existent, tels les Scouts de France, le Mouvement Eucharistique des Jeunes… Un mouvement particulier encadre la jeunesse des paroisses : l’Association du Monde des Jeunes.
Pour la prière et l’évangélisation, un centre de retraites spirituelles Tibériade reçoit plusieurs milliers de retraitants par an. Un deuxième centre est en construction. Quant à l’évangélisation, on trouve Te Nuu a Maria (issu de la Légion de Marie) et des communautés provenant du Renouveau charismatique. Autre œuvre d’Eglise : le Rosaire Vivant , fondé jadis par Pauline Jaricot, s’est structuré en mouvement de service paroissial et d’évangélisation, présent dans toutes les paroisses et regroupant au total plus de 2000 personnes.
Le Renouveau charismatique, déjà évoqué, a eu une grande influence et est actuellement présent dans plus de vingt paroisses, au sein de groupes de jeunes.
Pour les communications sociales, le diocèse dispose de deux périodiques, l’un en français, l’autre en tahitien, une librairie et une station de radio (qui ne couvre pour le moment que Tahiti et Moorea), un studio pour produire des émissions de télévision.
– Quelles sont les priorités pastorales de votre diocèse ?
– Les priorités pastorales ont été définies par les synodes qui ont organisé la pastorale du diocèse et qui se sont tenus en 1970 et 1973, et par la Révision apostolique de 1978. Ce sont :
Les vocations sacerdotales et religieuses. En effet, le diocèse n’avait pas de vocations sacerdotales et peu de vocations religieuses. Un gros effort de sensibilisation a été fait. Un séminaire moyen et un grand séminaire ont été fondés.
Formation. Le manque de prêtres a conduit le diocèse à reprendre un choix pastoral des premiers missionnaires : former des laïcs pour leur confier des responsabilités pastorales dans les petites communautés des îles où la visite du prêtre est très espacée. En fait, cette formation a dépassé petit à petit les limites d’abord fixées et elle s’est généralisée. Actuellement, pour les ministres laïcs, elle est assurée sous forme de sessions annuelles de quatre semaines dans six écoles .
Une autre formation, aux forces vitales , a été suivie depuis quelques années par plusieurs centaines de personnes, en particulier des enseignants, des travailleurs sociaux…
Enfin, une école diaconale, fondée en 1976, forme des diacres en un minimum de cinq ans (à temps partiel bien sûr).
Famille. Les premiers missionnaires ont trouvé un système familial bien éloigné de l’idéal chrétien. Ils ont donc, dès le début, cherché à christianiser la culture sur ce point. Au moment où leurs efforts commençaient à porter des fruits, les effets de la crise mondiale de la famille ont atteint notre diocèse. Le concubinage, le divorce, la mauvaise entente familiale ont eu des effets désastreux auxquels s’efforcent de remédier notamment l’Association Familiale Catholique et l’Union des Femmes Catholiques.
Les jeunes. Il faut ajouter une quatrième priorité : les jeunes. Nous songeons à organiser des assises des jeunes sur le modèle des synodes de 1970 et 1974, mais consacrés uniquement aux jeunes.
– Quels sont les principaux défis auxquels l’Eglise de Papeete est confrontée ? Comment envisage-t-elle de les relever ?
– Les défis ne manquent pas. Le premier consiste à faire face à l’invasion d’une culture sécularisée et matérialiste portée par l’économie, les media, une intelligentsia dominée par des métropolitains incroyants… Son influence grandit à vue d’œil, se traduisant, par exemple, par une baisse de la pratique religieuse, principalement chez les jeunes.
Un deuxième défi est constitué par la disparition des missionnaires. Pendant très longtemps, le diocèse a bénéficié du service de religieux, prêtres ou frères, de religieuses venus principalement de France et du Canada. Cette source est maintenant tarie et ceux qui sont encore présents vieillissent. Les remplacer numériquement est déjà un problème mais trouver rapidement des religieux et religieuses possédant les mêmes qualités et les mêmes capacités relève de l’impossible. Aussi, dans de nombreux postes, ces religieux et religieuses doivent être remplacés par des laïcs.
L’Espérance repose avant tout sur Jésus-Christ qui est vivant. Des signes permettent d’espérer. Dans le domaine des vocations, on note une évolution positive puisque le diocèse, qui n’avait aucune vocation, en a maintenant quelques-unes, trop peu nombreuses malgré tout (1). Des progrès sont aussi visibles dans les domaines de l’évangélisation et de la formation.
Dans la revue SNOP du 22 septembre 2000, Mgr Hubert Coppenrath précisait : (…) grâce à l’aide de la province franco-américaine des Oblats de Marie, le défi a été relevé, et, depuis 1992, date des premières ordinations, 11 prêtres sont sortis de ce séminaire.
Statistiques Population du diocèse de Papeete : 220 000 habitants dont environ 35% de catholiques. Eglise évangélique : 40% Mormons : 9%. Adventistes : 6%. Sans religion : 7%. Autres : 3% (surtout des sectes et des dissidences de l’Eglise adventiste). Nombre de paroisses : 82. Nombre de prêtres : 30 (13 diocésains et 17 religieux). Nombre de séminaristes : 13 + 2 scolastiques. Un scolastique est en formation en France, tous les autres à Papeete. Nombre de diacres permanents : 23. Source : archevêché de Papeete. | Formation des séminaristes En 1983, ouverture d’un séminaire dans le diocèse de Papeete:
Durée de la formation:
Projet: Source : archevêché de Papeete. |