Synode pour l’Amazonie
« Dépasser la myopie, l’immédiateté et les solutions à court terme ». Voici ce à quoi le Synode sur l’Amazonie nous appelle. Ces mots du pape François sont vigoureux et nous mettent face au fait accompli : nous devons nous intéresser à cette région du monde et comprendre que les défis de l’Amazonie concernent l’Église et le monde entier.
Ces trois semaines d’octobre sont consacrées à « rechercher de nouveaux chemins pour faire s’épanouir le visage amazonien de l’Église » mais aussi pour « faire face aux situations d’injustice de la région ». La région pan-amazonienne regroupe neuf pays : Bolivie, Brésil, Colombie, Équateur, Pérou, Venezuela, Suriname, Guyana et Guyane française, mais son destin concerne la Planète tout entière. Car cette région doit être préservée des abus et des intérêts économiques qui ne respectent ni la nature ni la vie humaine.
Le cardinal Hummes, préfet émérite de la Congrégation pour le Clergé et rapporteur général du Synode des évêques pour l’Amazonie, affirme que cette région n’a jamais été aussi menacée qu’aujourd’hui, évoquant même un « néocolonialisme économique ». Ce dernier se manifeste dans l’avidité des entreprises agricoles ou les industries d’extraction, dans les projets infra-
structurels qui nuisent à sa biodiversité.
L’Amazonie est multiple et multi-
ethnique avec plus de 300 peuples distincts et compte 34 millions d’habitants dont plus de 3 millions sont des indigènes. Les distances sont considérables. Le territoire de l’Amazonie est l’une des « plus grandes réserves de biodiversité, avec 30 à 50 % de la flore et de la faune mondiales, et d’eau douce (20 % d’eau douce non congelée de toute la Planète) ». Ce chiffre nous concerne tous et nous convoque de manière urgente à préserver les richesses de la Madre tierra (terre mère).
Préserver les richesses de la terre
Le cardinal Claudio Hummes explique que ce Synode est réalisé dans le contexte de la crise mondiale et climatique qui est « très grave ». À cause de sa foi dans le Créateur et de l’Incarnation du Christ, poursuit-il, l’Église se doit d’assumer le soin de la maison commune. Le document préparatoire au Synode rappelle que « la relation d’appartenance et de participation qu’entretiennent les habitants de l’Amazonie avec la Création fait partie de leur identité et contraste avec une vision mercantiliste des biens de la Création ».
« Du point de vue environnemental, peut-on encore lire, l’Amazonie est non seulement source de vie au cœur de l’Église, mais aussi un poumon de la Planète et un des sites de majeure biodiversité du monde ». Ceci fait écho aux paroles du pape François en Amazonie péruvienne : « Les forêts, les fleuves et les ravins sont usés, utilisés jusqu’à la dernière ressource et ensuite abandonnés, inoccupés et inutiles ».
Lorsqu’on survole la forêt amazonienne, son fameux manteau vert apparaît troué par de grandes taches jaunies, traces de l’exploitation forestière et de la prospection illégale. Pour Mgr Lafont, évêque de Cayenne, le territoire amazonien est « un concentré de tous les combats que nous menons pour édifier une société respectueuse de tous les éléments de la Création : la faune, la flore et bien sûr l’être humain », sans oublier l’eau. L’eau n’est pas infinie et nous devons réfléchir à la forme de la protéger.
La protection de l’eau
L’eau est un bien incontournable « pour la survie humaine et pour l’équilibre de l’écosystème », martèle le cardinal Hummes. « En Amazonie, c’est l’eau qui prend soin de la forêt, une quantité d’eau immense, et la forêt prend soin de l’eau ». Les communautés indigènes sont les gardiens avérés de cette eau. Selon le cardinal brésilien, l’une des mesures urgentes à prendre est la création d’une « nouvelle culture du pauvre en relation avec l’eau ».
Protéger l’eau est ainsi fondamental car nous nous trouvons au centre d’une crise écologique et climatique urgente. L’eau (rivières, lacs et cours d’eau) constitue l’articulation et l’intégration, dont l’axe majeur est l’Amazone, « le fleuve mère et père de tous ».
Pour le pape François, le monde entier devrait écouter la sagesse des peuples d’Amazonie qui ont un lien si particulier avec le poumon de la Planète.
Avenir de toute la Planète
Le document préparatoire au Synode redit « l’importance vitale pour la Planète » de la forêt amazonienne. Les réflexions du Synode vont bien au-delà du cadre strictement ecclésial amazonien, elles s’étendent à l’Église universelle et à l’avenir de la Terre. Ce document déplore que « la culture dominante de la société de consommation et du déchet transforme la Planète en une grande décharge publique. Le Pape dénonce ce modèle de développement anonyme, asphyxiant, sans mère, dont les seules obsessions sont la consommation et les idoles de l’argent et du pouvoir. »
Les menaces en Amazonie sont nombreuses et le président brésilien considère que les droits des peuples indigènes sont un obstacle à la libre exploitation de l’Amazonie. Or la défense des cultures des communautés amazoniennes est un devoir des catholiques : toute culture qui reçoit l’Évangile permet à l’Église tout entière de percevoir une nouvelle facette du visage du Christ. Ces mots ont une résonnance particulière car ce Synode a lieu pendant le mois missionnaire extraordinaire, ce mois d’octobre, à l’occasion du centenaire d’une lettre apostolique du pape Benoît XV, qui a redonné un élan nouveau à la mission de l’Église.
Si le pape François insiste tant sur la défense de la terre, c’est parce qu’elle n’a d’autre finalité que la défense de la vie. La Création au cœur de la mission.