Sur le chemin de Noël
Chez Luce, chaque dimanche de l’Avent a un sens, et rythme le chemin de Noël : « Le premier dimanche de l’Avent, on fabrique une couronne ; le deuxième dimanche, on sort la crèche ; le troisième dimanche, on invite souvent des amis ou des connaissances de la paroisse car c’est le dimanche de la joie ; le quatrième dimanche, on décore le sapin, détaille avec un sourire cette mère de famille et professeur de littérature. On a aussi un super calendrier de l’Avent sur les saints du mois de décembre, ajoute-t-elle. Chaque jour, on pioche une petite chose à faire : soit préparer des petites douceurs (pains d’épices, sablés), qu’on peut envoyer en colis alimentaires pour la Société de Saint-Vincent-de-Paul, soit décorer la maison, etc ».
Un temps pour se préparer
Pour Sarah aussi, la décoration est primordiale. « On met même des ornements sur les fenêtres, s’amuse cette mère de quatre enfants qui change de crèche tous les ans. C’est la tradition chez nous, on choisit un thème différent chaque année. La crèche peut être bâtie sur fond de cathédrale, de lac, de train. » Elle note cependant le « besoin des autres » pour entrer dans l’esprit de Noël. « J’ai parfois eu du mal à m’y mettre, j’ai eu besoin d’inviter, d’échanger, de partager un chocolat chaud. Parfois on perd le goût de se préparer, on est absorbé par le quotidien, ou lassé des rituels… Dans ce cas, l’enthousiasme des autres peut m’aider à retrouver la joie de me mettre en mouvement ». Pendant tout le mois, Sarah se réjouit ainsi d’un « ensemble de petites choses qui nous amènent vers l’apothéose du 24 décembre ».
Créer une atmosphère
Pierre, trentenaire, garde des souvenirs impérissables de l’Avent en famille, où ses parents réveillaient la tribu en mettant des musiques de Noël dans le couloir. « On avait aussi une guirlande lumineuse sur le sapin et on se disputait pour l’allumer, on éteignait la lumière du salon et on la regardait, c’était magique pour des enfants. » Sur la cheminée, leur mère installait une crèche qui grandissait d’année en année : il était de coutume en effet d’acheter un nouveau santon par an. Noël se préparait en grand, explique le jeune homme : « Le soir, on lisait des contes ; le weekend on regardait des films de Noël . À l’instar de la chaine de télévision américaine familiale Hallmark Channel, qui propose chaque année un compte à rebours de films jusqu’à la naissance du Christ, Pierre et ses cinq frères et sœurs se sont nourris de classiques indémodables comme La vie est belle, Family Man, A Christmas Carol, Maman j’ai raté l’avion… « Cela crée une ambiance de joie, estime-t-il. Ces œuvres transmettent la paix et l’espérance, créent une atmosphère propice à ce moment de fête. »
Le grand évènement du monde
Si la préparation matérielle est nécessaire, la préparation spirituelle n’est pas à négliger. Mère de quatre enfants de 30 à 22 ans et grand-mère, Martha a toujours honoré un engagement spirituel pendant le temps de l’Avent : « Avec mon mari, on essayait d’aller à la messe quotidienne, qu’il y ait au moins une présence de l’un de nous deux. Pour mes enfants, raconte cette Irlandaise, j’avais instauré une petite habitude après le dîner : on avait un calendrier de l’Avent, accroché sur l’escalier, avec un petit sac contenant des chocolats pour les 24 jours qui précédaient Noël. Chez nous, il y en avait un pour chaque enfant – sinon je trouvais ça trop injuste ! – accompagné d’une petite pensée. Pour préparer ce calendrier, je piochais dans un livre des lectures du jour : je le parcourais et j’y trouvais une petite parole, soit le psaume, soit la lecture, soit l’Évangile du jour. Je mettais cette petite parole avec le chocolat, explique-t-elle avec humour, parce que pour les êtres incarnés que nous sommes, le pratique nous marque parfois plus que le spirituel. Maintenant que mes enfants sont loin, ajoute Martha, j’envoie les petites pensées sur notre groupe WhatsApp pendant l’Avent ».
Culturellement, Martha est attachée à la tradition anglo-saxonne des Christmas Cards. « On envoie une petite carte à tous ses amis et aux membres de sa famille proche. J’en reçois beaucoup, et je les accroche, comme symbole de la famille et des amis réunis avec des petits mots. Les Français s’émerveillent en voyant ces cartes affichées. Plus les années passent, confie Martha, plus je réalise que la fête de l’Incarnation c’est le grand évènement du monde ! »