Suivre Jésus dans le silence

La Parole de Dieu

Jésus parcourait les villages à la ronde en enseignant.
Il appelle à lui les Douze
et il se mit à les envoyer en mission deux à deux,
en leur donnant pouvoir sur les esprits impurs.
Étant partis, ils prêchèrent qu’on se repentît ;
et ils chassaient beaucoup de démons
et faisaient des onctions d’huile
à de nombreux infirmes et les guérissaient…
Les apôtres se réunissent autour de Jésus,
Et ils lui rapportent tout ce qu’ils avaient fait
et tout ce qu’ils avaient enseigné.
Et il leur dit :
« Venez vous-mêmes à l’écart,
dans un lieu désert,
et reposez-vous un peu. »
De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux
que les apôtres n’avaient pas même le temps de manger ;
ils partirent donc dans la barque
vers un lieu désert, à l’écart (Mc 6, 6-7.12-13.30-33).

La parole de saint Antoine 

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, dit Jésus, qu’il se charge de sa croix, chaque jour, et ainsi qu’il me suive » (Lc 9, 23).
Si tu désires venir vers moi et me trouver, suis-moi, cherche-moi à part (seorsum).
« Venez avec moi à l’écart, dans un lieu désert, et reposez vous un peu » (Mc 6, 31).
« Venez à l’écart » de la foule bruyante, dans la solitude de l‘esprit et du cœur, « et reposez vous juste un peu ».
À ce sujet, le prophète Osée dit : « Je l’allaiterai, et la conduirai au désert, et je parlerai à son cœur » (Os 2, 16).
Les trois expressions allaiter, conduire au désert, parler à son cœur désignent les trois états de la vie spirituelle : les commençants, les progressants et les parfaits.
Le Seigneur allaite le commençant, lorsqu’il l’illumine par Sa grâce, afin qu’il grandisse de vertus en vertus ; Il le conduit alors à l’écart du vacarme des vices et du désordre des pensées, au repos de l’esprit ; et là, lorsqu’il est déjà parfait, Il parle à son cœur et lui donne à éprouver la douceur et la joie de l’esprit. Qu’elle est alors profonde, dans son cœur, la grandeur de la dévotion, de l’émerveillement et de l’exultation !
Jésus parle à la manière d’une tendre mère. Lorsqu’elle veut apprendre à son enfant à marcher, elle lui montre un pain ou un fruit en lui disant : « Viens après moi, je te le donnerai. » Et lorsque l’enfant est presque à l’attraper, elle s’éloigne, continue de le lui montrer et l’invite à la suivre. De même Jésus, pour que nous le suivions, se propose en exemple et nous promet la récompense dans le Royaume.

Pour aller plus loin

Nous avons déjà commenté ce passage, profondément spirituel et toujours actuel, écrit pour la fête de saint Jean l’évangéliste, fin décembre.

Le repos auquel Jésus invite est sa présence, car de même que le joug de sa loi d’amour est léger, sa présence est une oasis de paix, au milieu du désert de notre vie. Sans lui notre cœur est inquiet, répétait saint Augustin dans ses Confessions. Dans sa parole nous trouvons la réponse au sens de notre vie ; dans son cœur, le réconfort d’une vraie consolation ; auprès de lui, la sécurité d’un abri qui nous protège des vents des difficultés et calme les tempêtes de nos drames personnels et familiaux.

En lui est la sagesse, dit encore saint Antoine dans un sermon sur la Nativité du Seigneur. Une sagesse qui répond à nos interrogations et apaise nos doutes. Si toutefois nous avons le courage de l’interroger… Car, le plus souvent, nous nous contentons des réponses superficielles des bavardages quotidiens et notre « parole d’évangile », c’est la télévision, avec ses débats, abondants en légèretés, flatteurs de stars, en ligne avec les sondages, mais non avec la vérité. Les vérités sur la vie, l’amour, nos anciens, la maladie, la mort, dérangent… Jésus, lui, nous apprend la liberté quand il nous dit de penser comme Dieu et non comme les hommes. En lui sont les pensées de paix et non de malheur ; en lui est la miséricorde qui accueille nos souffrances ; en lui, le pardon qui redonne la paix.

Ayons le courage d’accepter la contradiction, parfois l’humiliation et la persécution. La paix du cœur, elle aussi, est au prix d’une lutte.