Soulager la souffrance...
Ce numéro présente en couverture une image bien connue, celle du Padre Pio, dont le regard doux et compatissant révèle « l’homme de prière et de souffrance », que décrit pour nous le P. Pio Murat, capucin de Versailles (pages 14-19).
Le thème de la souffrance forme, d’ailleurs, le motif récurrent de ce Messager de mai. Les souffrances de la guerre, tout d’abord, sur fond de lueur sinistre des bombardements nocturnes, que déploie, dans les camps et sur les routes, l’interminable cortège des victimes de la violence au Kosovo. Le monde aurait-il oublié le cri de Paul VI à l’ONU : « Jamais plus la guerre ! Jamais plus la guerre » ? Ce cri anime encore les efforts de ceux qui travaillent pour que se taise le bruit des armes, et que cessent ces images terribles de vieillards, de femmes et d’enfants martyrisés par leurs frères, les hommes.
La souffrance est encore sous nos yeux dans les hôpitaux où des êtres sans connaissance, et dont la médecine elle-même ignore l’issue, ne sont pas acceptés pour les soins officiels. Bien de ces malades avaient donné le meilleur d’eux-mêmes sur des chantiers dangereux, puis un jour, une chute les a blessés et enlevés, peut-être pour toujours, à leurs familles. La souffrance est également présente dans ces hôpitaux où les soins palliatifs (voir notre dossier, pages 37-41) s’efforcent de soulager la douleur de nombreux malades en fin de vie.
La souffrance est présente enfin, dans la perte d’amis qui nous étaient chers et qu’une grave maladie vient d’emporter. Nous pensons en particulier à Philippe Warnier, décédé le jour de Pâques. C’était un chrétien engagé... dans la lutte contre toute guerre et toute forme de violence. Un chrétien qui a servi l’Eglise, par ses engagements de militant, par la presse – il a été jusqu’à sa mort, rédacteur en chef de la revue Prier –par le diaconat permanent, reçu le 17 décembre dans la cathédrale d’Evry. « J’aime la vie, écrivait-il dans Prier, en février dernier... L’expérience de la maladie a transformé ma prière. J’ai pris conscience avec force de la proximité de Dieu qui est venu nous rejoindre dans notre humanité souffrante ».
En 1995, il avait consacré un numéro de sa revue à saint Antoine, qu’il aimait. Qu’il en soit remercié par notre souvenir reconnaissant et notre prière.