Sortir de la crise grâce au microcrédit
Grâce à l’attribution du Prix Nobel de la paix à Muhammad Yunus et à la Grameen Bank qu’il a fondée en 2006, le concept de microcrédit est devenu mondialement connu. Cet instrument bancaire vise à aider les personnes financièrement fragiles à créer une petite entreprise ou à développer des investissements dans un petit commerce. En raison du manque de ressources financières et de garanties, ces personnes n’ont généralement pas accès aux prêts bancaires classiques ou sont impuissantes face aux usuriers qui les conduisent finalement à la ruine. Le microcrédit propose des conditions économiquement viables, de sorte qu’il est probable que les emprunteurs soient en mesure de rembourser la dette et les intérêts. On estime que 150 à 200 millions de personnes dans le monde ont bénéficié d’un microcrédit. Le volume total s’élève à environ 70 milliards de dollars américains. Les pays surtout concernés sont l’Inde et le Bangladesh.
L’Argentine sinistrée
Le projet de la Caritas Saint-Antoine, lui, nous conduit en Argentine qui était, jusqu’à la moitié du siècle dernier, un pays prospère. Mais la situation s'est détériorée jusqu'à la faillite nationale de 2001. Depuis 1985, l’Argentine a été l’un des cinq plus gros emprunteurs du Fonds monétaire international, et ce sans interruption. Le taux d’inflation en juillet 2021 était de 51,8 % par rapport au même mois de l’année précédente.
Le partenaire de notre projet de donation est l’association Puertas Abiertas al Trabajo Solidario (Portes ouvertes au travail solidaire), représentée par Valeria Fernandez Saavedra, qui est la personne référent pour la Caritas Saint-Antoine. L’association est active, entre autres, dans la paroisse de Santa Cruz à Buenos Aires, qui est dirigée par des pères passionistes. Selon Valera Saavedra, l’objectif du programme est de « renforcer le travail des petits entrepreneurs qui veulent se lancer ou se développer dans les affaires ». À cette fin, des microcrédits sont distribués, mais des réunions hebdomadaires en groupes et des séances de coaching individuel sont également organisées. En huit ans, l’association a accordé plus de 700 prêts pour un montant total de 1,19 million de dollars américains. Grâce à la Caritas Saint-Antoine, nous avons pu contribuer à une aide de 20 000 euros.
Petits prêts, grands impacts
Les comptes-rendus réguliers que la Caritas Saint-Antoine demande au partenaire du projet garantissent que les fonds sont utilisés de manière ciblée – même si les circonstances sont nettement plus difficiles en raison de la pandémie actuelle. En novembre de l’année dernière, Valeria Saavedra écrivait : « Les défis et les exigences de la pandémie continuent d’être divers et complexes en Argentine. Cependant, malgré toutes les adversités, nous avons réussi à mener à bien notre projet et même à faire plus que ce que nous avions prévu ! ».
Le compte-rendu de mars dernier se lit alors comme une belle histoire de réussite : en tout, 52 microcrédits ont été accordés. Plus de 100 familles et petites entreprises ont reçu un soutien financier et ont pu bénéficier de douze sessions de formation en ligne. Au total, 544 personnes ont participé à ces sessions en ligne concernant principalement les domaines de l’autogestion et de l’organisation du travail. Les prêteurs le savent : plus on reçoit de compétences en cours de route, plus les chances de succès sont importantes et donc plus grande est la probabilité de pouvoir effectivement rembourser les prêts, intérêts inclus.
Parmi les différents projets soutenus, il convient d’en mentionner un : 14 familles ont décidé de se lancer dans la culture de fruits et légumes sans pesticides. De cette façon, les dons de nos lecteurs ont un double effet positif : ils soutiennent des personnes en leur assurant de meilleures conditions de vie et contribuent en même temps à une exploitation plus saine et plus responsable de la Création. Nous pouvons donc nous réjouir en lisant le bilan envoyé par Valeria Saavedra : « Grâce à notre engagement avec la Caritas Saint-Antoine, nous avons réussi à améliorer sensiblement la qualité de vie de 3 144 personnes au total ! ».