Semeur de joie

19 Avril 2012 | par

Drôle de personnage que Maurice Recolin. Pardon, Kinou. Car depuis 40 ans, tout le monde l’appelle Kinou. Passionné par les clowns depuis sa plus tendre enfance, et par Achille Zavatta dont il refaisait les numéros en colonie de vacances, Kinou est fier de son tout premier gag… sa naissance ! « Je suis né le 31 décembre 1945 à minuit pile ! », s’amuse-t-il.

Après avoir travaillé plus de dix ans avec le célèbre Jean Richard, Kinou fait le choix de s’installer en Haute-Savoie pour ne pas s’éloigner de ses deux enfants et ne pas sacrifier sa vie de famille. Là, il rencontre un médecin et écrit avec lui plusieurs livres sur les bienfaits du rire.

Parallèlement, Kinou anime des fêtes de villages, kermesses et autres goûters d’enfants. « Je me suis retrouvé en 1987 dans un goûter près de Genève où les enfants étaient particulièrement casse-pieds, gâtés. Fatigué, je ne me suis pas changé en sortant. Je suis passé près de l’hôpital d’Annemasse et j’y suis entré pour faire rire des enfants qui en avaient besoin. Après un moment de surprise, j’ai été très bien accueilli par les infirmières, les enfants étaient enthousiastes, et les parents, rongés par l’angoisse de voir leur enfant malade, ont été étonnés de les voir prêts à rire à l’arrivée de ce personnage. »

Après quinze ans à visiter seul les hôpitaux, Kinou monte l’association Semeurs de joie. Depuis, au moins deux clowns visitent chaque semaine les cinq hôpitaux de la région. Un atelier de formation est également organisé tous les mois.

Chrétien, Kinou tient cependant à ce que son association n’ait aucune étiquette religieuse. « Dans les chambres, non seulement on a des petits musulmans, des athées, mais en plus un clown doit être neutre. La plus belle question que l’on m’ait posée dans ma carrière, c’est un gamin qui m’a demandé ce que mangeaient les clowns. Ça voulait dire que pour lui j’étais un personnage un peu irréel, comme le père Noël ! »

Cette neutralité ne l’empêche pas de rendre grâce intérieurement lorsqu’il croise un enfant qui rit, qui est épanoui. En dehors de l’hôpital, Kinou ne cache plus sa foi. Ses recherches sur le rire lui ont permis de découvrir que sa religion était joyeuse. « Je me suis aperçu que Jean XXIII n’arrêtait pas d’avoir des pointes d’humour, qu’au séminaire Thomas d’Aquin était surnommé Thomas Taquin à cause de ses blagues, que Don Bosco faisait des tours de magie et de jonglage pour amener à lui les enfants des rues… »

Kinou monte alors un spectacle sur la joie et l’humour en Église. Mais il veut s’investir plus et va voir son évêque qui lui parle du diaconat. « Après quelques jours de réflexion, je m’étais dit que ce n’était pas possible. Diacre et clown me semblaient incompatibles. Je me suis alors investi dans la pastorale de la fête. Et puis pour l’évêque, le travail que je faisais dans les hôpitaux, faire rire, détendre un enfant, c’était déjà être sur les pas du Christ. Saint François de Sales a d’ailleurs dit “un saint triste est un triste saint”, donc offrir du rire, apporter un peu d’amour relève d’un engagement chrétien. »

Et l’amour, Kinou le matérialise à la fin de tous ses spectacles. « Je gonfle un ballon qui devient un gros cœur. Je dis alors : “Regardez, la vraie magie, c’est l’amour qu’il y a dans ce cœur. Si je le lâche, je vais le partager avec vous. Voilà le secret du bonheur.” » 

 

Pastorale de la fête et des artistes chrétiens

La Pastorale de la fête et des artistes chrétiens a deux objectifs : favoriser le contact avec les forains, les cirques, et aider à l’organisation de fêtes dans les paroisses, services du diocèse, communautés. Il y a des sœurs qui vont voir les forains, moi je vais visiter une dizaine de petits cirques par an. Mais c’est difficile, ils sont tous un petit peu « récupérés » par les évangéliques qui forment des pasteurs au sein même des cirques. Donc c’est beaucoup de coups d’épée dans l’eau. Le côté festif est beaucoup plus développé. On aide par exemple la pastorale de la santé en donnant des astuces, des trucs pour détendre un groupe d’enfants, on participe à leurs fêtes. Nous intervenons aussi dans les centres d’enfants handicapés, mais aussi aux thermes de Saint-Gervais où il y a une chapelle. Chaque été, plein d’enfants viennent pour des problèmes de peau. On s’affiche un peu pour qu’ils sachent qu’il y a une chapelle et un aumônier.



Kinou

www.semeursdejoie.org


 

Updated on 06 Octobre 2016