Saisons de la vie
La parole de Dieu
Quand vint la plénitude du temps,
né d’une femme, né sujet de la Loi,
afin de racheter les sujets de la Loi,
afin de nous conférer l’adoption filiale.
Et la preuve que vous êtes des fils,
c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs
l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père !
Aussi n’es-tu plus esclave mais fils ;
fils et donc héritier de par Dieu.
(Ga 4, 4-7)
Il y a un temps pour chaque chose… (Qo 8, 6)
La parole de saint Antoine
Remarque que dans l’année il y a quatre saisons : l’hiver, le printemps, l’été et l’automne. D’Adam jusqu’à Moïse, il y eut comme un hiver : « La mort, dit l’Apôtre, a régné d’Adam à Moïse » (Rm 5, 14). De Moïse jusqu’au Christ, ce fut le printemps. Durant ce printemps les fleurs, promesses de fruits, ont commencé à pulluler. Mais lorsque vint l’été, qui est la plénitude du temps et dans lequel les arbres se remplissent de fruits, alors « Dieu envoya son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4).
Il y aura l’automne dans le bonheur céleste, où les saints mangeront leur pain à satiété « et siègeront chacun sous sa vigne et sous son figuier et personne ne les inquiétera » (Mi 4, 4) (Dimanche après la Nativité).
« Cette année-là, Isaac moissonna le centuple » (Gn 26, 12).
La vie du Christ est appelée « année de pardon et de miséricorde ». Comme dans une année il y a quatre saisons : l’hiver, le printemps, l’été et l’automne, ainsi dans la vie du Christ il y a eu l’hiver de la persécution d’Hérode, à cause de laquelle il s’enfuit en Égypte ; le printemps de la prédication, lorsqu’apparurent les fleurs (Ct 2, 12), les promesses de la vie éternelle, l’été de la Passion, où le Christ a arraché le genre humain du pouvoir du démon, et l’automne de sa résurrection, dans laquelle son humanité, unie au Verbe, fut recueillie à la droite de Dieu le Père.
Dimanche de la Sexagésime
Pour aller plus loin
Toujours attentif à lire dans le déroulement du temps et l’étendue de l’espace, les traces de l’action créatrice de Dieu et leurs significations pour notre vie, Antoine s’attarde trois fois sur les saisons de l’année. Une première fois, à l’occasion de la parabole du semeur et les fruits de la Parole de Dieu chez ceux qui l’accueillent
(cf. Lc 8, 5) ; une deuxième fois, en parlant du soleil, obscurci par un nuage mais brillant à nouveau (2 M 1, 22) ; une troisième fois, lors de la Nativité du Seigneur, « né d’une femme » (Ga 4, 4). Dans les trois cas, l’application est faite en vue du Christ ; deux fois comme centre de l’histoire, par rapport aux âges du monde qui l’ont précédé et dont il représente l’achèvement : d’Adam à Moïse, de Moïse au Christ, l’Incarnation et la glorification venant couronner les souffrances de sa passion ; une fois, par rapport aux quatre jalons qui ont caractérisé sa vie sur terre : l’hiver de la persécution, le printemps de la prédication de la bonne nouvelle, l’été de la Passion, l’automne de la Résurrection.
Mais Antoine ne se limite pas à de simples énumérations : images et symboles se succèdent pour nous faire éprouver les sensations propres aux saisons et en tirer des leçons : froideur de l’hiver et de la mort, physique et spirituelle ; beauté des fleurs et promesse de nouvelle vie ; richesse des moissons et fruits spirituels ; cueillettes de l’automne et destruction des œuvres mortes.
Chaque passage des Sermons d’Antoine devient ainsi, en raison de sa densité, une source d’émerveillement et une précieuse leçon de vie.