Résurrection de Notre-Dame de Paris
Quarante rayons de soleil qui émanent de Notre-Dame. Tel est le nouveau logo aux tons bleutés dont la cathédrale s’est dotée pour symboliser sa renaissance. Comme les 40 jours de la traversée du désert qui mènent à Pâques, montrant la résurrection sur terre de Notre-Dame ! La durée de ce chantier fut longue pour certains mais finalement bien resserrée. L’incendie du 15 avril 2019 a détruit une partie des voûtes, la charpente en bois – datant pour sa plus grande partie du XIIIe siècle-, la couverture ainsi que la flèche construite par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc au XIXe siècle. Les catholiques du monde entier ainsi que les passionnés d’Histoire, de patrimoine, de beauté et attachés à la Vierge Marie sont bouleversés et peinés. Quelques heures de flammes vigoureuses que les pompiers ont fini par dompter pour le plus grand soulagement de tous : l’effondrement total de ce joyau gothique et emblème de la capitale de l’Hexagone n’était pas loin, mais les tours ont résisté, maintenant le vaisseau dressé vers le ciel.
L’incendie et après
Au lendemain de l’incendie, la sidération a laissé place à la mise en œuvre d’un chantier pour rebâtir la cathédrale. La construction de Notre-Dame s’était étalée sur 150 ans, elle sera reconstruite en 5 ans et demi. Un an après l’incendie, l’échafaudage calciné est enfin découpé. À la fin de cette opération, les travaux de restauration ont pu commencer. En septembre 2021, la phase de sécurisation et de consolidation est terminée, permettant le début de la rénovation de la toiture et de la charpente. En avril 2023, le tabouret de la flèche est assemblé, gruté et posé. Le tabouret, socle en bois qui accueillera plus de 500 tonnes de chêne massif et de plomb, constitue la partie inférieure de la charpente. Ce même mois, les percements et les brèches des voûtes du chœur et de la nef ont été refermés par les tailleurs de pierre ; outre la charpente détruite, l’incendie a endommagé les structures en pierre de la cathédrale comme les voûtes, les murs, les colonnes. En effet, la chaleur des flammes et les milliers de litres d’eau lancés par les pompiers pour éteindre le feu ont altéré les maçonneries et la solidité des voûtes. Pour que la cathédrale retrouve sa splendeur, ce sont plus de 500 compagnons et encadrants qui y travaillent. Tout l’intérieur de Notre-Dame a dû être nettoyé : les murs, les décors peints et les voûtes représentant plus de 42 000 m2. L’étonnement des fidèles sera grand car avec les siècles la poussière s’était accumulée, ainsi que la noirceur avec les bougies notamment. Le grand orgue a, quant à lui, été démonté et retrouvera sa voix autour du 8 décembre. Pour restaurer les maçonneries détruites, ce sont près de 1 300 mètres cubes de pierres qu’il a fallu trouver ; pour reconstruire la flèche et la charpente, plus de mille chênes ont été nécessaires. Cette charpente médiévale aura été reconstituée à l’identique, en bois et avec des troncs non sciés mais équarris pour les transformer en poutres, comme cela se faisait au XIIIe siècle. Le nombre de poutres et leur densité a donné le nom de « forêt » à cette charpente qui retrouve peu à peu sa place dans le décor de l’Île de la Cité. Les échafaudages intérieurs disparaissent peu à peu, le volume de la cathédrale réapparaît, les pierres, le bois, les vitraux reprennent forme et redonnent progressivement des couleurs à Notre-Dame.
L’intérieur de Notre-Dame
L’aménagement intérieur de la cathédrale est une partie non négligeable de la reconstruction et de sa restitution. Elle redevient la maison-mère. Dans quelques mois, le nouveau mobilier liturgique trouvera sa place, les chaises seront disposées dans la nef, le parcours de visite et le chemin des pèlerins, mais aussi le son et la lumière, seront installés. Chaque projet d’agencement veut respecter le sens profond du lieu et l’accueil des fidèles et des visiteurs. En pénétrant dans la cathédrale, les fidèles seront invités à aller sur la gauche pour admirer les chapelles de « l’allée de la Promesse », du nord jusqu’au sud, comme un passage des ténèbres à la lumière. Les chapelles de « l’allée de la Pentecôte » clôtureront le parcours. Un espace dans le chœur ainsi que trois chapelles seront réservées à la prière et au recueillement des fidèles. Le mobilier liturgique est composé de l’autel, du baptistère, de l’ambon, de la cathèdre et du tabernacle. La conception de ce nouveau mobilier, en bronze, confiée à l’artiste Guillaume Bardet, se veut être d’une « noble simplicité ». Le baptistère sera installé à l’entrée de la cathédrale et le tabernacle dans le chœur, sur l’autel de Viollet-le-Duc. Les chaises, en chêne massif, ont été choisies pour leur effet de légèreté et leur manipulation facile ; ces 1 500 chaises seront produites par la designer Ionna Vautrin. La châsse-reliquaire, derrière le maître-autel, sera quant à elle conçue par l’architecte Sylvain Dubuisson. Notre-Dame sera enfin prête pour nous accueillir de nouveau. « Nous la découvrirons telle que personne ne l’a jamais vue », confie le père Normand, chapelain de la cathédrale. Pour lui, « le terme du chantier ne signifiera pas : “C’est fini”, mais bien : “Tout commence” ».
La statue de la Vierge au Pilier reviendra de Saint-Germain l’Auxerrois (Paris, 1er) et le 7 décembre 2024 au soir, les clés de Notre-Dame seront remises à l’archevêque de Paris, les portes de la cathédrale s’ouvriront, les 8 000 tuyaux de l’orgue se réveilleront ! D’ici là, la croix et le coq doré trônent au sommet de la flèche, la résurrection peut déjà être chantée !