Repères
Le mot est à la mode. Il exprime, par le manque, le désarroi de ceux qui voient s’effriter, autant chez les jeunes que chez les adultes, les images traditionnelles de la famille, de l’école, des rapports entre les personnes, de l’Eglise. Ainsi les enfants n’ont plus les bases pour apprendre à lire, à écrire ; dans l’autobus, l’enfant ne cède pas la place à la personne âgée ou handicapée ; pour faire passer une loi mettant en cause la famille, la vie, la mort, on met en avant, avec force images médiatiques, le cas qui déclenche l’émotion, remue l’opinion et l’impose par les sondages. Lors des débats publics, ces valeurs elles-mêmes ne sont pas analysées par rapport à leurs racines, à la nature, à Dieu, mais à partir des comportements et selon les idéologies et les courants politiques. La cohabitation, l’union libre, les couples “gays” existent, disent-ils : on va donc les homologuer à la famille et à ses droits… Dans un livre récent, des sociologues, des psychologues, des juristes, des théologiens calculent les conséquences – le coût économique et moral – que la société supporte, en particulier, pour la famille1.
Vos lettres, vos questions, chers lecteurs, sont un reflet quotidien de ces manques de repères dans l’éducation des enfants, dans la transmission de la foi, et de la somme de souffrances qu’ils entraînent. La famille du Messager assume chaque jour ces souffrances, par la prière, les conseils, les expériences de ceux qui vivent sincèrement leur vie de famille et leur foi. Ce sont autant de pierres qui soutiennent notre effort et nous défendent du découragement.
Parmi ces témoignages, la visite de Benoît XVI en Turquie est exemplaire, par sa volonté de ne pas donner à son voyage l’image politique confortant, par exemple, l’entrée de la Turquie en Europe. « Mon voyage est pastoral », a-t-il déclaré aux journalistes. Et ses paroles et ses gestes n’ont eu d’autres buts que de promouvoir la liberté pour toutes les minorités religieuses, les chrétiens en particulier, de dialoguer avec l’Islam, d’avancer, avec le patriarche œcuménique Bartholomeos 1er sur la voie de l’unité entre deux Eglises sœurs, de rétablir la paix sur la terre « où notre Seigneur a vécu et où vivent une multitude de frères chrétiens ».
Ces volontés connaîtront sans doute des avancées importantes, par exemple au niveau des efforts que l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe entendent entreprendre « pour préserver les racines, les traditions et les valeurs chrétiennes en Europe ».
Saint Antoine lui-même a parcouru l’Europe pour y proclamer les valeurs de l’Evangile…
1Quel avenir pour la famille ?Le coût du non-mariage, par Jacques Arènes, Bernadette Barthelet, Pierre Benoît, Georges Eid, Jean-Marc Ghitti, Xavier Lacroix. Bayard.