Rencontre avec... le frère Pierbattista Pizzaballe
Présents en Terre Sainte depuis huit siècles, de la volonté de leur fondateur saint François d’Assise, les frères franciscains ont la garde des lieux saints. Pour le Custode de Terre Sainte, le frère Pierbattista Pizzaballa, le rôle des héritiers du poverello est le même aujourd’hui que jadis, même si la façon de mener cette mission a changé, pour s’adapter aux évolutions de la région.
La Custodie de Terre Sainte a une histoire vieille de huit siècles. Comment se traduit son rôle actuellement ?
Il y a une continuité au fil des siècles. La mission de la Custodie de Terre Sainte, qui est de garder les pierres de la mémoire des lieux saints et de prendre soin des pierres vivantes que sont les communautés chrétiennes locales, est identique. Il s’agit de vivre le hic et nunc, « ici et maintenant », l’incarnation et la réactualisation permanente des événements qui ont eu lieu ici, en se mettant à la disposition de tous. C’est la façon de mener cette mission qui a changé. La situation du pays n’est pas la même, les frères ont adapté leur œuvre aux évolutions de tous genres. Mais aujourd’hui comme auparavant, ils sont au service de cette terre. En ce qui concerne le dialogue interreligieux par exemple, saint François d’Assise, pour qui la Terre Sainte était la « perle des missions », a été un précurseur, en allant parler avec le Sultan, qui fut touché par sa prédication et accorda alors aux frères le droit de demeurer dans la région. De nos jours, les Franciscains cherchent encore à œuvrer en faveur de ce dialogue, dans un pays où les questions de coexistence ont une importance toute particulière.
En quoi cette présence est-elle importante aujourd’hui ?
La présence des Franciscains en Terre Sainte est le signe de l’importance de cette terre comme point de départ de l’histoire du Salut. Paul VI parlait aussi de la « géographie du Salut » : Ici, nous faisons l’expérience de ce lien physique, du fait que Jésus n’est pas une jolie histoire, mais bien un événement historique, qui rejoint chacun, à toutes les époques. Les frères, qui assurent depuis huit siècles la prière sur les Lieux saints, ont encore aujourd’hui cette tâche fondamentale de faire vivre les sanctuaires qui rappellent les grands moments de la rédemption, dans le respect du statu quo, en vigueur depuis la moitié du XIXe siècle.
Comment se décline la mission des Franciscains en Terre Sainte ?
La Custodie de Terre Sainte inclut la Syrie, le Liban, Israël, les Territoires palestiniens, Chypre et Rhodes, pour un total de quelque 320 frères de 30 nationalités différentes. Concrètement, leurs missions couvrent un éventail très large. Certains sont les gardiens des sanctuaires, qui sont pour leur majorité confiés aux Franciscains depuis des siècles. C’est le cas par exemple du Saint-Sépulcre et de la basilique de la Nativité. Ils assurent donc une présence, accueillent les pèlerins. Mais surtout, les frères s’occupent de célébrer les offices qui donnent vie à ces pierres de la mémoire, selon une tradition très ancienne et bien enracinée. D’autres sont chargés de l’animation de ces sanctuaires, d’assurer les visites de ces lieux, mais aussi l’accompagnement spirituel des groupes et des individuels qui s’y rendent, notamment par le sacrement de la réconciliation.
Et en ce qui concerne la préservation des « pierres vivantes » ?
Certains frères sont également curés de paroisse, comme c’est le cas à Jérusalem, à Nazareth ou à Bethléem. La Custodie s’occupe aussi de plusieurs écoles, où étudient des élèves de toutes religions. Les frères franciscains sont également investis dans des hôpitaux, des dispensaires. Depuis plusieurs siècles, la Custodie s’occupe également d’aider les chrétiens locaux à se loger. Déjà, au XVIe siècle, elle achetait et construisait des maisons. Aujourd’hui, la situation est telle que de nombreux chrétiens prennent le chemin de l’émigration. Cette mission de la Custodie en est d’autant plus importante, et toutes les Églises l’ont compris et œuvrent dans ce sens. Depuis quelques années, la Custodie a notamment entrepris de restaurer ses maisons dans la vieille ville de Jérusalem.
En quoi la visite du pape François en Terre Sainte, du 24 au 26 mai, est-elle importante aujourd’hui ?
La visite d’un pape est toujours importante car c’est chaque fois un moment de rencontre. Les préparatifs sont marqués par une certaine frénésie, normale en une telle occasion. La préparation du voyage permet une coopération interecclésiale et interdiocésaine. Ainsi, en vue de la prière œcuménique au Saint-Sépulcre et de la rencontre entre le pape François et le patriarche Bartholomée 1er, en mémoire de la rencontre historique entre Paul VI et Athënagoras, l’Église catholique en Terre Sainte collabore de près avec les patriarcats gréco-orthodoxe et arménien. Ce déplacement intervient dans le cadre de circonstances très différentes de la rencontre de 1964, beaucoup plus mûres. Il s’agit de poser une nouvelle pierre sur le chemin de construction des relations œcuméniques. n
QUESTIONNAIRE DE SAINT-ANTOINE
Connaissez-vous saint Antoine ? Quelle image avez-vous de lui ?
Je l’ai connu enfant, en famille, puis au séminaire. Pour moi, il est très lié à la dévotion populaire. Je pense notamment à la tradition du pain bénit de saint Antoine, qui est distribué en échange d’offrandes libres. Le fruit de cette quête est ensuite remis aux pauvres.
Comment priez-vous ?
Ma prière est étroitement liée à la Bible, et notamment à la lecture de l’Ancien Testament. Je lis et je médite au moins un chapitre de la Parole de Dieu tous les jours.
Quand vous sentez-vous le plus proche de Dieu ?
Je ne sais pas si je peux dire que je me sens proche de Dieu. C’est plutôt lui qui est proche de moi. Pas toujours, mais naturellement, cela n’est pas de son fait.
Qu’est-ce qui vous a rendu le plus heureux cette année ?
Les différentes rencontres que j’ai eu l’occasion de faire, notamment celles avec des gens simples, qui ont manifesté leur gratitude suite à une vraie rencontre avec le Seigneur, en Terre Sainte.