Reconnaissance

17 Septembre 2007 | par

La Parole de Dieu
Comme Jésus entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre…
En les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. »
Au cours de route, ils furent purifiés.
L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce.
Or, c’était un Samaritain…
Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » (Lc 17, 11-19).

La Parole de saint Antoine
Remarque que cet étranger a accomplit trois gestes : il est revenu, il est tombé la face contre terre, il a rendu grâce.
Il est revenu. Revient celui qui n’attribue à soi-même aucune vertu. Il considère le bien qu’il fait comme un don de la miséricorde. C’est pourquoi, il est appelé Samaritain, qui signifie “gardien”, c’est-à-dire celui qui attribue tellement à Dieu les bienfaits qu’il a reçus qu’il peut dire avec le Psalmiste : « Je garderai ma force comme venant de toi. »
Veux-tu garder ce que tu reçois ? Attribue-le, non à toi-même mais au Seigneur.
Il est tombé la face contre terre. Tombe la face contre terre, celui qui rougit des péchés commis. Celui qui tombe de face, voit où il tombe ; celui qui tombe en arrière, ne voit pas où il tombe. Les bons tombent donc de face, parce qu’ils s’humilient dans ces réalités visibles, dans l’attente des réalités invisibles ; les mauvais, au contraire, tombent en arrière, parce qu’ils ne voient pas ce qui les attend.
Il a rendu grâce. Le Samaritain a rendu grâce pour sa purification ; à cause de cela, le Seigneur l’a loué et nous enseigne par là à rendre grâce au Seigneur pour les dons qu’il nous a accordés. Nous lisons dans l’Ecriture que Miryam, la sœur de Moïse, Déborah et Judith ont chanté un cantique au Seigneur pour la victoire emportée sur leurs ennemis. Cela nous apprend à élever vers Dieu, donneur de tous biens, des chants de louange et des actions de grâce.
Dans ce passage, nous rencontrons également trois mots très importants : “un seul”, “Samaritain” et “étranger”. Ils désignent trois vertus : la concorde de l’unité, la garde de l’humilité, l’indigence de la pauvreté. A ces trois vertus répondent les trois paroles du Seigneur : « Relève-toi, car tu es seul ; va, parce que tu es samaritain ; ta foi t’a sauvé, car tu es étranger. »

Pour aller plus loin
Ce commentaire montre comment saint Antoine sait tirer de chaque mot et de chaque expression de riches enseignements pour notre vie spirituelle. Dans un premier temps, il fait appel à deux sentiments : la prise de conscience de notre état et la reconnaissance.
Tomber la face contre terre signifie reconnaître ce que nous sommes, prendre conscience de nos limites et de nos péchés, avec les yeux tournés vers la perfection de Dieu et sa rencontre. Ensuite, la reconnaissance s’impose à nous comme la suite logique de notre condition. Tout progrès dans le bien et toute action de valeur sont un don de Dieu ; c’est donc à lui que nous devons les attribuer, et non à nous-mêmes ; c’est à lui que nous devons rendre grâce, comme le prouvent des personnages de l’histoire sainte : Myriam, après la sortie d’Egypte ; Déborah et Judith après la victoire sur les ennemis d’Israël…
Dans un deuxième temps, Antoine trouve dans les mots de l’Evangile des enseignements pour notre vie pratique. Le fait qu’un seul lépreux vienne remercier Jésus nous enseigne la valeur de chaque personne et l’unité qui doit régner entre nous ; le fait qu’il soit Samaritain, c’est-à-dire “gardien”, le souvenir constant de notre condition de créature ; le fait qu’il soit étranger nous rappelle notre état d’étrangers et de pauvres en ce monde, et donc plus proches de l’image que le Christ veut trouver en nous, et donc sauvés.

Updated on 06 Octobre 2016