Quelle Église post-covid-19 ?
Au-delà des changements sociétaux et économiques que la pandémie va entraîner, beaucoup se demandent si la période de confinement que nous avons vécue durant le Carême et le temps pascal 2020, avec la privation de célébrations communautaires, risque de causer des modifications dans la vie de l’Église catholique.
Pour ce qui est de la théologie, la situation exceptionnelle de ce printemps n’a provoqué aucune modification, puisque les directives disciplinaires n’étaient que transitoires. Il est évident que la célébration des sacrements requerra toujours la présence réelle des fidèles. Nous sommes le Corps et la chair du Christ, et une assemblée virtuelle ne remplacera jamais une Eucharistie où les baptisés interagissent avec le célébrant et les autres participants. Ensemble, ils font monter la voix de leur prière et de leur chant, se regardent et se touchent la main pour s’accueillir mutuellement et se donner la paix, et surtout reçoivent dans leur corps le Corps du Christ.
Quelle frustration de ne pas pouvoir faire l’onction sur le front et les mains des malades ! Le peuple de Dieu a viscéralement besoin de se réunir sur la place et dans la basilique Saint-Pierre, dans l’ensemble des églises et chapelles à travers le monde. La catéchèse se vit avec tous les sens, en groupes et en fraternités. La solidarité et la diaconie requièrent des actes concrets qui touchent et nourrissent le corps. Les personnes âgées et les prisonniers attendent des visites de proches en chair et en os. « Ne nous laissons pas voler la communauté ! », clame l’exhortation La joie de l’Évangile (n. 92).
Pastoralement, nous pouvons donc espérer que les retrouvailles eucharistiques des compagnons du Christ que nous sommes (au sens étymologique latin de cum-panis, ceux qui partagent le pain) seront particulièrement émouvantes. Que le jeûne sacramentel et pascal que nous avons été forcés de vivre nous rende encore plus solidaires de ceux dont c’est le lot habituel, à cause des guerres, des distances ou de l’absence de ministres ordonnés (comme en Amazonie !) et qu’il nous amène à savourer à neuf, comme si c’était la première fois, le don total que le Christ nous fait de sa présence, de sa Parole et de son Pain de vie.
Ensuite, que l’intensité particulièrement forte de la communion spirituelle expérimentée durant cette période, comme par exemple lors des bénédictions Urbi et orbi ou du chemin de croix pontifical face au silence du monde, renforce les liens au sein de nos paroisses, associations, mouvements, groupes et équipes pastorales.
Enfin, de toutes les initiatives de transmissions vidéos de célébrations, catéchèses, cours, il s’agira de garder le meilleur qui ne se faisait pas auparavant, comme les multiples vidéos de commentaires bibliques et évangéliques dominicaux, les chaînes de prière, les retraites ou les formations en ligne. Si cette pandémie aura renforcé les armes du service et de la prière sur le Web et dans la réalité, elle aura eu du bon.