Quatre euros pour soutenir une vie
Combien peut coûter un peu d’espoir ? Drôle de question mais qui, dans le bilan d’une organisation de solidarité, a un goût de défi : celui de faire fructifier au maximum les contributions des milliers de personnes qui ont donné dans l’espoir de changer quelque chose, de transformer leur « un peu » en beaucoup, grâce à l’engagement de tous. Pour cela, le bilan 2011 de la Caritas Saint-Antoine commence par un chiffre à la fois petit et grand : 3,86 €. C’est ce qui a été dépensé en 2011 pour chacune des 717 000 personnes, enfants et jeunes surtout, qui ont bénéficié directement d’un des 130 projets réalisés dans 38 pays du monde. Un peu moins de 4 € pour avoir accès à la santé, à l’eau, à l’école ou à une formation professionnelle, pour nombre d’entre eux pour la première fois de leur vie. Le « un peu » de beaucoup s’est traduit en 2 323 000 € et en milliers de fragments d’espoir, obtenus grâce à des projets ciblés, partagés, consacrés aux derniers des derniers avec simplicité et concret. Un bilan très positif qui montre le maintien de notre solidarité (le montant total est égal à celui de l’année dernière), malgré la crise et le fait de que nombreuses familles de nos sympathisants et amis sont en difficulté économique. C’est à elles en particulier que nous dédions ce bilan, en expliquant point par point comment nous avons atteint ces résultats.
Où œuvre la caritas Saint-Antoine ?
L’Afrique est le continent où la plupart des projets ont été réalisés et où sont utilisées la majorité des ressources : environ 60 %, surtout pour l’école, la santé, la promotion humaine et l’eau. Suivent l’Asie, avec 18,5 % des ressources investies – en particulier pour l’eau et le microcrédit – et l’Europe, qui monte à presque 18 %, inversant la tendance des années précédentes. « Nous avons voulu augmenter notre engagement en Europe aussi, explique le père Valentino Maragno, directeur de la Caritas Saint-Antoine, en particulier dans les pays de l’Est, car la crise frappe dramatiquement les sujets les plus faibles. Deux projets importants : le premier, en Roumanie, vise à combattre la dénutrition. Il s’agit d’un cercle vertueux qui, en créant travail et revenus, assure aux plus pauvres un constant approvisionnement de lait et de pain. Le second, en Biélorussie, assure des soins aux enfants malades de la mucoviscidose. »
Qui sont les bénéficiaires ?
Selon la tradition, les sujets privilégiés de la solidarité antonienne sont les enfants et les jeunes. C’est à eux que sont dédiés 48,46 % des projets, pour une somme de 927 300 € (40 % du montant total du bilan), dépensés surtout pour la formation scolaire et professionnelle. Un montant quasi-identique, environ 899 000 €, est consacré à un autre groupe qui a pris de l’importance au fil des ans : les petites communautés rurales auxquelles sont consacrés des projets de formation professionnelle et sanitaires, ainsi que des projets de mise en place de petites activités qui apportent un revenu, de microcrédit, tous catalogués comme « promotion humaine ». Des choix qui disent clairement le double but de l’action de la Caritas Saint-Antoine : améliorer la vie des communautés de base et investir sur les nouvelles générations.
Quels projets ?
L’école, la santé, la promotion humaine et l’eau sont les domaines majeurs concernés par l’action de la Caritas Saint-Antoine.
Les projets sanitaires sont ceux qui, même en absorbant le pourcentage le plus élevé des ressources totales – 28,22 % –, ont le meilleur rapport coût-bénéfice, car ils concernent des milliers de bénéficiaires : « Dans les régions où nous œuvrons, explique le père Maragno, les structures de santé sont absentes ou très inefficaces. Avoir un dispositif médical, même modeste, peut sauver la vie d’un grand nombre de personnes. Cette année, en particulier, nous avons financé la construction de services de maternité et de pédiatrie, car la mortalité materno-infantile, dans certaines régions d’Afrique, est à des niveaux inacceptables. »
Ce genre d’interventions concerne surtout la construction de bâtiments, l’achat d’équipements, la formation des utilisateurs, la mise en place de projets agricoles et d’élevage. Des choix qui montrent à quel point les projets, même modestes, de la Caritas Saint-Antoine sont faits pour réduire les causes de la pauvreté, en jetant des bases pour un développement communautaire. « Des projets de pure assistance, explique le père Valentino, sont quand même réalisés, quand il est impossible de faire autrement, comme en cas d’abandon de personnes âgées ou handicapées. »
Combien coûtent les projets ?
Plus de la moitié des projets coûtent moins de 10 000 €. Il s’agit pour la plupart de microréalisations. « Notre philosophie est de financer de petits projets en adéquation avec le niveau de développement de la zone, voulus et soutenus par les personnes qui devront les gérer par la suite. La plupart de ces projets ont un double objectif : la construction de petites réalisations – un puits, un dispensaire ou la clôture d’un élevage – et la formation des utilisateurs, qui permet aussi de développer leur capacité à gérer les biens acquis. »
Les projets les plus chers sont rares. Ils sont généralement lancés en juin, à l’occasion de la fête de saint Antoine. « Il s’agit de projets, continue le père Valentino, qui ont une gestation longue et qui sont pensés comme modèles de développement. Ils agissent sur plusieurs causes de pauvreté à la fois et ont des référents très enracinés dans la communauté ou l’Église locale. »
Peu de frais, bénéfice maximal. Comment ?
Plusieurs critères de choix participent au résultat. Le premier : nos référents privilégiés sont les missionnaires, laïcs ou religieux, qui œuvrent dans les zones frontières. « Ceci nous donne beaucoup d’avantages, explique le père Valentino, comme la possibilité d’intervenir directement dans les réalités les plus abandonnées et difficiles, où les autres ONG ne vont habituellement pas, et de construire des projets directement avec les intéressés. Mais il y a aussi des désavantages, comme l’absence d’infrastructures, d’ouvriers ou de matériel, ou le manque d’études sur les nécessités et les problèmes, de registres d’état civil ou de statistiques à jour. Cela, par exemple, pèse sur la capacité à trouver les matières premières, à respecter les délais du projet ou simplement à évaluer correctement l’impact du projet lui-même. Nombre de nos réalisations, en réalité, aident beaucoup plus de personnes que celles reportées sur les papiers officiels. »
Le deuxième choix : la Caritas Saint-Antoine a une structure souple. Il y a deux employés à mi-temps et une grande partie du travail, en particulier sur place, est réalisée par des volontaires ou des locaux.
Le troisième : nous préférons des projets axés sur les groupes sociaux les plus désavantagés. « L’introduction, même minimale, d’un service comme celui de la santé ou l’eau, dans une zone où il n’existait pas, explique le père Valentino, a une efficacité beaucoup plus élevée et touche un nombre maximal de personnes. »
Le quatrième choix, enfin, est celui d’agir en synergie avec d’autres personnes ou organisations présentes sur le territoire - l’Église locale, les habitants, les autorités civiles, les universités, les structures sanitaires, d’éventuelles autres ONG – en créant un réseau de ressources et de connaissances. « C’est la meilleure façon, conclut le père Maragno, pour éviter les gaspillages, valoriser le territoire et optimiser les investissements. Nous sommes une des rares organisations de solidarité qui n’œuvrent pas seulement à travers leurs propres missionnaires et réseaux. Nous avons derrière nous saint Antoine et huit siècles de charité dans le monde. »
Le bilan en bref
Afrique : 74 projets pour un total de
1 382 760 €
Asie : 23 projets pour un total de 430 900 €
Europe : 18 projets pour un total
de 396 500 €
Amériques : 15 projets pour un total
de 113 450 €
Total : 130 projets pour un montant total de
2 323 610 €