Prier en famille, un défi ?
« Un enfant qui prie est un enfant heureux, une famille qui prie est une famille unie ». Ces mots de Mère Teresa témoignent d’une vie passée à fréquenter et soigner des familles. La famille, petite Église domestique, est le lieu privilégié de la transmission de la foi.
C’est ce que souhaite vivre Anne-
Laure, jeune mère de famille : « Aujourd’hui, ce que j’ai à cœur de transmettre, c’est cette prière mariale qui nous fait entrer dans l’intimité de la Vierge Marie et de son fils. L’amour du cœur de Jésus et de Marie ». Et d’ajouter : « J’aimerais donner à mes enfants le goût du chapelet et, à leur mesure, de la prière silencieuse ». Lorsqu’elle était enfant et en vacances, elle récitait toujours le chapelet avec sa famille élargie, « devant une petite statue du Sacré-Cœur ». Elle se rappelle que ces dizaines du chapelet « structuraient » les journées « qui s’achevaient toujours par la prière, parfois en face du feu ».
Désir de rencontrer Dieu
Pour Aude également, la prière en famille était un « rituel du soir, intégrée à l’emploi du temps familial : c’était une évidence et impossible de l’oublier car si on ne la faisait pas, cela nous manquait ». « Il n’y avait pas une journée sans que nous ne pensions ou priions Dieu en famille », confie encore Aude. On comprend alors aisément que l’une des règles fondamentales est de prier avec les enfants et non de les faire prier. Prier entraîne les enfants à prier eux-mêmes. C’est aux parents de montrer l’exemple car cette attitude vaut mieux que les mots. La prière en famille permet aussi aux parents de raviver leur relation à Dieu. C’est ce dont témoigne Laetitia, issue d’une famille de six enfants : son père récitait le chapelet chaque soir, avec tous les enfants, jusqu’à l’adolescence de l’aîné. Puis, les enfants qui voulaient se joignaient à lui. Une fois par semaine, ils récitaient le chapelet tous les huit. Laetitia a consacré sa vie au Seigneur. Un enfant qui apprend à prier est un enfant qui sait qu’au fond de lui, il peut toujours se tourner vers le Père qui l’aime.
Ritualiser la prière en famille
Prier au milieu des enfants peut parfois être une ascèse car leur attitude pendant la prière peut ne pas correspondre aux envies des parents, recherchant davantage le silence, surtout après la fatigue d’une journée. Conscients de cela, Anne-Laure et son époux ont deux temps de prière. Le matin, ils disent une prière « récitée », c’est-à-dire une dizaine de chapelet où ils confient leurs intentions de prière. Puis, sur le chemin de l’école, en voiture, ils aiment prendre un chant de louange. Le soir, « la prière est plus libre car les enfants sont fatigués ! ». La structure de leur prière est la même chaque soir : « Un temps pour remercier, une minute en silence pour relire sa journée et demander pardon avec l’acte de contrition que l’on dit à voix haute, un chant puis une prière à nos anges gardiens avant d’invoquer les saints patrons de la famille ». Ainsi, si la plupart des familles prient le soir, à chacun de trouver le lieu et le moment le plus approprié. La durée est plutôt courte, une dizaine de minutes, dans un espace physique et temporel délimité pour mieux vivre cette rencontre avec Dieu. En revanche, les prières peuvent évoluer, ce temps doit rester vivant, comme l’est une famille. Anne-Laure se souvient que sa famille priait toujours « devant l’icône de Notre-Dame de Vladimir. Nous avons beaucoup déménagé et elle nous a toujours suivis ! C’était notre point fixe. »
À la fin de la prière, les parents peuvent bénir leurs enfants en déposant une petite croix sur le front de chacun d’entre eux. La prière du soir est un rite de la journée qui marque un enfant. Chez Noémie, mère de trois petits enfants, la prière familiale se développe à travers le chant des complies, chaque soir, dans la chambre des enfants, toutes lumières éteintes. Chaque famille imagine ce qui lui semble adapté à sa situation, à l’agitation des petits, à leurs disputes pour souffler la bougie ou être assis à côté de papa et maman. Mais l’essentiel, confie Aude, est d’avoir eu « la chance d’apprendre à mettre Dieu au cœur de nos vies et de nos étés ». Pas loin de 40 ans plus tard, Aude garde chaque année « une semaine de vacances pour Dieu ». Dans son cœur, il est ancré que le pardon est le don de l’amour et qu’« une famille ne peut se coucher en étant fâchée ».
Différents temps
La prière en famille ne se réduit évidemment pas à la prière du soir, elle peut s’étendre à de nombreux moments et attitudes comme le bénédicité, le rituel pour les fêtes, le petit déjeuner du dimanche matin, la prière au cimetière pour les morts de la famille, un pèlerinage. Aude se souvient qu’au-delà de « la messe dominicale vécue tous ensemble », elle a toujours vécu avec sa famille, pendant 18 ans, une semaine spirituelle au cours de l’été, « à chaque âge sa modalité ». Prier ensemble en famille, c’est oser se présenter au Seigneur et reconnaître avoir besoin de Dieu. Les parents apprennent à se montrer vulnérables devant leurs enfants, en déposant leurs prières devant le Seigneur. Quant aux enfants, cela leur permet d’ouvrir leurs cœurs en toute confiance dans cet espace qui leur est offert. « J’aimerais tant être capable de ritualiser la prière en famille, de façon à ce que cela soit vécu par chacun comme une évidence et un besoin plus que comme une contrainte », confie Aude pour qui Jésus a toujours été considéré « comme un membre de la famille à part entière ! Il avait sa place parmi nous ! ». Pardon, merci, s’il te plaît, je t’aime : cette structure de la prière rejaillit sur la vie.