Pourquoi les saints ?
Depuis plusieurs années, il n’est pas rare que le pape décide de regrouper les canonisations au mois d’octobre. Mois de la mission et veille de la fête de la Toussaint, ce mois voit chaque année la proclamation de nouveaux saints. Certains sont décédés il y a peu — il suffit de penser à Jean-Paul II — d’autres depuis plusieurs siècles. Connus ou moins connus, tous sont proposés aux croyants du monde entier.
Ainsi, chacun peut demander l’aide des saints dans la vie quotidienne, aide qui peut se manifester de multiples façons. Tout d’abord en tant qu’exemples. Chacun peut trouver des saints auxquels s’identifier. Ainsi, les jeunes pourront se reconnaître en Pier Giorgio Frassati, les parents en Louis et Zélie Martin, les grands-parents en sainte Anne et saint Joachim… Par exemple, le pape François recommandait l’an dernier à des éducateurs de s’inspirer « des grands témoignages de saints et d’éducateurs de saints ». En regardant leur façon de faire, en s’inspirant de leurs qualités et les adaptant à notre temps, il est possible d’agir de façon évangélique.
Prière sans superstition
L’Église nous donne aussi un saint patron, lié à notre prénom de baptême : on peut prier sans relâche le saint du même nom, sans douter qu’il portera une oreille attentive à nos demandes. De même, on peut prier le saint patron d’une autre personne pour lui demander instamment de veiller sur elle.
Dans le quotidien, les saints nous aident aussi par les dévotions populaires. Ainsi, notre saint Antoine est connu pour aider à retrouver les objets perdus, tandis que sainte Rita aide aux « causes désespérées ». Mais il ne faut cependant pas oublier que c’est une prière et non pas une formule magique. Il s’agit d’un dialogue du cœur qui demande l’aide du saint.
Car l’aide, c’est justement le propre des saints. D’ailleurs, on ne prie jamais véritablement un saint pour lui-même, mais pour lui demander son aide, une aide connue sous le nom d’intercession. Puisque le saint est au Ciel auprès de Dieu, il est bien placé pour porter notre prière jusqu’au Seigneur ! On peut même confier une prière maladroite à un saint en lui demandant de la purifier et de l’apporter à Dieu.
Les saints de la porte d’à côté
Chacun dispose d’ailleurs, d’un « saint », ou plutôt d’un ange, pour l’accompagner tout au long de son existence terrestre. En octobre 1962, le pape Jean XXIII expliquait : « L’ange gardien est un bon conseiller ; il intercède auprès de Dieu en notre faveur ; il nous aide dans nos besoins ; il nous préserve des dangers et des accidents ».
Mais il ne faut pas croire que les saints se limitent à ceux qui sont dans le calendrier ou qui ont des églises à leur nom. Est sainte toute personne qui s’est endormie dans la mort pour se réveiller dans la Résurrection auprès du Seigneur. Les saints canonisés sont seulement ceux pour lesquels l’Église a acquis la certitude — soit par un miracle, soit en raison du martyre — qu’ils se trouvent au Paradis. L’Église se montre en effet prudente sur ceux qu’elle donne en exemple aux fidèles. Malheureusement, les cas récents de personnes qui semblaient admirables mais dont la face cachée a été révélée après leur mort ne manquent pas.
Un tel constat ne doit pas nous décourager : il est possible que des milliards de défunts — y compris des grands pécheurs — soient des saints ! Avec son sens habituel de la formule, le pape François a une expression claire pour désigner ces innombrables saints anonymes : ce sont les « saints de la porte d’à côté ». Il leur a d’ailleurs consacré une très belle exhortation apostolique, Gaudete et exsultate parue en 2018.
« Nous avons rencontré nous aussi certains de ces saints ; peut-être en avons-nous eu une dans la famille, ou bien parmi nos amis ou connaissances. Nous devons leur être reconnaissants et surtout nous devons être reconnaissants envers Dieu qui nous les a donnés, qui les a placés à nos côtés, comme exemples vivants et contagieux (…) Imiter leurs gestes d’amour et de miséricorde est un peu comme perpétrer leur présence dans ce monde », exhortait le Pape lors de l’Angélus du 1er novembre 2015, jour de la Toussaint. Cette fête vient d’ailleurs célébrer cette multitude de saints (littéralement « Tous les saints »), « aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer », comme le promettait le Seigneur à Abraham (Gn 22, 17).
Prier les uns pour les autres
Dans une audience générale quelques mois après son élection, le 30 octobre 2013, le pape François rappelait que le mot « saint » ne se limitait pas seulement aux morts entrés au Paradis. Dans l’expression « communion des saints », enseignait-il à cette occasion, « le terme “saints” se réfère à ceux qui croient dans le Seigneur Jésus et sont incorporés à lui dans l’Église par le baptême ». « Il s’agit d’une vérité parmi les plus réconfortantes de notre foi, car elle nous rappelle que nous ne sommes pas seuls (…) car notre foi a besoin du soutien des autres », poursuivait-il. Et de lancer : « Qu’il est beau de nous soutenir les uns les autres dans l’aventure merveilleuse de la foi ! ».
Là encore, on voit bien que les saints sont ceux qui viennent en aide. Et cette aide est donc une promesse pleine d’espérance : nous avons tous une multitude de frères et sœurs qui portent, souvent sans le savoir, nos intentions auprès du Seigneur. Et parmi eux, se trouvent la Vierge Marie qui a une place toute particulière pour confier nos intentions à son Fils. La Toussaint est donc cette grande fête de tous ceux qui ont mis leur espoir dans le Seigneur. Belle fête à tous !