Passion et résurrection selon... les évangiles
Au risque de paraître anachronique, je souhaite revenir sur le film de Mel Gibson qui, début avril, a fait la une de la presse et des salles de cinéma.
Déjà lors de l'avant-première, à Paris, les spectateurs avaient été choqués par tant de violence et de sang... pointés, il est vrai, de quelques scènes d'humanité, mais loin de provoquer une véritable méditation spirituelle sur la Passion du Seigneur. Et j'avais rejoint la réflexion du cardinal Lustiger disant : La contemplation de la Passion et de son horreur ne doit pas être celle d'un spectateur mais plutôt celle du mystique qui découvre l'amour de Dieu en même temps que la profondeur de son propre péché... Un film, quel qu'il soit, n'est qu'un pauvre film, au regard de la réalité de la Passion...
Un pauvre film... et de la fiction à grands effets médiatiques, peu en accord avec le mystère insondable de la souffrance du Christ, elle-même divine, secrète et extrêmement discrète...
La sortie du film avait été suivie d'un débat au cours duquel un théologien, le père Patrick Desbois, chargé des relations avec le judaïsme, avait dénoncé une théologie selon laquelle Jésus sauve le monde uniquement par ses souffrances... Christian Bonnet, de l'Alliance biblique, y voyait le danger d'une lecture fondamentaliste, qui passe à côté du message des évangiles. Paul Valadier, jésuite, qualifiait d'ailleurs le film absolument contraire au message profond de l'Evangile de Jean auquel il se réclame, car il présente Jésus comme une loque ensanglantée, alors que Jean montre Jésus qui mène son procès... de façon souveraine, et monte à la Croix comme à sa gloire (cf. La Vie, 25 mars 2004). Le mystère de la mort du Christ est inséparable de celui de sa glorification, accomplie dans sa Résurrection et sa glorieuse Ascension (cf. Vatican II, La sainte Liturgie, n° 5).
Aussi, à quiconque sollicitait un conseil, je répondais : Voulez-vous vous convertir devant la mort de Jésus ? Méditez les Evangiles... Ecoutez le silence de Marie, comme celui d'une mère qui pleure la mort de son Fils. Prenez part, comme nous y invite saint Antoine dans sa merveilleuse méditation sur la Passion, à ses souffrances, le regard ouvert sur la gloire de Pâques, promesse de vie et de résurrection.