Nous t'avons suivi...

La Parole de Dieu

Prenant la parole, Pierre dit à Jésus :

« Voici que nous, nous avons tout laissé

et nous t’avons suivi,

quelle sera donc notre part ? »

 

Jésus leur dit :

«  En vérité je vous le dis,

à vous qui m’avez suivi :

dans la régénération,

quand le Fils siégera sur son trône de gloire,

vous siégerez vous aussi sur douze trônes,

pour juger les douze tribus d’Israël.

 

Et quiconque aura laissé

maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs,

à cause de mon nom,

recevra bien davantage

et aura en héritage la vie éternelle »

(Mt 19, 27-29).

 

La parole de saint Antoine

Nous t’avons suivi. « Courons après l’odeur de tes parfums » (Cf. Ct 1, 3), car l’odeur de tes parfum est meilleure que tous les baumes ! (Ct 4, 10). La panthère est d’une beauté admirable et son odeur est tellement suave que lorsque les autres animaux en flairent la présence, ils la suivent, réconfortés par son odeur et par sa vue. Lorsque que les apôtres ont pressenti l’amabilité, la beauté et la bonté du Seigneur, ils ont tout quitté et l’ont suivi.

 

Jésus leur dit : « À vous qui m’avez suivi... » Il ne dit pas : Qui avez tout laissé, mais : Qui m’avez suivi. Beaucoup quittent tout, mais ne suivent pas le Christ, ne se quittent pas eux-mêmes. Celui qui suit quelqu’un sur un chemin, ne regarde pas vers lui-même, mais vers celui qu’il a choisi comme son guide.

Dans la régénération : la première génération se produit dans l’âme le jour du baptême, la seconde se produira dans le corps le jour du jugement, lorsque les morts ressusciteront incorruptibles (1 Co 15, 52).

 

Et quiconque aura laissé maison, etc. La maison, c’est la mauvaise habitude ; les frères, les sens du corps ; les sœurs, les pensées de l’esprit vagabond ; le père, le démon ; la mère, la sensualité ; la femme, la vanité du monde ; les enfants, les œuvres ; le champ, les soucis. Quiconque donc aura laissé tout cela, recevra, dans la vie présente, le centuple, c’est-à-dire les biens spirituels.

Il recevra, précise Marc, le centuple dès maintenant, avec des persécutions, il goûte la joie du Royaume dès cette vie, pleine de persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.

 

Saint Antoine, Conversion de saint Paul.

 

Pour aller plus loin

« Nous t’avons suivi… nous avons tout quitté »… dit Pierre à Jésus. Plus tard, après la résurrection, Jésus dira à Pierre : « Suis-moi », nu, car je suis nu sur la croix ; débarrassé de tout, comme moi qui suis entièrement libre…

Antoine commente ces deux passages : le premier pour la conversion de saint Paul, le second pour la fête de saint Jean l’évangéliste ; dans les deux cas il l’applique à ceux qui ont choisi de vivre, comme François, Antoine et bien d’autres, la radicalité et la joie de l’Évangile.

Sens spirituel. La première application de notre auteur concerne la vie spirituelle et s’adresse principalement aux religieux. La suite du Christ est un chemin attrayant, tout embaumé du parfum du Cantique des cantiques et symbolisé de façon merveilleuse par la panthère. Mais c’est aussi une voie engageante, qui comporte la volonté de renoncer à soi-même et de maintenir le regard toujours fixé sur celui que nous avons choisi comme notre guide. Beaucoup, hélas, écrit saint Antoine, « quittent tout mais ne suivent par le Christ », et sont doublement malheureux, car ils ont renoncé à des consolations extérieures mais n’ont pas les consolations spirituelles.

Sens moral. La deuxième application est d’ordre moral et s’adresse à tous les baptisés. Quitter maison, père, mère, famille et tout lien matériel signifie se convertir, maîtriser sa sensualité, abandonner tout attrait passager pour se tourner entièrement vers Dieu. Grâce à ce choix, le centuple promis se comptera en bien suprême, Dieu lui-même. Que le Seigneur daigne nous y conduire. Amen.