Noël : entre famille et solidarité

16 Novembre 2011 | par

Il n’est pas rare, de nos jours, qu’à Noël la crèche se retrouve perdue au milieu des cadeaux, de la bûche et de la dinde, lorsqu’elle n’est pas tout simplement absente. Happé par la société de consommation, Noël n’en reste pas moins la fête de la famille et de la solidarité.



 

Que signifie pour vous la fête de Noël ? À cette question, il est probable, à l’heure actuelle, que peu de personnes répondent en évoquant l’Emmanuel, la venue de Jésus parmi les hommes. Pas de quoi désespérer pour autant, car si elle a perdu son sens premier, cette fête est liée dans l’esprit de la plupart des gens à des valeurs positives telles que la famille ou encore le partage. Seule ombre au tableau, l’emprise croissante du matérialisme sur Noël. Peut-être que la crise économique aura-t-elle au moins comme effet

positif de calmer la frénésie consumériste qui s’empare de nous tous, y compris les chrétiens, à l’approche de la fête de la Nativité. Voici quelques pistes pour tenter de retrouver le vrai sens de Noël.

 

Lutter contre la surconsommation

De nos jours, l’appel à la consommation est tel que chrétiens autant que non-chrétiens ne peuvent plus s’empêcher de ressentir un malaise face à cette débauche de publicités, d’offres spéciales et autres « affaires ». Et les effets de la crise économique rendent cette politique consumériste encore plus anachronique, si bien que beaucoup décident de mettre un frein aux débordements de cadeaux qui ne durent qu’une nuit. La crèche peut constituer une très bonne école de vie pour ne pas céder à la frénésie de possession : les bergers venus trouver l’Enfant nous apprennent le secret de la véritable joie, qui consiste non pas à posséder beaucoup, mais à « sentir que notre existence personnelle et communautaire est remplie du mystère de l’amour de Dieu », a expliqué Benoît XVI aux enfants.

 

Intensifier le sens de la solidarité

La période de Noël est souvent l’occasion pour les communautés chrétiennes, et surtout pour la « petite Église » que constitue la famille, de faire preuve de solidarité et de charité envers les personnes les plus touchées par la crise économique. Par contagion, on voit aussi des non-chrétiens s’impliquer dans des actions caritatives avec l’arrivée de l’hiver. L’Église voit dans ces gestes de solidarité et de partage le meilleur moyen pour l’homme de changer, se transformer et devenir, selon les mots du pape, « levain pour un avenir meilleur pour tous ». Alors que les chiffres du chômage sont de plus en plus alarmants, ceux qui ont la possibilité de travailler se doivent d’être reconnaissants envers Dieu et s’ouvrir à ceux qui, au contraire, traversent des difficultés de travail ou économiques.

 

Sortir de l’égoïsme

Les difficultés relationnelles – y compris au sein des familles – proviennent du fait que nous sommes enfermés dans nos propres intérêts et dans nos opinions personnelles. L’égoïsme, selon les mots du souverain pontife, « nous tient prisonniers de nos intérêts et de nos désirs, qui s’opposent à la vérité et nous séparent les uns des autres ». Quelle meilleure occasion, dès lors, que de se retrouver tous ensemble en famille autour de l’Enfant Jésus ? En naissant à Bethléem, ce dernier a apporté au monde « le don précieux de l’amour » pour éloigner du cœur de l’homme « les ténèbres de l’égoïsme et de la tristesse », rappelait Jean-Paul II.

 

Purifier sa conscience

La période de l’Avent (du latin adventus, « venue », « avènement ») est souvent l’occasion de décorer son habitation ou son lieu de travail, sans parler des illuminations des villes. Cependant, « le soin que nous prenons à rendre nos rues et nos maisons plus resplendissantes doit nous pousser encore plus à préparer notre esprit à rencontrer celui qui viendra nous visiter », suggère Benoît XVI. Cette préparation demande de purifier notre conscience et notre vie de ce qui est contraire à cette venue.

 

Mettre Dieu à la première place

Aujourd’hui, la question de Dieu n’est plus considérée par beaucoup comme une priorité et se trouve même reléguée à la dernière place. Pourtant, Dieu est dans l’absolu la réalité la plus importante de notre vie. Certains l’avaient bien compris, il y a 2 000 ans : les bergers venus adorer l’Enfant, que le pape définit comme des « âmes simples et humbles qui demeurent toutes proches du Seigneur », à la différence de « la majeure partie des hommes modernes », noyés « dans les réflexions, dans les affaires et dans les occupations qui les absorbent entièrement ».

 

Fêter la paix

Si la fin de l’année 2010 a été marquée par les violences tragiques subies par les coptes d’Égypte, Noël reste cependant la fête de la paix. Par sa naissance, Jésus a libéré le monde entier sans recourir aux armes ni à la force. Il n’avait pas l’intention de conquérir l’homme de l’extérieur, mais d’être librement accueilli par lui. « Dieu se fait enfant pour vaincre par l’amour l’orgueil, la violence, la soif de possession de l’homme », a affirmé Benoît XVI.

 

Accueillir la lumière du Christ

Selon la tradition, la date du 25 décembre a été choisie pour célébrer la naissance de Jésus car proche du solstice d’hiver, qui marque le retour d’un allongement des jours. Si l’Empire romain et les populations celtiques

célébraient aussi ce passage, le retour

de la lumière a un sens particulier pour les chrétiens, qui associent cette dernière au Christ.

 

Redécouvrir le sens du sacré

Paradoxalement, la sécularisation de la société est rarement aussi visible qu’à Noël. Quel souvenir plus amer que d’avoir vu la première chaîne de télévision française substituer une émission de divertissement à la retransmission de la messe de la nuit de Noël en direct du Vatican, le 24 décembre 2008 à minuit. Plus que jamais, les chrétiens sont donc invités à profiter de cette période pour réévangéliser cette société, en faisant notamment découvrir la présence, la beauté et le sens du sacré dans le monde.  

 

Le scandale des disparités

Dans les pays riches, de nouvelles catégories sociales s’appauvrissent et de nouvelles pauvretés apparaissent. Dans des zones

plus pauvres, certains groupes jouissent d’une sorte de surdéveloppement où consommation et gaspillage vont de pair, ce qui contraste de façon inacceptable avec des situations permanentes de misère déshumanisante. (…) C’est pourquoi la société actuelle doit réellement reconsidérer son style de vie qui, en de nombreuses régions du monde, est porté à l’hédonisme et au consumérisme, demeurant indifférente aux dommages qui en découlent. Un véritable changement de mentalité est nécessaire qui nous amène à adopter de nouveaux styles de vie.

 

Encyclique Caritas in Veritate, publiée le 7 juillet 2009


Updated on 06 Octobre 2016