Noces, tentes et robes nuptiales
La Parole de Dieu
Jésus leur dit en paraboles :
« Le royaume des Cieux est comparable à un roi
qui célébra les noces de son fils.
Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités,
mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités :
“Voilà : j’ai préparé mon banquet,
mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ;
tout est prêt : venez à la noce.”
Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent,
l’un à son champ, l’autre à son commerce ;
les autres empoignèrent les serviteurs,
les maltraitèrent et les tuèrent.
[…]
Alors il dit à ses serviteurs :
“Le repas de noce est prêt,
mais les invités n’en étaient pas dignes.
Allez donc aux croisées des chemins :
tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce.”
Les serviteurs allèrent sur les chemins,
rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent,
les mauvais comme les bons,
et la salle de noce fut remplie de convives.
Le roi entra pour examiner les convives,
et là il vit un homme
qui ne portait pas le vêtement de noce.
Il lui dit : “Mon ami, comment es-tu entré ici,
sans avoir le vêtement de noce ?”
L’autre garda le silence.
Alors le roi dit aux serviteurs :
“Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ;
là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.”
Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »
(Mt 22, 1-14)
La parole de saint Antoine
« Il en va du Royaume des Cieux comme d’un roi. » Il y a trois sortes de noces : les noces de l’union, de la justification et de la glorification. Les premières furent célébrées dans le temple de la Vierge Marie ; les deuxièmes, dans le temple de l’âme fidèle ; les troisièmes, dans le temple de la gloire céleste.
Très peu de personnes viennent au festin de ces trois noces. Ils ont en horreur la pauvreté et l’humilité de l’Incarnation du Seigneur ; ils craignent l’aspérité de la pénitence ; ils ne désirent pas le banquet de la table du ciel mais aspirent aux choses temporelles.
De même, il y a trois tentes. La première est l’Incarnation du Seigneur ; la deuxième, la pénitence ; la troisième, la gloire céleste. L’Église, placée entre le ciel et l’enfer, accueille indistinctement les bons et les mauvais, Pierre et Judas, l’huile et le marc, le grain et la balle. Les balles, les pécheurs, sont vannées avec la pelle de l’orgueil d’où procèdent tous les chemins du démon.
Enfin, il y a aussi trois robes nuptiales. La première est la blancheur de la chasteté ; la deuxième, l’humilité du cœur ; la troisième, la robe de l’amour de Dieu et du prochain. Quiconque sera trouvé sans cette robe au dernier jugement, recevra la sentence de damnation.
« Le roi entra alors »… Venant pour le jugement, il éclairera les consciences et distinguera ceux qui vivent dans la foi et ceux « qui ne portent pas la tenue de noces », qui ont la foi mais pas l’amour, le premier des commandements.
(Saint Antoine, 22e dimanche après la Pentecôte)
Pour aller plus loin
La symétrie que souligne le père Gérard Guitton entre les noces du roi et les triples noces dans les temples de la Vierge Marie, de l’âme et de la gloire céleste, est étendue, dans le même sermon, à deux autres lieux symboliques : la tente et le vêtement. La première désigne la demeure intérieure où les noces doivent être célébrées avec un cœur sincère, et pas seulement extérieurement. Le second se réfère aux vertus qui doivent orner ces demeures intérieures : la blancheur du lin fin, le tissu en damas et le rouge écarlate, symboles de chasteté, d’humilité et d’amour. Une célébration toute en fête et en couleurs, dans des demeures et avec des habits adaptés à une fête de noces. Ces vertus sont évoquées par Antoine au moyen de questions qui interrogent notre foi et notre conscience.
Comme l’Église, son épouse, toute âme doit se préparer aux noces de l’Incarnation de Jésus Christ, par la foi et se vêtir du lin fin de la chasteté, resplendissante quant à la conscience et blanche quant au corps. Comment pourrait-il, en effet, intervenir aux noces du Fils de Dieu et de la Vierge celui qui ne serait pas revêtu du lin de la chasteté ? Comment pourrait-il entrer dans l’église, s’unir à l’assemblée des fidèles et participer à la consécration du corps du Seigneur, celui qui est privé du lin brillant et resplendissant de la chasteté intérieure et extérieure ? Des questions du même genre doivent être posées par ceux qui participent aux noces de la pénitence et de la gloire, pour ne pas entendre leur roi dire ironiquement : « Mais, mon ami, comment as-tu osé entrer sans ton habit de noces, le vêtement de l’amour ? ».