Noces de l'Agneau
La Parole de Dieu
Le Seigneur des armées,
prépare pour tous les peuples, sur cette montagne,
un festin de viandes grasses,
un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vins dépouillés
(Is 25, 6).
Tandis qu’ils mangeaient,
Jésus prit du pain,
le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant :
« Prenez, mangez, ceci est mon corps ».
Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant :
« Buvez-en tous ;
car ceci est mon sang de la nouvelle alliance » (Mt 26, 26‑28).
« Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe,
qui repose entre mes seins.
Mon bien-aimé est une grappe de henné
dans les vignes d’En-Gaddi »
(Ct 1, 12‑13).
La Parole de saint Antoine
Sur cette montagne, à Jérusalem, dans le grand cénacle, le Seigneur a préparé aujourd’hui pour tous les peuples qui croient en lui, un festin de viandes grasses, car on y sert le veau gras que le Père a sacrifié pour la réconciliation du genre humain.
C’est ce que fait aujourd’hui l’Eglise universelle… C’est pourquoi, « il faut croire fermement… que le corps, né de la Vierge, suspendu à la croix, enseveli dans le sépulcre, ressuscité le troisième jour, monté au ciel à la droite du Père, il l’a donné réellement aux apôtres, aujourd’hui, et chaque jour l’Eglise le consacre et le distribue à ses fidèles » (Serment de Béranger de Tour ).
Malheur à celui qui s’approche de ce festin « sans la tenue de noces de la charité », car « il le reçoit indignement et mange sa propre condamnation ». « Quel rapport entre la lumière et les ténèbres ? » Entre le traître Judas et le Sauveur ?
Ô amour du bien-aimé ! Ô Amour de l’Epoux pour l’Eglise, son Epouse ! Il lui a offert aujourd’hui son propre sang qu’il allait verser, le lendemain, par les mains des infidèles.
« Mon bien-aimé, chante l’épouse des Cantiques, est pour moi un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins... une grappe de henné (parfum de Palestine) dans les vignes d’En-Gaddi. » L’âme recueille pieusement les tourments de la Passion, les attache par les liens de l’amour et les place dans son cœur, où il y a l’amour.
Recueillons, frères très chers, les souffrances du Christ et portons-les dans notre cœur, afin de mériter de ressusciter avec lui.
Pour aller plus loin
Dans ce passage du Sermon pour la Cène du Seigneur, Antoine présente une belle synthèse de sa manière de commenter les Evangiles.
Le sentiment qui domine est une grande admiration pour le sacrement de l’Eucharistie. Quel banquet plus somptueux, plus abondant, plus nourrissant, que celui dans lequel Jésus offre à tous les peuples et à l’Eglise entière son Corps et son Sang, immolés sur la croix pour notre réconciliation, source de toutes richesses, aliment indispensable pour marcher à sa suite dans la vérité et l’amour ?
A cette expression d’admiration, fait suite la profession de foi que le 4e Concile de Rome (1079) a imposée à Béranger de Tours au sujet de la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin.
Viennent ensuite trois exhortations à propos de l’Eucharistie :
– une admonition sévère à l’égard de ceux qui reçoivent indignement le Corps et le Sang du Christ. Celui qui profane le corps du Christ est comparé au traître Judas.
- Une méditation d’une forte intensité affective, inspirée du Cantique des cantiques et évoquant les noces du Christ avec l’Eglise, son Epouse.
- Enfin, s’inspirant du même Cantique, Antoine invite les fidèles à vivre la Passion du Seigneur et à la porter constamment sur leur cœur pour qu’elle soit source de vie et promesse de Résurrection.