Neuchâtel : des Eglises vivantes, des jeunes en quête de sens
Un nombre impressionnant de bénévoles animent nos communautés. Ce n’est pas banal, tous ces gens qui donnent de leur temps à longueur d’année ! Cependant, je sens chez certains une fatigue. Ils ont de la difficulté à porter le fait que nos églises continuent de se vider. Il importe de soutenir ceux qui constituent ces noyaux, de nourrir leur foi, de les aider à tenir et à annoncer une bonne nouvelle… Celui qui parle est Jean-Charles Roulin, prêtre à Neuchâtel, responsable de la formation permanente. L’Eglise catholique du canton compte 63000 fidèles (sur 166000 habitants), 23 prêtres en activité et autant d’agents pastoraux laïcs… Une image évocatrice : le personnel du Vicariat se compose du vicaire général, d’un administrateur et d’une secrétaire à 75% également au service de la Fédération des paroisses… Avantage : C’est une com-munauté à taille humaine, on se connaît tous. Il n’empêche ! Cette Eglise, petite, entend montrer qu’elle joue un rôle dans la société, aux côtés des autres chrétiens neuchâtelois. Et d’abord, de l’Eglise réformée évangélique qui occupe tou-jours une place éminente, même si les catholiques sont passés de 14% en 1941 à 38,5% aujourd’hui. Néanmoins, il a fallu attendre 1811 pour assister à un timide rétablissement du culte catholique, aboli par la Réforme de Guillaume Farel en 1530. Le rôle des Eglises à Neuchâtel vient d’être réaffirmé par le nouveau concordat, entré en vigueur au début de cette année. Il va également être mis en lumière à l’occasion d’Expo.02, une initiative œcu-ménique qui pendant 159 jours offrira aux Eglises locales et à d’autres visiteurs une myriade d’animations spirituelles, culturelles et conviviales aux abords de quatre lieux, dénommés arteplages : Neuchâtel, Morat, Yverdon et Bienne… Mais le problème de taille reste l’animation de la vie chrétienne. D’après un de mes interlocuteurs, le prochain défi à relever est celui de la jeunesse. Dans ce domaine, Jean-Charles Roulin observe un phénomène inattendu. Des jeunes couples se réunissent pour l’adoration du Saint-Sacrement ou assurent une animation pour les enfants en bas âge durant la messe. Je sens un retour au spirituel, un besoin de trouver du sens, des réponses aux questions fondamentales. La portion, certes minoritaire, de la nouvelle génération qui se raccroche à l’Eglise n’a pas de problème avec l’institution et recherche une doctrine bien définie, des certitudes. Il est difficile de les amener à des prises de position. La pertinence sociale de l’Evangile, son interpellation quant à la façon de gérer l’exis-tence, c’est de la science-fiction pour la jeune génération ! observe Jean-Charles Roulin. On attend de l’Eglise, qu’elle nous aide à être bien avec nous-mêmes, à retrouver une certaine sérénité. Peut-être est-ce là un point de départ. Marina, Marie-Etienne et Arlette, engagées en pastorale Il y a quelques semaines, deux religieuses franciscaines de Notre-Dame des Anges d’Angers, et Madame Arlette Vogelsang, engagées dans la pastorale de l’Eglise catholique neuchâteloise, étaient de passage à Padoue. Une occasion inédite de les rencontrer et de recueillir leur témoignage. Sœur Marina Manikkathu Parambil est originaire du Kerala. Depuis deux ans, elle est assistante pastorale dans la paroisse de Saint-Norbert et catéchiste-relais de quatre paroisses de la ville de Neuchâtel. Mon rôle, raconte-t-elle, consiste à assurer une coordination de la catéchèse primaire au niveau du secteur et à répondre, avec les responsables des paroisses et les prêtres, aux questions fondamentales qui se posent à la catéchèse des degrés primaires. J’assure aussi la communication entre l’équipe cantonale de catéchèse et j’apporte un appui aux catéchistes, en particulier à celles qui rencontrent des difficultés. Pour assurer ce service de l’Eglise en Suisse, elle a dû suivre deux années de formation, y compris l’étude du français... Ce n’était pas toujours facile , dit-elle. Et avec le sourire qui la caractérise, elle ajoute : J’étais très heureuse et, personnellement, cela m’a apporté beaucoup d’éclairages. Aujourd’hui, après deux années et demie, j’assume ces tâches avec beaucoup de courage et d’enthousiasme. Visiblement, Sœur Marina porte le souci des jeunes et des parents : Lorsque je vois les jeunes, souligne-t-elle, j’ai l’impression qu’ils sont perdus, sans motivation. Pour grandir dans la foi, les enfants et les jeunes ont besoin de leurs parents. Ceux-ci, pour la plupart, sont croyants mais non pratiquants. Mais, ils ont soif d’être ensemble, d’apprendre la vie d’Eglise et ont besoin, eux aussi, d’être catéchisés. Et son bonheur d’être au service de l’Eglise éclate dans son regard et dans ses paroles : C’est une joie de voir l’esprit de Dieu en œuvre dans ma vie. Si nous avons confiance en son amour, nous pouvons faire des merveilles en ce monde sans espoir. Sœur Marie-Etienne, elle, est originaire de Goa. A Neuchâtel, elle suit tout particulièrement la Communauté portugaise, forte de 12000 émigrés, dont la moitié dans la seule ville de Neuchâtel ; en collaboration avec l’aumônier, le Père Alcinoa Fraga. Ces migrants, tous catholiques, sont venus en Suisse pour travailler et améliorer la situation économique de leur famille. Ils ont émigré avec leur Foi et restent attachés à leurs traditions culturelles et religieuses : la fête de Notre Dame de Fatima, les 12-13 mai ; la Ceia de Natal, organisée chaque année par toute la Communauté ; des spectacles avec des chanteurs professionnels, et des rencontres au Centre portugais, ouvert en fin de semaine. Ils sont très solidaires entre eux, commente Sœur Marie-Etienne, et très généreux lors des appels à l’aide humanitaire. Ma présence comme religieuse est un appui pour eux et ils me donnent leur confiance. Ensemble, nous formons une Eglise de pierres vivantes et je m’en réjouis. Arlette Vogelsang est responsable du catéchuménat des adultes pour le canton de Neuchâtel. J’ai travaillé dans le Centre œcuménique de catéchèse pendant de nombreuses années, dit-elle. Et lors-que je croyais avoir terminé ma carrière dans ce domaine, ayant atteint la limite d’âge, je me suis trouvée embarquée comme bénévole dans cette nou-velle aventure. C’est un secteur pastoral nouveau pour moi, qui m’amène à travailler avec une religieuse, responsable de ce dicastère, et le vicaire épiscopal du canton de Neuchâtel. A trois, nous animons les rencontres mensuelles avec les futurs baptisés, avec les personnes qui demandent le sacrement de confirmation et avec ceux qui viennent d’une autre confession. Dans cette tâche, je ne chemine pas seule. Je m’appuie tout particulièrement sur l’amour inconditionnel de mes deux sœurs : à Genève, ma sœur aînée, forma-trice dans l’Ecoute centrée sur la personne, est pour moi d’un conseil précieux ; tandis qu’en Valais ma plus jeune frangine, engagée en Politique et en Eglise, me permet d’intéressants débats sur l’actualité et sur l’engagement humain. C’est là, dans mes racines, que je puise beaucoup de sève. Mais, j’ai aussi une dévotion toute particulière à saint Antoine que j’invoque spontanément et dont j’admire les merveilleux dons d’évangélisateur.