Naples à Paris
La splendide Crucifixion de Masaccio, peintre absent des collections du Louvre, ouvre le parcours de cette exposition pas comme les autres. Nous sommes dans la Grande Galerie, le cœur historique du musée du Louvre consacré à la peinture italienne. Les chefs-d’œuvre venus du musée de Capodimonte se mêlent à ceux du musée parisien dans un dialogue inédit. Un double cordon et un cartel couleur bordeaux signalent chaque tableau napolitain. Ceux du Louvre, qui les côtoient ou leur font face, sont pendus à des cordons crème.
Un accrochage revisité
31 tableaux venus de Naples bouleversent donc l’accrochage habituel de la Grande Galerie. Ainsi La Transfiguration du Christ de Bellini, une des pièces maîtresses de Capodimonte dont on ne se lasse pas d’observer les nombreux détails et le paysage savamment élaboré qui se déploie à perte de vue, est installée entre des portraits d’Antonello de Messine et un Christ du même Bellini appartenant au Louvre. Un peu plus loin, le Portrait de Baldassare Castiglione de Raphaël (Louvre), semble plus vivant que jamais face aux portraits de Parmesan, celui, coloré et lumineux, de Galeazzo Sanvitale et surtout l’Antea, magnifique jeune femme dont la délicatesse des traits tranche avec son regard noir déterminé. Puis surgit l’extraordinaire Judith décapitant Holopherne d’Artemisia Gentileschi. Parmi les chefs-d’œuvre qui ont fait le voyage, La Flagellation peint en 1607 à Naples par Le Caravage, Apollon et Marsyas de Ribera et encore le Silène ivre du même Ribera, maître de Naples. Pour l’historien d’art Stefano Caysa, « le XVIIe siècle napolitain n’est pas le siècle de Caravage mais bien celui de Ribera » et « c’est par lui que les meilleurs maîtres napolitains – Aniello Falcone, Paolo Porpora, Mattia Pretti, Micco Spadaro, Giuseppe Recco – retournent aux sources de Caravage. » Notons encore Atalante et Hippomène de Guido Reni et la monumentale Vierge au baldaquin de Luca Giordano, un des maîtres du baroque italien.
Une exposition éclatée
L’exposition se poursuit à l’étage dans la salle de la Chapelle pour une présentation de l’histoire des collections de Capodimonte. Cette ancienne résidence de chasse des souverains Bourbon fut transformée en musée pour abriter les collections de la famille Farnèse qu’Élisabeth Farnèse, épouse du roi Philippe V d’Espagne, offrit à Charles de Bourbon, son cinquième fils lorsqu’il devint roi de Naples en 1734. C’est l’occasion de découvrir Le Portrait du pape Paul III Farnèse avec ses neveux par Titien, le Portrait de Giulio Clovio par Greco, des sculptures et des objets d’art spectaculaire comme une salière en argent de Benvenuto Cellini ou encore La Chute des Géants, un extraordinaire biscuit de Filippo Tagliolini. Enfin, dernière étape, la salle de l’Horloge accueille deux grands dessins préparatoires pour des fresques du Vatican, Moïse devant le buisson ardent de Raphaël et un Groupe de soldats de Michel-Ange au milieu de célèbres cartons conservés au Cabinet des Dessins du Louvre.
INFOS
Musée du Louvre
jusqu’au 8 janvier
Tél. : +33 (0)1 40 20 50 50
Internet : www.louvre.fr