Main, doigts, oreilles
La Parole de Dieu
S’en retournant du territoire de Tyr,
Jésus vint par Sidon vers la mer de Galilée,
à travers le territoire de la Décapole.
Et on lui amène un sourd,
qui de plus parlait difficilement,
et on le prie de lui imposer la main.
Le prenant hors de la foule,
à part, il lui mit ses doigts dans les oreilles
et avec sa salive il toucha sa langue…
Ses oreilles s’ouvrirent
et aussitôt le lien de sa langue se dénoua.
Et il parlait correctement.
(Mc 7, 31-35).
La Parole de saint Antoine
On lui amène un sourd-muet et on le prie de lui imposer les mains.
La main est un don pour le corps tout entier. Elle protège l’homme.
C’est elle qui sert la nourriture à la bouche et accomplit de nombreuses autres tâches.
La main représente le Verbe Incarné que le Père a donné à l’Eglise.
Cette main protège l’Eglise, symbole de l’âme. « Il a mis en elle, dit Isaïe, mur et avant-mur » (Is 26, 1). Le mur, c’est sa divinité ; l’avant-mur, son humanité. Ainsi l’Eglise est-elle défendue et demeure en sécurité.
Cette main sert aussi la nourriture à l’Eglise tout entière : en étendant sa main sur la croix, par le trou des clous, il a répandu le trésor de sa miséricorde
Cette main accomplit toutes les autres tâches : la création, la nouvelle création, l’infusion de la grâce, le bonheur éternel.
Il lui mit ses doigts dans les oreilles.
Dans la main du Verbe Incarné il y a eu cinq doigts (voir p. 21)…
Avec sa salive il lui toucha la langue.
Jésus Christ touche la langue du pécheur avec la salive de sa divinité, afin qu’il avoue son péché et soit purifié.
Ses oreilles s’ouvrirent et il parlait correctement.
L’oreille désigne l’obéissance : « Il fut obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix » (Ph 2, 8) sur laquelle il acheva l’ouvrage que le Père lui avait donné à accomplir.
Parle correctement qui témoigne par sa vie de ce qu’il proclame par sa bouche.
Pour aller plus loin
Il est heureux de voir comment sous la plume de saint Antoine, le corps de l’homme, souvent décrié par ceux qui n’y voient qu’une occasion de chute, devient une échelle vers des réalités spirituelles. Main, doigts, oreilles et bouche sont ainsi le symbole du Verbe de Dieu fait chair, de son action dans l’Eglise et dans notre âme, ainsi que de nos démarches de conversion. Arrêtons-nous un instant sur la manière dont Antoine accomplit ce passage.
Le premier passage est réalisé par des moyens dits “lexicaux”, c’est-à-dire par le rapprochement de mots proches par leur sonorité ou par leur sens : ainsi le mot latin manus, “main”, évoque-t-il trois autres mots : munus, qui signifie “don”, munit, qui signifie “défend” et ministrat, qui signifie “sert”. Avec la main, en effet, on se protège, on se nourrit et c’est grâce à la main que nous réalisons bien d’autres choses. La main est un “don” et un don merveilleux ! Le même procédé est appliqué aux doigts, aux oreilles, à la langue.
A partir de ces sens multiples, Antoine passe à la deuxième phase qui est l’application théologique et spirituelle : la main et les doigts renvoient à Jésus Christ – le don le plus grand que Dieu le Père nous ait fait - ; les oreilles rappellent l’obéissance, du Christ au Père et la nôtre envers la volonté de Dieu ; la langue trouve son application dans la sincérité de la confession et dans le témoignage de notre vie.
Saint Antoine, invoqué comme intercesseur, est surtout le chemin qui nous conduit au Christ.