Lourdes jubile !
Le 8 décembre dernier, le sanctuaire de Lourdes a fêté l’ouverture d’une année de Jubilé pour célébrer le 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous. Plus que jamais les pèlerins sont invités : « Venez boire à la fontaine et vous y laver ! »
C’ est le 11 février 1858 que tout commence. Bernadette Soubirous va ramasser du bois sur les bords du Gave avec sa sœur et une amie. Elle n’a pas une enfance facile : son père, meunier, est ruiné, et les conditions de vie de la famille sont dures. Alors qu’elle s’acquitte de sa tâche, Bernadette voit une « belle dame » au-dessus d’une grotte. Entre le 11 février et le 16 juillet, la belle dame reviendra 18 fois lui parler. Le 24 février, elle ordonne à la jeune fille : « Allez dire aux prêtres de bâtir ici une chapelle et qu'on y vienne en procession. » Le 25 février 1858, Bernadette gratte la terre sur les indications de Marie, et met à jour une source d’eau pure (sans aucune propriété thermale ou thérapeutique) qui ne s'est jamais tarie. Pour tous, elle est un symbole de purification ; pour les chrétiens, un rappel du baptême. Ce n'est qu'à la seizième apparition, le 25 mars, que la Dame révèle : « Je suis l'Immaculée Conception » “confirmant” en quelque sorte le dogme proclamé quatre ans plus tôt par Pie IX. Les pèlerins se pressent autour de Bernadette. Devant la multiplication des cas de guérison, dès 1859 un professeur agrégé à la faculté de médecine de Montpellier est chargé du contrôle médical. Le 18 janvier 1862, l'évêque de Tarbes, Mgr Laurence, rend le jugement de l'Eglise : « La Vierge Marie est réellement apparue à Bernadette Soubirous. » Le pèlerinage est reconnu.
Un lieu de guérison
Depuis, les foules n’ont cessé de grossir devant la grotte de Massabielle, jusqu’aux 6 millions de pèlerins annuels d’aujourd’hui. Quant aux guérisons, elles ne se mesurent pas. Il y a d’abord les guérisons physiques, bien sûr, qu’évoque la longue cohorte des brancards poussés à chaque pèlerinage. Les autorités ecclésiales restent prudentes : si depuis 1858, 7 000 personnes ont déclaré avoir été guéries, l’Eglise catholique n’a officialisé que 67 guérisons “miraculeuses”. Mais Jean-Paul II a voulu que, à l'occasion de la fête de la Sainte Vierge de Lourdes, le 11 février, on célébrât également la Journée Mondiale du Malade, une manière d’officialiser le lien entre ceux qui souffrent et la Vierge de la Grotte. Et puis il y a aussi, invisibles, toutes les guérisons spirituelles. Plus ou moins profondes, plus ou moins durables. Il y a les témoignages, par millions, de ceux qui repartent “lavés” par l’eau des piscines, “purifiés” d’avoir bu à la source, nourris d’un retour à l’Eucharistie et fortifiés dans l’espérance.
Une mère très aimante
A l’ouverture du jubilé, le 8 décembre dernier, l’envoyé du Pape était le cardinal indien Ivan Dias1. Dans son homélie, en cette fête de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, il a voulu revenir au sens profond des apparitions : « La Sainte Vierge est descendue du Ciel comme une mère très préoccupée pour ses fils et filles qui vivaient dans le péché, loin de son Fils Jésus. Elle est apparue à la Grotte de Massabielle, qui à l’époque était un marais où paissaient les cochons, et c’est précisément là qu’elle a voulu faire élever un sanctuaire, pour indiquer que la grâce et la miséricorde de Dieu doivent triompher sur le misé-
rable marais des péchés humains. »
Un Jubilé en marche
Pour vivre pleinement le jubilé (assorti d’une indulgence plénière selon les conditions établies par l’Eglise), l’évêque de Lourdes invite les pèlerins de cette année à effectuer une véritable démarche. Il s’agit d’un chemin en 4 étapes sur les pas de Bernadette : la première halte est à l’église paroissiale, dans le haut de la ville. L’église d’aujourd’hui a conservé les fonts baptismaux sur lesquels Bernadette a été baptisée le 9 janvier 1844. « Pour le chrétien, souligne l’évêque, un pèlerinage est un moyen de redonner du dynamisme à son baptême. » La deuxième étape est le cachot, rue des Petits-Fossés. C’est là que vivait la famille Soubirous en 1858, parce qu’elle était ruinée. « Ici, l’on pense à Marie qui chante dans son Magnificat : « Il renverse les puissants de leurs trônes ; il élève les humbles », au Fils de l’homme qui « n’a pas où reposer la tête », dit Mgr Perrier. Le troisième lieu est naturellement la Grotte. Les pèlerins sont invités à entrer par la porte Saint-Michel, au fond du sanctuaire : deux cent mètres de marche préparent le cœur. Puis on passe sous les arcades, ornées d’images du Christ, qui figurent comme les “portes” de ce jubilé. La Grotte elle-même est le lieu par excellence du secret, de la prière, de la confidence. Enfin le pèlerin est appelé à se rendre à l’ancien hospice, l’hôpital d’aujourd’hui. C’est dans la chapelle de l’hospice que Bernadette a fait sa première communion, le 3 juin 1858, avant la dernière apparition. « Le parcours du jubilé, souligne Mgr Perrier, ne peut pas s’arrêter à la Grotte : Marie conduit toujours à Jésus. »
« Les hauts-lieux spirituels sont de plus en plus nécessaires, dans un monde de calcul, de paillettes et de violence. Lourdes redonne de l’élan pour affronter la vie », ajoute Mgr Perrier dans son message aux pèlerins. Lourdes fut en août 2004 le dernier voyage de Jean-Paul II. Benoît XVI y est attendu à l’automne n
1 Le choix du cardinal Dias est significatif. Il est chargé à Rome de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, et Lourdes reçoit des visites du monde entier. Il est indien, et les pèlerins indiens sont très nombreux chaque année à venir à la grotte.
Lourdes en chriffres
* 51 hectares, 22 lieux de culte.
* 7 000 bénévoles de l'hospitalité Notre-Dame de Lourdes et 100 000 dans les hospitalités des différents pèlerinages.
* 30 chapelains pour accompagner les pèlerins et délivrer les sacrements de l'Eglise, issus de congrégations et de différents diocèses. 5 communautés féminines sont aussi au service dans les Sanctuaires. Une association de laïcs également.
* 292 salariés permanents et 120 saisonniers dans les 63 services (pastoral, accueil, administration, sécurité, technique).
* Budget : 18 millions d’euros.
* Ressources : 90 % d'offrandes, de dons et legs.
La prière du Jubilé
Pour tant de grâces reçues ici,
pour toutes les conversions,
tous les pardons,
toutes les guérisons,
pour les vocations et les promesses
que tu as confirmées ou que tu as fait naître ici
pour la joie du service que tu nous donnes de goûter,
Notre-Dame de Lourdes,
nous te remercions !
Avec tous nos frères et sœurs humains,
avec les peuples en mal de paix et de justice,
avec les jeunes qui cherchent leur voie,
toi qui t’es montrée toute jeune à la jeune Bernadette,
avec les victimes d’un deuil, d’une maladie,
d’un handicap, d’un échec,
avec ceux qui auraient un motif de désespérer,
Notre-Dame de Lourdes,
nous te prions !
(…)
Notre-Dame de Lourdes,
nous t’admirons,
nous t’acclamons
et avec toi nous chantons les merveilles de Dieu :
Magnificat !