L'inoubliable Noël de la famille Violette
Dans le grand chêne de la prairie de Cielenfleurs règne une agitation sans pareille. À l’approche de la fête de Noël, les trois petits écureuils de la famille Violette sont comme des puces. Encore deux jours à attendre avant de pouvoir enfin ouvrir les cadeaux : une éternité pour Tom, Luisa et Pistache. Papa et maman ont beau tenter de les calmer, rien à faire. La petite maison nichée au creux du vieil arbre est telle une cocotte minute prête à exploser. Il faut dire que l’idée d’installer les paquets au pied du sapin trois jours avant Noël ne fut pas la meilleure intuition des parents, toujours habitués à tout prévoir à l’avance et à tout contrôler. « Si ça continue les enfants, je range tous les cadeaux et ne les sortirai que pour Noël prochain ! », tente de prévenir papa Violette, dépassé par les évènements. Mais hélas pour lui, son avertissement tombe à l’eau. Au lieu d’obéir, Tom, Luisa et Pistache entament une grande danse autour du sapin. Très vite, la folle ronde se transforme en tornade. Et voilà qu’un vase vole en éclats, qu’une lampe s’écrase au sol et que le sapin menace de tomber. « ÇA SUFFIT ! JE QUITTE CETTE MAISON ! », explose maman Violette, d’ordinaire si calme et si douce. Joignant le geste à la parole, elle claque la porte de la maison.
Les enfants sont stupéfaits. Jamais ils n’ont vu leur mère se fâcher ainsi. Les yeux de Tom se remplissent de larmes tandis que Pistache éclate en sanglots. « Il va falloir rattraper la situation », prévient le papa. « Allez ! Mettez vite vos manteaux et vos gants. Nous partons chercher maman ! ».
Dehors, il fait déjà nuit noire. Un froid glacial a recouvert la plaine et les herbes craquent désormais sous l’effet du givre. « Où donc a-t-elle bien pu se réfugier ? », s’inquiète Tom. « Par-là, suivons les traces dans l’herbe », indique le papa écureuil, une lanterne à la main. Une longue marche débute alors dans la prairie silencieuse. L’hiver est si rude cette année qu’aucun animal ne se risque à sortir de nuit.
La petite équipe avance encore dans l’obscurité, quand tout à coup : Pistache aperçoit au loin une lueur. « Là-bas, regardez, derrière la rivière, il y a comme un feu », s’écrit la petite fille. « Il va donc falloir franchir la rivière ! », déclare le papa, sortant de son sac une longue corde. Après deux ou trois essais, il parvient à atteindre la branche d’un arbre arrimé à l’autre rive. « Les enfants, il vous faut être courageux. Chacun à votre tour vous vous élancerez. J’ai confiance en vous », insiste-t-il de sa grosse voix rassurante. Tom est le premier à faire le pas. Mort de trouille, il trouve dans le regard de son père le courage de s’élancer. « Magnifique, Tom ! C’était grandiose », s’écrie le papa en voyant son fils parvenir à l’autre rive. Pistache et Luisa, rassurées par l’exploit de leur frère, s’élancent à leur tour. « Merveilleux ! Je suis fier de vous », exulte l’écureuil, qui lui aussi franchit l’obstacle.
Ragaillardis par leur aventure, les enfants ont retrouvé de l’enthousiasme. Ils filent maintenant vers la lumière. « C’est un grand feu de camp, non ? », s’étonne Pistache en écarquillant les yeux. « Oui ! Mais qui sont tous ces gens autour ? », reprend Tom. « Ah ça, les enfants, c’est à vous de le découvrir ! », murmure le papa, en conduisant sa petite meute jusqu’au campement. « Un cirque !!! Un cirque, papa ! C’est extraordinaire. Je n’en avais jamais vu », tressaille Luisa, qui réalise cependant que sa maman n’est pas là pour se réjouir avec elle. Une petite larme commence à couler sur sa joue. « Allons allons... On va trouver une solution ma chérie. Viens te réchauffer au coin du feu », console le père.
Arrivés au campement, les enfants découvrent les animaux du cirque, un éléphant et deux lions, quatre girafes et un ours. « Mais maman, où est-elle ? », souffle Luisa, reprise par l’émotion. À côté d’elle s’approche un clown. « Joyeux Noël !!! », s’exclame-t-il en ouvrant grand les bras. « Mamaaaaan !!! », s’écrient les trois enfants bondissant vers le clown décidément bien maquillé. « Mais qu’est-ce que tu fais ici ?! », demande Tom, qui ne quitte plus d’un centimètre sa maman. « Eh bien les enfants, nous avions peur avec votre père de vous voir oublier que Noël est le temps de la surprise et de l’essentiel ». « N’est-ce pas ?! », sourit le papa en serrant dans ses bras sa petite famille au complet