L’esprit de Carême
Volontairement, chers amis, le mot esprit désigne ici, à notre intention, une double réalité : celle de l’Esprit Saint qui conduit Jésus à travers le désert pour jeûner et être tenté par le diable , comme le suggèrent les évangélistes (Mt 4,1; Lc 4, 1-2) et celle de l’ esprit de pénitence qui doit nous accompagner tout au long de ce Carême. En fait, les deux significations se rejoignent puisque c’est l’Esprit Saint, âme de toute vie spirituelle, selon saint Antoine lui-même, qui nous conduit, nous aussi, dans le désert, et le désert est un lieu de sécheresse et de mort, synonyme de solitude, mais aussi de dépendance de Dieu, de recueillement, de retour à l’essentiel , en un mot, de conversion, but du Carême (Cf. Jean-Paul II, Message pour le Carême 1998).
Mais cette année, l’Eglise, par la voix du Pape et sur la trace du passage de saint Matthieu : Venez, les bénis de mon Père, parce que j’étais pauvre, exclu, et que vous m’avez reçu ! (Cf. Mt 25, 34-36), attire notre attention sur les pauvretés qui nous entourent et que nous sommes appelés à secourir. Pauvreté de moyens matériels ; pauvreté, tout aussi grave, de nourriture spirituelle, de réponses aux questions essentielles, d’espérance pour l’existence (Jean-Paul II).
Aussi, le Carême devient-il le temps favorable, dans la réflexion et par des actes concrets, pour aller au secours des pauvretés.
La première forme de secours est le souci des pauvres. Ils sont présents partout, en effet. Non seulement dans les pays dits pauvres, mais chez nous, dans nos rues, dans nos immeubles malsains, les bas salaires, les chômeurs de longue durée, les ménages endettés, et dans toutes les formes de pauvreté cachées, que la dignité n’étale pas au grand jour, mais qui n’en sont pas moins réelles et graves.
Mais, précise le Pape, pour déceler ces pauvretés, accueillir les necéssiteux, partager leurs difficultés, les secourir, il faut être pauvre en esprit (Mt 5,3), avoir une attitude spirituelle de disponibilité qui nous fait voir, en chaque pauvre, le Christ, et nous porte à le servir.
Nous avons devant nous l’exemple de François d’Assise qui, dès sa conversion, a soigné les plus pauvres de son temps, les lépreux ; d’Antoine de Padoue qui les a défendus devant les tribunaux ; de tant de témoins actuels, Mère Teresa, l’abbé Pierre, qui ont bouleversé les mentalités pour que les pauvres soient aimés et aidés.
Le Carême aiguise cette sensibilité : la Caritas Antonienne nous aide à la concrétiser.