Les grottes de Lescaux

21 Juillet 2010 | par

Fin d’été 1940, dimanche 8 septembre. Le jeune Marcel Ravidat se promène avec trois amis autour de Montignac, paisible village de Dordogne situé au-dessus de la vallée de la Vézère, au cœur du Périgord noir. Soudain, son petit chien Robot lui fausse compagnie. Ils finissent par le retrouver au pied d’un pin déraciné qui laisse deviner une faille plus importante. Pour en avoir le cœur net, Marcel revient le jeudi suivant, 12 septembre, avec trois autres amis et un matériel sommaire pour explorer les lieux.



Un bestiaire fantastique

Ce qu’ils découvrent à la lumière de leurs bougies les stupéfie : un bestiaire intact, une chevauchée fantastique de taureaux et de chevaux vieille de plusieurs dizaines de milliers d’années. Un véritable choc esthétique. Les jeunes gens alertent l’instituteur qui comprend l’importance de cette découverte et va s’empresser d’en faire part au « pape de la préhistoire », l’abbé Henri Breuil, le plus grand spécialiste français de l’art paléolithique.

Avec ses gros souliers, sa cigarette aux lèvres et son assistante Miss Boyle, une vieille fille anglaise, l’abbé semble sortir tout droit d’une bande dessinée. Il vient visiter le site dès le 21 septembre et commence à effectuer minutieusement les premiers relevés. Pour lui, Lascaux n’est rien moins que « la Chapelle Sixtine » de l’art préhistorique et il va œuvrer pour que cet ensemble pictural soit classé monument historique, ce qui a lieu dès le 27 décembre 1940.



250 mètres de galeries

La grotte s’étend sur 250 mètres de galeries. Elle comprend environ un millier de figures peintes ou gravées qui émerveillent par l’harmonie de leurs couleurs (ocre, rouge et noir) et le mouvement donné aux représentations.

En suivant le “Passage”, on accède à la “Nef” ou “Rotonde des Taureaux”, où se croisent bouquetins, cerfs et bisons. Puis on découvre le “Diverticule des Félins”, où domine la gravure. En revenant sur ses pas, on rejoint “l’Abside” aux centaines de gravures, en majorité de chevaux ou d’aurochs.

Enfin, après quelques mètres de descente, on atteint le “Puits” pour découvrir la fameuse représentation d’un chasseur qui semble succomber à l’attaque d’un bison. C’est la seule représentation humaine que compte Lascaux. Ce qui en relance le mystère.

Il a été démontré que la grotte n’était pas un lieu d’habitation. Selon toute vraisemblance, sa fonction était religieuse, certainement chamanique, permettant aux initiés de rentrer en contact avec les esprits de la nature.

La grotte est inaugurée en 1948. Malgré les précautions prises, les peintures commencent à se détériorer sous l’effet du gaz carbonique et de la pénétration de l’humidité. Elle est définitivement fermée au public en 1963, victime de son succès. Depuis 1983 on peut en visiter un fac-similé (c’est à dire une reproduction à l’identique) : Lascaux II.

Si cette caverne continue à nous passionner aujourd’hui, au-delà de sa beauté et du témoignage qu’elle apporte sur nos ancêtres, c’est aussi parce qu’elle reste le symbole de la naissance de l’art dans le monde. Avec cette découverte, on réalise que les âges préhistoriques avaient eux aussi leurs artistes, capables d’imaginer des œuvres qui répondent à un idéal de perfection et d’harmonie. À ce titre, Lascaux se dresse comme un symbole de l’évolution de l’humanité. 

Updated on 06 Octobre 2016