Les Goums, pour trouver Dieu

24 Juin 2013 | par

À 48 ans, Stéphane de Saint Albin est directeur commercial et marketing. Il est surtout l’heureux papa de six enfants. Une vocation d’époux et de père qu’il a découverte en marchant lors de raids Goums. « C’est au fur et à mesure que je faisais des raids, que j’affinais ma relation avec Dieu, que j’ai compris l’appel qui était le mien. Je suis passé par toutes les étapes habituelles de questionnement, jusqu’au discernement. C’est un des fruits des Goums. »

Stéphane a vingt-deux ans lorsqu’il les découvre. À l’époque, il vient d’arrêter le scoutisme. Et c’est un ancien chef scout qui les lui conseille pour prolonger son expérience scoute. « Il n’a pas eu besoin de m’en parler beaucoup. Le côté aventure m’a tout de suite séduit. C’est un vrai challenge physique, un défi. Et puis la dimension spirituelle était aussi attrayante. Ce premier raid a été une sorte de révélation. C’était un grand bonheur ! »

Depuis, à l’exception d’une période d’expatriation, Stéphane n’a jamais arrêté. Ce temps d’isolement annuel, durant une semaine, lui est nécessaire. « Quand Dieu appelle l’homme au désert, c’est pour l’isoler afin de le rapprocher de Lui. C’est ce que l’on essaie de vivre. On est appelé au désert par le Seigneur pour refaire le lien qui nous unit à Lui, redécouvrir sa présence dans notre vie. »

Un rapprochement qui passe par une certaine pauvreté et une vie simple. Ainsi, seuls deux repas sont pris par jour, le matin et le soir, uniquement composés de riz et de soupe. Quant aux cigarettes, aux téléphones, à l’argent, ils sont bannis.

« Dans notre vie moderne, on est de plus en plus connecté au monde mais d’une manière très superficielle. On est même dépendant d’une information souvent inutile. Au fil du temps, un certain rythme s’installe dans nos vies. Un rythme qui nous empêche de prendre le temps de faire silence, d’écouter. Les Goums, c’est une invitation à débrancher, à prendre le temps d’être. On prend le temps de se mettre à l’écart du monde et de reprendre contact avec notre réalité, notre vérité profonde : nous sommes des corps avant d’être des esprits. »

Les goumiers ont d’ailleurs l’habitude de dire que la spiritualité des Goums commence par les pieds. « Dans un premier temps, c’est la redécouverte d’une réalité physique que la vie moderne, sédentaire, occulte un peu : nous sommes incarnés. Et puis au fur et à mesure du raid, on découvre d’autres aspects : une relation aux autres authentique, respectueuse, notre relation à Dieu, le fait que nous sommes des créatures aimées de Dieu créées par amour. Si on ne prend pas le temps de s’extraire de notre quotidien effréné et frénétique, on perd pied avec cette réalité et avec soi-même. »

Réservés aux adultes, les Goums s’adressent particulièrement aux jeunes de 20 à 35 ans. « Ils finissent leur cycle d’études un peu opprimant, très intense intellectuellement, et ont besoin de respirer, de se poser les bonnes questions. Mais on peut aussi se poser des questions toute sa vie, ou bien, comme c’est mon cas, aimer cette expérience et vouloir la vivre et la faire vivre bien au-delà de 35 ans ! »

Pour partager ce trésor, Stéphane, qui avoue avoir pris toutes les grandes décisions de sa vie lors de raids, est rapidement devenu lanceur de Goums, c’est-à-dire organisateur. « Le rôle du lanceur c’est de mettre la machine en route et de s’effacer. Là encore les Goums sont un cadeau. Voir à la fin du raid des êtres debout, rayonnant d’une foi vivante, c’est merveilleux ! »












F





rance, Italie, Espagne, Bosnie, Turquie, Maroc, Terre Sainte, depuis plus de 40 ans, les Goums arpentent leurs régions les moins peuplées, comme les Causses, l’Aveyron ou bien encore l’Aubrac en France. Au milieu de ces grandes étendues, de ces plateaux désertiques où le regard porte loin, où les formes des paysages sont apaisées, ils vivent pendant une semaine au rythme du soleil, par groupe de vingt, accompagnés d’un prêtre. Chaque matin, la journée commence par le petit-déjeuner, la toilette, puis une heure de méditation suivie de la messe. Six à huit heures de marche débutent alors, boussole à la main. Le soir, les goumiers se retrouvent pour le dîner, une veillée et le coucher à la belle étoile. Communauté fraternelle de gens qui ont marché, vécu la même chose et veulent en faire profiter d’autres, les Goums proposent chaque année une vingtaine de raids. Lancés par Michel Menu en 1969, ils ont séduits plus de 15 000 jeunes. Ils éditent un journal, À la belle étoile, et un site Internet recensant les raids proposés. Au fait, Goum est un très vieux nom moyen-oriental qui signifie… indépendance ! L’indépendance qui permet de retrouver sa relation à Dieu.

Updated on 06 Octobre 2016