Les fiançailles, un temps pour discerner
Tiré du latin confiare qui signifie « confier à » et de fides, « la foi », les fiançailles consistent donc à confier sa foi à quelqu’un d’autre. Il s’agit ainsi d’une déclaration d’intention de mariage. Mais de quel engagement s’agit-il ? D’un engagement irréversible, d’une simple tradition ou d’une véritable étape de préparation et un moyen pour se redécouvrir entre futurs époux ? Quelques mots clés ressortent de l’enseignement de l’Église et nous aident ainsi à mieux comprendre ce temps précieux.
Un approfondissement de la connaissance réciproque
Lors de l’audience du 27 mai 2015, dans le cadre d’un cycle de catéchèses sur la famille, le pape François avait fait un point sur les fiançailles indiquant qu’il s’agissait « d’un temps de connaissance réciproque ». « L’alliance d’amour entre l’homme et la femme, une alliance pour la vie, ne s’improvise pas, elle ne se fait pas d’un jour à l’autre. Le mariage express n’existe pas : il faut travailler sur l’amour, il faut cheminer. » En s’appliquant à décrire ce temps, le Souverain pontife avait ajouté que les fiançailles devaient être affinées au cours du temps, que l’on pouvait les qualifier comme « une alliance artisanale ».
Il s’agit donc d’une union qu’il convient de façonner, d’apprivoiser pour aboutir au sacrement du mariage. Cependant, ce temps ne peut se vivre sans la liberté et sans la foi, selon le pape François qui déclare dans cette même audience qu’il s’agit « d’un miracle de la liberté et du cœur, confié à la foi. »
Le temps des fiançailles est comparable à l’image « d’un orchestre qui s’accorde avant un concert », explique un prêtre qui a accompagné plusieurs fois des fiancés jusqu’au mariage. En effet, il s’agit d’un temps où « les fiancés s’accordent », pour « ne jouer qu’un seul morceau ». Mais atteindre cette belle résonnance, suppose parfois de « chauffer les cordes », c’est « un temps de construction », a-t-il ajouté.
Un discernement de sa vocation au mariage
Le temps des fiançailles peut être considéré comme le discernement en vue du mariage. Cela ne veut pas dire que l’on commence à discerner uniquement à partir des fiançailles, mais que cette période marque le cheminement vers le sacrement qui unit l’homme et la femme. La préparation au mariage est un temps d’échange sur les différents piliers du mariage, les difficultés que l’on peut rencontrer et surtout comment les aborder et apprendre à tout vivre en Dieu pour ainsi se préparer à se donner totalement au sein du mariage chrétien. C’est un chemin non sans embûches mais beau que l’Église propose.
Plus récemment, lors de l’audience du 24 octobre 2018, le pape François a de nouveau invité les fiancés à suivre une vraie préparation au mariage : un authentique « catéchuménat ». « On ne peut pas parler de préparation après trois ou quatre réunions données en paroisse », ça « c’est une fausse préparation ! », s’est-il alors exclamé.
Une période d’attente
Lors de son audience le 27 mai 2015, le successeur de Pierre avait invité les jeunes à attendre et à ne pas « brûler les étapes ». Ils sont ainsi invités à favoriser ce temps qui est un « parcours de maturation ». En cela, on peut rapprocher les fiançailles au temps de l’Avent que le calendrier liturgique nous invite à suivre ces jours-ci.
Pendant l’Avent, on se prépare à recevoir ce Jésus petit enfant dans la crèche, comme un don où Dieu se donne à nous avec toute son humilité et en même temps toute sa grandeur. Pour vivre ce temps, l’Église invite à s’y préparer et à ouvrir son cœur à recevoir Jésus. Il en est de même pour les fiançailles. Il s’agit dans les deux cas d’un temps d’attente et de préparation, car comme le dit saint Paul dans la Lettre aux Corinthiens « l’amour prend patience ».
« L’apprentissage à la fidélité » : voici ce qui ressort du catéchisme de l’Église catholique (CEC) qui explique le temps des fiançailles et leur rôle pour les futurs époux. Les fiancés, souligne le CEC, sont appelés à vivre la chasteté dans la continence. Cette « mise à l’épreuve » doit être pour eux une découverte du respect mutuel, mais également un apprentissage de la fidélité et de l’espérance de se recevoir l’un et l’autre en Dieu. Ainsi, demande le CEC, « ils réserveront au temps du mariage les manifestations de tendresse spécifiques de l’amour conjugal », pour s’aider mutuellement à « grandir dans la chasteté ».
Les fiançailles ne sont pas le mariage
Les fiançailles ne doivent pas être confondues avec le mariage et le rituel actuel insiste sur cela. Ce n’est pas non plus un mariage à l’essai ou un test, mais un temps pour connaître les points essentiels sur lesquels fonder le mariage. Les fiançailles ne sont pas un sacrement mais il s’agit tout de même d’un engagement entre les deux fiancés qui choisissent de cheminer ensemble vers le mariage. Ils demeurent toutefois entièrement libres de se séparer. Il est préférable enfin que les fiançailles ne durent pas trop longtemps, entre six mois et deux ans, bien que cela doive se faire au cas par cas.
Les fiançailles sont également un moment privilégié pour rencontrer les familles réciproques et ainsi mieux connaître les racines de son fiancé. Si elle a lieu, la cérémonie des fiançailles peut être le parfait moyen pour les familles de se rencontrer une première fois.